Covid-19 : Répondre à l’urgence sanitaire en Inde

Oxfam alerte sur l’aggravation de la situation en Inde. Avec près de 350 000 nouvelles contaminations et plus de 3 500 décès par jour à la fin avril, le système de santé indien menace de s’effondrer. Présente en Inde, Oxfam est mobilisée pour aider le gouvernement indien à faire face à la flambée de Covid-19 : achats d’équipements de protection pour les soignants, oxygène, aide au plus vulnérables. A côté de cette mobilisation opérationnelle, Oxfam mène une campagne pour dénoncer les inégalités vaccinales et garantir l’accès universel aux vaccins partout dans le monde.

L’inde confrontée à l’explosion du nombre de cas de Covid-19 et au développement du variant indien

Une situation sanitaire alarmante

Depuis quelques jours le monde est témoin de l’aggravation de la situation en Inde. Comptant près de 1,4 milliard d’habitant.e.s, l’Inde représente aujourd’hui 40 % des nouvelles contaminations mondiales à la Covid-19. En fin avril, le pays faisait face à près de 350 000 nouvelles contaminations et plus de 3 500 décès chaque jour. Au total, le pays, qui est le deuxième pays en nombres de décès derrière les Etats-Unis, a dépassé le seuil des 200 000 morts de l’épidémie. Malheureusement, ces chiffres risquent de continuer à grimper, l’Inde fait face à une véritable catastrophe sanitaire et humanitaire et la découverte d’un variant indien inquiète les scientifiques.

Sur place, la situation est proche de l’effondrement : les malades meurent dans les files d’attente des hôpitaux en raison du manque de lits, d’oxygène et de médicaments. À New Delhi, la ville la plus touchée, les crématoriums sont surchargés et les bûchers funéraires sont allumés par milliers dans les rues. Après l’oxygène qui aurait pu les sauver, c’est le bois pour incinérer les victimes qui vient à manquer.

 

«Les gens sont en train de mourir littéralement dans les rues, dans les parkings ou chez eux. Je ne connais pas une seule famille qui n’ait pas au moins un de ses membres infecté. La flambée des cas de coronavirus a pris le pays au dépourvu. Nous constatons chaque jour des centaines de milliers de nouveaux cas et de nombreux autres décès. Les établissements sanitaires en Inde sont déjà pleins à craquer, sous une énorme pression, et il y a des rapports généralisés de pénuries d’oxygène et d’autres fournitures médicales dans les grandes villes ».
Pankaj Anand, directeur des programmes humanitaires et des programmes.

Oxfam mobilisée pour aider l’Inde à faire face à la flambée de Covid-19

Oxfam Inde a déployé des équipes dans cinq des États les plus touchés, quand une deuxième vague de coronavirus ravage le pays. L’organisation internationale lance aujourd’hui un appel urgent de 2 millions de dollars pour financer sa réponse d’urgence à la crise.

Des équipes ont déjà commencé à fournir des masques, gel antibactérien pour les mains et d’autres équipements de protection dans plusieurs zones du Maharashtra, suite à une demande des autorités sanitaires de l’État. La distribution d’EPI – équipements de protection individuelle – à 500 agents de santé de première ligne commencera dans les prochains jours dans le Maharashtra, Delhi, Karnataka, Uttar Pradesh et Chhattisgarh.

Oxfam Inde achète des réservoirs d’oxygène, des lits, des thermomètres numériques et d’autres équipements médicaux pour aider les hôpitaux publics où les approvisionnements sont désespérément bas. Nous nous préparons également à soutenir la population avec une assistance alimentaire et un aide financière directe, en espèces, aux travailleurs migrants bloqués et à d’autres groupes marginalisés, ainsi qu’avec des postes de lavage des mains dans les espaces publics.

 

« Notre priorité immédiate est de fournir aux hôpitaux et aux agents de santé du matériel médical et des EPI – équipement protection individuelle – afin qu’ils puissent continuer à traiter les malades. Mais pour éviter une pire catastrophe humanitaire, il est vital que nous arrêtions la propagation et nous préparons également des stations de lavage des mains et des campagnes de sensibilisation pour aider les gens à rester en sécurité. Nous sommes particulièrement préoccupés par les travailleurs migrants et les autres groupes marginalisés qui risquent de tomber dans une situation d’extrême vulnérabilité, et qui seront les plus durement touchés par les limitations de déplacement et le choc économique. Oxfam Inde se prépare à fournir une assistance alimentaire directe, et en espèces avec des bons, pour aider les personnes les plus vulnérables à survivre dans les semaines à venir»
Amitabh Behar, directeur d’Oxfam en Inde

Urgence sanitaire en Inde

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L’urgence d’un vaccin accessible pour tou-te-s

La situation en Inde illustre l’urgence de garantir l’accès aux vaccins à toute la planète. Depuis un an Oxfam mène une campagne mondiale en faveur de l’accès aux vaccins. Oxfam dénonce un « apartheid » vaccinal. Actuellement, plus de 80% des doses sont administrées dans les pays riches, quand moins de 2% des doses sont administrées sur le continent africain.

Vacciner l’ensemble de la planète au plus vite, une nécessité

A cause de l’inégale répartition des doses de vaccins, les pays riches sont en train d’avancer vers une importante couverture vaccinale de leur propre population. Or les inégalités vaccinales sont un non-sens sanitaire. Oxfam a mené une étude auprès d’épidémiologistes du monde entier, la grande majorité d’entre eux nous alertent : nous n’avons qu’un an, sinon moins, pour vacciner l’ensemble de la planète et atteindre une immunité collective à l’échelle mondiale. Car le virus risque de continuer à se propager dans des régions du monde peu couvertes par la vaccination, entrainant l’apparition de mutations résistantes aux vaccins existants. Tous les pays, y compris les plus riches ayant déboursé des sommes importantes pour le développement et le déploiement des vaccins, seraient alors contraints de repartir de zéro et vacciner à nouveau leur population.

Un système de production des vaccins monopolisé par les géants de l’industrie pharmaceutique.

Les groupes pharmaceutiques ayant développé les vaccins anti-covid jouissent d’un monopole sur la production de vaccins grâce aux droits liés à la propriété intellectuelle. Actuellement, des producteurs en capacité de contribuer à l’ « effort de guerre » ne pourraient pas produire des vaccins en raison des brevets et autres droits liés à la propriété intellectuelle détenus par les laboratoires pharmaceutiques. Ces derniers ont le champ libre pour fixer les règles du jeu et décider qui a accès aux vaccins et à quel prix. Ces obstacles juridiques et ces monopoles sont insensés en période de pandémie, notamment au regard de la situation catastrophique en Inde.

Alors que la pandémie a couté la vie à plus de 3 millions de personnes dans le monde et que les efforts pour réduire l’extrême pauvreté risquent d’être balayés, Oxfam a calculé que Pfizer, Johnson & Johnson et Astra Zeneca ont versé 26 milliards à leurs actionnaires au cours des 12 derniers mois.

L’inde, la « pharmacie du monde », demande la levée des barrières liées à la propriété intellectuelle

En octobre dernier l’Inde et l’Afrique du Sud ont déposé à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) une demande de dérogation aux règles liées à la propriété intellectuelle sur les produits nécessaires pour lutter contre la Covid-19. Depuis, les deux pays ont été rejoint par une centaine de pays du sud, notamment l’ensemble du bloc africain. Cette demande de dérogation est toujours bloquée par les pays riches, défendant les intérêts de l’industrie pharmaceutique.

 

« L’Inde est la « pharmacie du monde » et pourtant elle est à bout de souffle. Ça n’est pas acceptable. L’Inde a besoin de l’aide du monde maintenant – avec une aide, des ressources et une assistance internationale – mais elle a également besoin de la liberté de libérer sa propre puissance pharmaceutique pour produire des vaccins Covid et de ne pas être liée par les brevets, les licences et les accords qu’elle a dû conclure avec le grandes sociétés pharmaceutiques ».
Amitabh Behar, directeur d’Oxfam en Inde.

 

Le 15 avril dernier, plus de 170 ancien-ne-s chef-fe-s d’Etat et prix Nobel, dont François Hollande, Gordon Brown, Françoise Barré-Sinoussi, Joseph Stiglitz ont adressé une lettre au président américain Joe Biden pour l’encourager à soutenir la demande de l’Inde et de l’Afrique du Sud à l’OMC.

Les demandes d’Oxfam France pour un vaccin pour toutes et tous

La France qui a été au cœur de la mobilisation internationale pour faire face à la pandémie n’est pas à la hauteur. D’une part elle continue à défendre les intérêts de l’industrie pharmaceutique en s’opposant à la levée des brevets, d’autre part elle ne participe pas à sa juste part en matière de solidarité internationale.

La situation en Inde démontre que la communauté internationale doit agir vite.

Oxfam France demande à Emmanuel Macron de :

  • Lever les barrières juridiques liées à la propriété intellectuelle et les monopoles industriels, pour qu’aucun obstacle ne soit fait à l’augmentation de la production des vaccins et autres produits médicaux essentiels contre la Covid-19. La France peut ainsi soutenir la demande de dérogation portée par l’Inde, l’Afrique du Sud et une centaine d’autres pays au sein de l’OMC.
  • Une fois ces barrières levées, contribuer à identifier les capacités de production sous-exploitées à l’échelle mondiale et organiser dans de bonnes conditions le transfert de technologies et des savoir-faire. La France peut ainsi soutenir le mécanisme existant au sein de l’OMS en faveur de la mutualisation des technologies (C-TAP) et contribuer au renforcement durable des capacités de production dans les pays à faible revenu.
  • Contribuer à sa juste part à l’Act-A. La France a été au cœur de la création de ce mécanisme de solidarité internationale. Or actuellement l’Act-A souffre d’un manque de financement de 22 milliards de dollars, entravant l’atteinte de sa mission. La France ne contribuant qu’à hauteur de 15% de ce qu’on attend d’elle, loin derrière l’Allemagne et le Royaume Uni. La France doit également peser au sein de sa gouvernance pour améliorer la transparence et l’efficacité du mécanisme.

Urgence sanitaire en Inde

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