Crises alimentaires : la faim dans le monde progresse toujours
65 millions de personnes supplémentaires ont été poussées vers une famine extrême depuis l’année dernière,« une honte pour notre humanité collective », selon Oxfam. 

Le rapport mondial sur les crises alimentaires (Global Report on food crises) publié aujourd’hui par le Réseau d’information sur la sécurité alimentaire (FSIN) indique que 258 millions de personnes dans 58 pays souffrent maintenant de faim aiguë – soit 65 millions de personnes de plus (soit une hausse de 34%) que  l’année dernière. 

C’est la cinquième année consécutive que la faim progresse. C’est une honte pour notre humanité collective après des décennies de progrès, perdues en raison de conflits, des chocs économiques et de la crise climatique. 

En Afrique de l’Est seulement, plus de 36 millions de personnes se trouvent dans une situation de faim extrême, soit l’équivalent de la population du Canada. Dans le même temps, 95 multinationales de l’agroalimentaire et de l’énergie ont réalisé des bénéfices exceptionnels de 306 milliards de dollars. Nous sommes dans un système complètement absurde qui affame les plus pauvre et récompense les plus riches. 

Pourquoi la faim dans le monde augmente ?

  • Le manque de ressources en eau
  • La multiplication des événements climatiques extrêmes
  • La guerre en Ukraine
  • Un système agricole défaillant qui renforce les inégalités

Les raisons de la multiplication des crises alimentaires

Le manque d’eau

90% des puits de forage en Somalie, dans le nord du Kenya et au sud de l’Ethiopie se sont entièrement asséchés. La sécheresse persiste pour la sixième saison consécutive et le prix de l’eau dans certaines régions à grimpé de 400% depuis 2021. Les habitant·e·s ont perdu leurs récoltes et leur bétail (la sécheresse a tué 13 millions de bêtes). 

La multiplication des évènements climatiques extrêmes

Les évènements climatiques extrêmes s’intensifient et se multiplient partout dans le monde. C’est dans les régions les plus pauvres du monde que ces phénomènes extrêmes ont le plus de conséquence, provoquant une augmentation de la faim, de la pauvreté et également de la mortalité. Par exemple, au Soudan du Sud, 4 années d’inondations record ont provoqué une aggravation rapide de la faim. 

> Tout comprendre des évènements climatiques extrêmes 

La guerre en Ukraine

Le conflit en Ukraine a engendré une hausse soudaine des prix des denrées alimentaires, des engrais et de l’énergie, contribuant elle-même à l’augmentation des prix. Les denrées alimentaires sont ainsi devenues inaccessibles pour des millions d’habitant.es dans les pays les plus pauvres.

Un système agricole défaillant renforçant les inégalités

Le système agroalimentaire actuel est basé sur la domination du modèle industriel friand en énergies fossiles, et concentre les richesses entre les mains d’un petit nombre d’acteurs, laissant pour compte les plus petits producteurs. En conséquence, l’agriculture familiale, mise en concurrence par des exploitations de taille industrielle et ultra-subventionnées est souvent écrasée par le marché, touchée par la pauvreté et entrainée malgré elle dans un système qui contribue à aggraver la crise climatique.

 

Quelles solutions pour lutter contre la faim dans le monde ?

Un système humanitaire à l’écoute des besoins

Il est urgent et fondamental de changer notre système humanitaire si nous voulons  freiner l’accélération de la crise alimentaire. Les fonds doivent être utilisés pour équiper les pays pauvres à se préparer et à faire face aux chocs économiques et climatiques récurrents avant qu’ils ne se produisent, et les donateurs riches doivent injecter immédiatement de l’argent pour répondre à l’appel de l’ONU. Aujourd’hui nous en sommes bien loin. En 2022, à peine 62 % des besoins de financements humanitaires estimés par l’ONU ont été comblés dans les régions du Sahel et de la Corne de l’Afrique pour faire face aux crises alimentaires, contexte dans lequel la France ne fournit pas sa juste part, n’ayant financé que 1,2 % de la somme totale. La France doit doubler son aide humanitaire pour la porter à 1 milliard d’euros dès cette année 2023, en s’assurant qu’au moins la moitié réponde aux crises que traversent les régions du Sahel et de la Corne de L’Afrique. Face à cette situation, Oxfam France se mobilise pour inciter le gouvernement à répondre à ses responsabilités ! 

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Se tourner vers des pratiques agricoles plus justes

Nous avons un besoin urgent de changer le système agro-alimentaire pour des pratiques agricoles plus justes, durables et résilientes, dont l’agroécologie représente la meilleure alternative. L’agroécologie est un modèle qui participe à une plus grande justice sociale en remettant les paysannes et paysans au cœur du système de production et leur permet de se réapproprier tant les savoirs que les outils de production. Économiquement viable, elle leur assure une meilleure rémunération et permet d’augmenter les rendements agricoles dans une logique de cercle vertueux. Elle permet d’économiser les ressources naturelles et de préserver la biodiversité, dont les services rendus sont indispensables à l’agriculture. Enfin ce modèle est un secteur dont la croissance s’est révélée 2 à 4 fois plus efficace pour réduire la faim et la pauvreté que n’importe quel autre secteur. 

 Les solutions sont devant nous et il ne manque que le courage politique de les appliquer.