Emmanuel Macron : où sont les 6 milliards pour la solidarité internationale ?

Emmanuel Macron s’est engagé à affecter 0,55 % de la richesse nationale à l’aide au développement. Mais pour tenir cette promesse, il lui manque 6 milliards d’euros – il lui faut mettre la finance au service de la solidarité internationale.

La France à la traine en matière de solidarité internationale

La France, comme d’autres pays riches, s’est engagée devant l’ONU, dans les années 1970, à allouer 0,7 % de sa richesse à l’aide au développement (APD). Concrètement, cette aide sert à financer, sur le terrain, l’accès aux services essentiels : éducation, santé, eau potable, etc. ou l’aide humanitaire face à des épisodes de famines, de conflits ou de crises climatiques. C’est donc un outil essentiel pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.

Le Royaume-Uni et l’Allemagne ont atteint l’objectif des 0,7 %, alors que la France est à la traine avec seulement 0,38 % du Revenu national brut (RNB) alloué à l’aide internationale. Début juillet, le Président de la République, Emmanuel Macron s’est engagé à affecter 0,55 % du RNB à l’aide au développement d’ici 2022, ce qui constitue un premier pas vers la réalisation de la cible des Nations Unies. Pour pouvoir l’honorer, le montant de l’APD devrait atteindre 15 milliards d’euros, contre 9 milliards actuellement.

Mais le budget 2018 (projet de loi de finance) présenté par le Gouvernement fin septembre est loin de mettre la France sur la voie des 0,55 %. En effet, il consacre une hausse d’à peine 100 millions d’euros du budget de l’aide internationale alors qu’il manque 6 milliards d’euros à la France pour atteindre l’objectif des 0,55 %.

Oxfam France, avec une coalition de 9 ONG (Action contre la faim, Action santé mondiale, CARE France, la Coalition Eau, la Coalition Education, Coordination SUD, ONE, Oxfam France, le Printemps solidaire, le Réseau Action Climat) a lancé début octobre une campagne d’interpellation des députés sur le site Merci d’Avance. Des milliers d’interpellations ont été envoyées aux parlementaires, dont certains ont soutenu notre proposition. Malgré cela, les députés n’ont pas voté pour une hausse de l’aide au développement lors de la première lecture du budget 2018.

Aujourd’hui, ce budget est discuté au Sénat – mais le Gouvernement peut toujours intervenir en proposant aux parlementaires d’augmenter l’aide au développement, via un amendement gouvernemental. C’est pourquoi nous continuons de faire pression sur le Gouvernement sur notre plateforme Merci d’Avance et sur Twitter. Et nous avons même une solution pour trouver les 6 milliards d’euros manquants à Emmanuel Macron pour tenir sa promesse.

Mettre la finance au service de la solidarité

La taxe sur les transactions financières, sur laquelle Oxfam France travaille depuis 2011, pourrait rapporter 10 milliards d’euros, et donc permettre de financer les deux tiers de l’aide publique au développement. Aujourd’hui, elle ne contribue à la solidarité internationale qu’à hauteur de 800 millions d’euros.

Pour une taxe sur les transactions financières ambitieuse, trois conditions doivent être réunies :

Taxer toutes les opérations financières, y compris les opérations intra-journalières qui sont parmi les plus spéculatives

Augmenter le taux de taxation de ces opérations de 0,3 % actuellement à 0,5 % dès 2018

Affecter 100 % des recettes pour la solidarité internationale et le climat, au lieu de 50 % seulement aujourd’hui

Nous appelons donc les parlementaires, députés comme sénateurs, et le Gouvernement à s’engager en ce sens. La finance pourrait être au service de la solidarité grâce à la taxe sur les transactions financières. Pour vous mobiliser à nos côtés, relayez nos messages sur Twitter et interpellez vos députés sur la plateforme Merci d’Avance !