COP22 à Marrakech : l’heure du bilan

Le samedi 19 novembre, à 2 heures du matin, le coup de marteau marquant la clôture de la 22e Conférence internationale sur le climat (COP22) – qui avait été annoncée comme celle de l’action et de la mise en œuvre de l’Accord de Paris – a retenti à Marrakech. Dans un contexte incertain suite à l’élection américaine, les pays en développement avaient lancé un appel à l’action. Mais les pays riches ont préféré faire la sourde oreille et ignorer le besoin criant de nouveaux financements pour soutenir les populations les plus vulnérables face au changement climatique.

Financements climat : une COP sans réelles décisions

 « Les pays développés sont venus les mains vides » déclare Armelle Le Comte, chargée des questions climat et énergie pour Oxfam France. 

Malgré quelques annonces financières, notamment pour le Fonds pour l’adaptation [1], les pays riches n’ont pas réussi à combler les lacunes de l’Accord de Paris, laissant les pays pauvres et vulnérables sans réponse quant au soutien financier – indispensable – qu’ils pouvaient espérer. Selon la « feuille de route »publiée par les pays développés quelques semaines avant le début de la COP22, , d’ici 2020 seuls 20 % des 100 milliards de dollars qu’ils avaient promis en 2009 serviront à aider les pays les plus pauvres à s’adapter à la montée du niveau des mers, aux sécheresses et aux tempêtes inévitables.

Mais ces chiffres restent trop faibles face aux besoins réels sur le terrain : le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) estime que d’ici 2030, les coûts de l’adaptation pourraient atteindre entre 140 et 300 milliards de dollars.

De plus ils ne répondent pas à la nécessité d’un «équilibre », comme stipulé dans l’Accord de Paris, entre le financement de l’adaptation et le financement des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Ce que vous devez retenir

Même si le résultat de l'élection américaine a jeté une ombre sur les négociations, le reste du monde reste engagé et la COP22 a réaffirmé le fait que l’Accord de Paris s’inscrira dans la durée. L’ensemble des pays a signé la « Proclamation de Marrakech », confirmant leur volonté de lutter contre le changement climatique et « d’inspirer la solidarité, l'espoir et les opportunités pour les générations actuelles et futures ».

Les pays en développement ont montré le chemin. La Chine et de nombreux autres États ont réaffirmé leur soutien à la lutte contre le changement climatique, et les membres du Climate Vulnerable Forum – réunissant 47 des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique – se sont engagés à 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050.

Une réduction plus importante des émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années demeure incertaine. Si rien n’est fait, le monde risque de rester sur la trajectoire d’un réchauffement de plus de 3 °C, loin de l’ambition de l’Accord de Paris de le limiter à 1,5 °C.

Les Fidji, pays exposé aux effets du changement climatique, prennent le relais et présideront la COP23 de l’année prochaine. Oxfam espère qu’en 2017, la « COP du Pacifique » attirera l’attention du monde entier sur les risques encourus par les petites îles du Pacifique et partout dans le monde, et poussera les pays riches à mobiliser les fonds dont les plus vulnérables ont besoin.

Nous ne pouvons plus revenir en arrière

Renforcer les mécanismes de résilience aux catastrophes naturelles pour les populations les plus vulnérables est indispensable si l’on veut pérenniser les efforts fait depuis des années en faveur du développement et de la lutte contre la pauvreté. Il s’agit de fournir des semences aux agricultrices africaines pour que celles-ci puissent cultiver des variétés résistantes à la sécheresse et nourrir leurs familles. Il s’agit de construire des digues pour que les populations côtières puissent survivre à la hausse du niveau des mers. Il s’agit pour nous toutes et tous de faire entendre notre voix et de réclamer des actions concrètes pour les millions de personnes qui, confrontées à des conditions météorologiques extrêmes, ne peuvent plus se permettre d’attendre.

Nous avons déjà obtenu plus de 25 000 signatures à travers le monde, pour demander aux gouvernements et aux chefs d’Etats de se mobiliser pour débloquer les financements nécessaires aux populations les plus vulnérables au changement climatique et nous continuerons de nous battre pour préserver les avancées accomplies jusqu’à présent dans la lutte contre le changement climatique!