En pleine crise mondiale, les acteurs de la solidarité fragilisés mais plus que jamais mobilisés

La crise du coronavirus, le confinement d’une grande partie de la population mondiale qu’elle a entrainé et ses conséquences économiques, ne sont pas sans effet sur le secteur associatif dans son ensemble. Un moment paradoxal, où les acteurs de la solidarité se retrouvent fragilisés, alors même que les besoins sont chaque jour plus importants. Comme beaucoup d’associations à travers le monde, la confédération Oxfam doit faire face à une baisse de ses ressources au niveau mondial. Une baisse qui oblige à faire des choix, toujours guidés par la mission première de l’organisation : aider les populations les plus fragiles et défendre leurs droits, le plus efficacement possible. Et à redoubler d’efforts, car les besoins sont criants : la solidarité et le pouvoir citoyen doivent guider la construction du monde de demain.

Face à la crise du coronavirus, le secteur associatif fragilisé mais plus que jamais mobilisé

Nous le savons : le coronavirus et toutes ses conséquences auront un impact sur l’ensemble des secteurs de nos sociétés, à court, moyen, voire long terme. Le secteur associatif ne fait malheureusement pas exception. Paradoxalement, le monde entier fait face à une crise sanitaire, sociale et économique majeure, tandis que les acteurs associatifs, en première ligne de la solidarité, sont fragilisés et pourtant plus que jamais nécessaires.

Des conséquences au niveau mondial

Une étude américaine de la « Charities Aid Foundation »,  réalisée du 30 avril au 6 mai auprès de 880 organisations dans 122 pays (dont 286 organisations européennes), montre ainsi que 94% d’entre elles déclarent avoir subi des effets négatifs liés à la crise du Covid-19 (baisse des dons, hausse des coûts…).

15% des organisations interrogées ont été contraintes de suspendre leurs activités, tandis que 60% d’entre elles se sont vues contraintes de réduire le nombre ou l’ampleur de leurs programmes. Presque la totalité d’entre elles prévoient d’ores et déjà que cette baisse de ressources se poursuive sur l’année à venir.

Les associations françaises directement impactées par la crise du coronavirus

En France, le Mouvement Associatif, qui porte la voix de plus de 700 000 associations en France, a réalisé une étude similaire, sur l’impact du coronavirus sur les associations françaises.  Cette étude se base sur la réponse de plus de 16 000 responsables associatifs :

  • 55% des associations prévoient des conséquences économiques de la crise dans les 6 mois à venir, notamment une baisse de leurs ressources, des difficultés de trésorerie, la baisse des aides publiques et des subventions, et une baisse des aides privées.
  • 70% ont dû suspendre leurs activités habituelles.

Les risques identifiés sont encore plus élevés par les associations employeuses. On en compte 170 000 en France, qui emploient aujourd’hui plus d’1,8 million de personnes (soit 10% des salarié-e-s du secteur privé).

De tels impacts ne sont pas sans conséquences. En effet, derrière les 1,5 million d’associations que compte la France, ce sont des centaines de millions de personnes bénéficiaires et des emplois qui permettent cela. Ce sont aussi autant de voix fortes pour dénoncer des situations injustes et inacceptables. Des voix plus que jamais nécessaires au fur et à mesure que la crise évolue et que des décisions s’imposent pour y répondre – au profit de toutes et tous ou d’une ultra-minorité privilégiée.

Au cœur de la crise actuelle, par l’ensemble de leurs actions, les associations ont ainsi rappelé – s’il en était encore besoin – leur rôle essentiel dans nos sociétés.

Au niveau mondial, la confédération Oxfam face aux mêmes difficultés

Oxfam est une confédération mondiale, forte de 20 affiliés (comme Oxfam France) à travers le monde. La confédération Oxfam mène ses actions de concert, tant sur le plan humanitaire que pour ses actions de recherche, de plaidoyer, d’information et de mobilisation citoyenne.

Pour ce faire, elle met en commun une partie de ses ressources et de ses équipes, notamment pour répondre aux urgences humanitaires, dans un souci d’efficacité, afin de soutenir le plus grand nombre de personnes, le plus rapidement possible.

Face à la crise mondiale du coronavirus, c’est l’ensemble de la confédération Oxfam qui se mobilise, tout en faisant dans le même temps face à des conséquences financières dans de nombreux pays où elle est présente.

Fermeture des magasins, annulations des Trailwalker : un impact direct sur nos ressources à travers le monde

Dans de nombreux pays, les magasins de seconde main Oxfam constituent une source de financement majeur. On en compte près de 700 en Angleterre, et un grand nombre en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Australie, ainsi que 6 en France. Les mesures de confinement, imposées dans de très nombreux pays du monde, ont entrainé leur fermeture. Ils réouvrent aujourd’hui progressivement ! Ces fermetures ont eu pour conséquence de réduire les ressources financières de différents affiliés Oxfam et donc, par conséquence, de l’ensemble de la confédération.

Les mesures de confinement ont également entraîné l’annulation d’un certain nombre de Trailwalker Oxfam, organisés dans 9 pays. Source de mobilisation et de collecte de fonds, ces annulations entraînent là-encore une baisse des ressources financières. En France, le Trailwalker de Dieppe, qui devait être organisé les 4 et 5 février 2020 a dû être annulé. Le Trailwalker d’Avallon a quant à lui été reporté, les 12 et 13 septembre prochains. Et les équipes de marcheuses et marcheurs répondent présentes, pour porter tout au long des 100 km de ce défi extraordinaire les valeurs et les combats d’Oxfam France.

Enfin, la période a été marquée par une baisse des dons des particuliers dans certains pays, du fait de l’impact économique de la crise sur la population, mais aussi de l’arrêt des activités de collecte de rue ou en porte-à-porte du fait des mesures de confinement. Cette baisse suit par ailleurs une tendance de fond plus globale, identifiée dans certains pays.

Oxfam redouble d’effort face à l’ampleur des besoins

Dans le même temps, la crise actuelle accentue les besoins à travers le monde, pour soutenir les populations les plus vulnérables, encore plus fragilisées, endiguer la propagation de l’épidémie, et porter des solutions politiques urgentes et de long terme absolument essentielles.

Dès le début de l’épidémie de Covid-19, Oxfam s’est mobilisée auprès des populations les plus fragiles,  pour leur donner les moyens de se protéger de l’épidémie : accès à l’eau potable, à des kits d’hygiène et du savon, installation de stations de lavage des mains, apprentissage des gestes barrières… Oxfam a également augmenté ses actions afin de soutenir celles et ceux que la faim et la perte de moyens de subsistance menacent tout autant, si ce n’est plus, que la pandémie : distributions de nourriture, de semences, soutiens financiers directs…

La voix d’Oxfam est tout aussi essentielle en cette période où des décisions majeures sont prises, qui définiront le visage de nos sociétés pour les années à venir. Dans ce contexte, Oxfam a défendu des mesures essentielles : 

Les conséquences à moyen terme de la crise  sur les actions d’Oxfam

Comme chaque association, Oxfam a une responsabilité : s’assurer de poursuivre la mission qui a prévalu à sa création, de manière efficace, pertinente, juste et en adéquation avec les valeurs qui sont celles de l’organisation et de toutes les personnes qui la porte et la soutienne.

Face à la baisse de ses ressources financières, entraînée par la crise du coronavirus, la confédération Oxfam a travaillé de concert pour prendre les mesures nécessaires pour y faire face.

Maintenir nos activités humanitaires et de développement dans 48 pays

En plus de la présence de ses affiliés dans 20 pays, la confédération Oxfam mène actuellement des programmes humanitaires et de développement dans 66 pays, en lien avec 1 900 organisations partenaires.

Dans le contexte actuel, Oxfam a décidé de restreindre ses actions à 48 pays, en organisant progressivement la fin de ses activités dans 18 pays où elle est actuellement présente. Au total, ces changements impacteront le travail de 1 450 personnes, sur les 5 000 personnes œuvrant sur la totalité des programmes humanitaires de la confédération Oxfam.

De par la mission première qui est la sienne, ces choix sont bien sûr extrêmement difficiles pour Oxfam. Ils sont pourtant aujourd’hui nécessaires. Pour faire face à la situation financière actuelle, mais aussi pour accroître l’efficacité de ses actions dans les pays où la confédération poursuit son travail.

Bien sûr, dans les 18 pays concernés (la Thaïlande, l’Afghanistan, le Sri Lanka, le Pakistan, le Tadjikistan, Haïti, la République dominicaine, Cuba, le Paraguay, l’Égypte, la Tanzanie, le Soudan, le Burundi, le Rwanda, la Sierra Leone, le Bénin, le Libéria et la Mauritanie), aucune activité ne prendra fin du jour au lendemain. Les activités en cours iront à leur terme, pour tenir les engagements pris, mais surtout, pour préparer la suite et accompagner tous les partenaires locaux avec lesquels Oxfam travaille de longue date. Notre priorité reste la même : tout mettre en œuvre pour soutenir au mieux les populations les plus fragiles.

Là où cela est nécessaire, le travail se poursuivra avec les partenaires locaux d’Oxfam, même sans présence directe des équipes de la confédération dans le pays. La volonté d’Oxfam est claire : le fait que ses équipes ne soient plus présentes dans un certain nombre de pays ne signifie en aucun cas qu’elle n’y soutiendra plus les communautés locales et les mouvements sociaux, en travaillant notamment avec ses partenaires et les collectifs locaux.

La confédération Oxfam a souhaité également se donner les moyens de poursuivre et de renforcer son action sur des crises actuelles majeures, comme au Yémen, en Syrie, ou encore en Afrique de l’Ouest, tout en poursuivant et renforçant encore son action face à toutes les conséquences – de court et long terme – de la crise sanitaire actuelle.

L’effort pour atténuer l’impact financier de la crise actuelle est porté collectivement, à tous les niveaux : arrêt des recrutements, gel des salaires et des formations, réduction drastique des déplacements … C’est une confédération unie et déterminée qui fait face à cette situation, entraînée par une crise inédite dont chacun-e, dans chaque secteur, subit les effets. 

Une restructuration des activités d’Oxfam pensée de longue date, face à l’évolution du monde et de son rôle

A l’heure où les besoins sont croissants, et risquent de l’être plus encore dans les temps à venir, se voir contrainte de restreindre ses activités est une décision extrêmement difficile pour l’ensemble de la confédération Oxfam. Pour une organisation comme la nôtre, la décision la plus difficile est de ne pas agir, ou de faire moins.

Néanmoins – et heureusement – cette décision n’est pas seulement le fait des circonstances actuelles, mais s’inscrit dans une évolution souhaitée et pensée de longue date de l’ensemble de la confédération. Ce travail a commencé en 2018, pour repenser la façon dont la confédération agit et où, dans un monde dont les besoins et les acteurs évoluent rapidement. Appuyer le rôle des organisations locales, soutenir en priorité le travail de partenaires locaux renforcés au cours des années, tout en augmentant l’efficacité de ses actions mondiales contre les causes profondes de la pauvreté et des inégalités : voilà la feuille de route établie pour la confédération Oxfam depuis 2 ans maintenant.

Cette évolution, c’est également continuer de développer le nombre d’affiliés Oxfam dans de nombreux pays, pour rendre notre mouvement citoyen le plus global et représentatif possible. Comme au cours des années précédentes, ce développement se fait en direction de pays dit « du Sud » : l’Inde, le Mexique, le Brésil, l’Afrique du Sud et la Turquie sont ainsi les plus récents affiliés de la confédération Oxfam. Pour les années à venir, la confédération travaille déjà pour qu’aux Philippines, en Indonésie, au Sénégal, dans la région Pacifique, au Kenya et en Colombie, de nouveaux affiliés voient le jour.

Les circonstances nous obligent à agir plus vite que ce que nous avions prévu. Mais notre volonté reste inchangée : celle d’agir auprès du plus grand nombre, mus par un souci d’efficacité et de pertinence de toutes nos actions.

La générosité et le soutien du public au rendez-vous

Depuis le début de la crise du coronavirus, en France, vous avez été nombreuses et nombreux à soutenir nos actions, en faisant un premier don ou en renouvelant votre soutien, en devenant donatrice-eur régulier-e, en augmentant le montant de vos dons à Oxfam France, en donnant des articles à nos magasins qui viennent de ré-ouvrir ou en y faisant des achats, ou encore en relevant le défi du Trailwalker, reporté en septembre.

La générosité du public constitue notre principale source de financement. Nos ressources sont dédiées à nos actions et aux emplois qui les rendent possibles. Pas de profits à préserver, pas de dividendes à verser coûte que coûte. C’est pourquoi, face à une baisse de nos ressources, nos activités sont directement impactées.

Mais nous nous battons, jour après jour, grâce et avec vous, pour maintenir la solidarité à son plus haut niveau, pour faire en sorte que la pauvreté et les inégalités ne gagnent pas de terrain, pour changer le plus de vies possibles, dès aujourd’hui et pour longtemps, en défendant un modèle de société plus juste, durable et solidaire.

A chacun-e de vous, nous vous disons un immense MERCI. Comme de très nombreuses personnes en France, vous témoignez de toute la solidarité et de l’engagement qui nous anime et constitue le meilleur de notre humanité. Vous rendez chacun de nos – nombreux – combats possibles.

MERCI !

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