CAC 40 : priorité aux actionnaires

Oxfam a révélé dans son rapport « CAC 40 : des profits sans partage » un chiffre qui fait mal : en moyenne, entre 2009 et 2016, sur 100 euros de bénéfices engendrés par les entreprises du CAC 40, 67 euros ont été versés directement aux actionnaires, et seulement 5 aux salariés.

La France championne du monde… des dividendes versés

Cette grande générosité à l’égard des actionnaires fait de la France une championne au niveau mondial : aucun autre pays au monde – pas même les Etats-Unis ou le Royaume-Uni – ne voit ses plus grandes entreprises reverser une part aussi importante de ses bénéfices à ses actionnaires, au détriment de l’investissement et des salariés. Oxfam a dressé la liste des entreprises les plus généreuses et le trio de tête est composé par Arcelor, Engie et Veolia dont les pratiques s’inscrivent dans une tendance qui a vu s’accentuer, l’accaparement des bénéfices aux profit des actionnaires. Alors que dans les années 2000, ce taux ne dépassait les 30 %, il est de 66 % en 2016, et illustre le partage inégal de la valeur ajoutée ou comment, du cœur des grandes entreprises prennent naissance les inégalités.

Des dividendes importants en toute circonstance

On pourrait penser que les dividendes versés sont directement liés aux performances économiques des entreprises et qu’ils sont un gage de sa bonne santé économiques. La réalité est tout autre : les actionnaires sont toujours choyés, et passent toujours en priorité, cela même quand l’entreprise a des difficultés.
Ce fut le cas chez Arcelor Mittal, l’entreprise de sidérurgie célèbre pour ses plans sociaux. Alors qu’elle affichait des pertes pendant quatre années de suite (2012 – 2015), elle a continué à verser d’importants dividendes à ses actionnaires.

Des entreprises dont l’Etat est actionnaire, comme Engie et Veolia, ont également attribué des dividendes plus élevés que les bénéfices qu’elles ont réalisés ! En 2016, Engie a versé quinze fois plus de dividendes que ce qu’elle a fait de bénéfices.

Les salariés, grands perdants de ce partage

En 2016, les entreprises du CAC 40 ont reversé près de 15 fois plus de bénéfices à leurs actionnaires (sous forme de dividendes) qu’à leurs salariés (sous forme d’intéressement et participation).

Mais ce partage inégal qui creuse le fossé entre une minorité d’actionnaires privilégiés et les salariés moyens, est loin d’être inéluctable : les entreprises auraient pu choisir de maintenir en 2016 le même niveau de dividendes qu’en 2009 et d’augmenter la rémunération des employés plutôt que celle des actionnaires. L’ensemble des salariés du CAC 40 auraient alors pu voir leurs revenus augmenter d’au moins 14 000 euros en moyenne sur la période, soit plus de 2 000 euros par an et par employé.

Des entreprises fragilisées à long terme

Les salariés ne sont pas la seule « variable d’ajustement » pour rémunérer toujours plus généreusement les actionnaires. La part des bénéfices réinvestis dans les entreprises – pour innover, se développer, acheter de nouveaux équipements – fond aussi comme neige au soleil depuis plusieurs années. Le partage inégal des richesses menace donc la santé économique des entreprises. C’est pourquoi de plus en plus de voix du monde économique et financier y compris des fonds d’investissement, se font entendre pour dénoncer un modèle qui va dans le mur.

Pour faire changer la donne et avoir un meilleur partage des richesses, vous pouvez rejoindre les milliers de personnes qui ont déjà faire entendre leur voix sur www.loi-inégalités.fr

Pour retrouver tous les chiffres de notre rapport, rendez-vous ici.