Etre acteur à part entière sur des questions de société

Jean-Christophe a rencontré Oxfam France sur les chemins du Trailwalker. Depuis, son engagement au sein de l’association est croissant, dans l’objectif de parvenir, à terme, à éradiquer l’extrême pauvreté. Il revient sur son expérience avec Oxfam France et sa vision du pouvoir citoyen. Pouvoir se forger une opinion personnelle et devenir un acteur à part entière sur des questions de société, tels sont les maîtres mots de son engagement.

J’ai rencontré Oxfam sur les chemins du Trailwalker

Je connaissais bien sûr Oxfam au travers des médias, au fil de ses rapports qui en faisait la Une. Depuis quelques années, on entend beaucoup parlé du rapport sorti au moment du Forum de Davos.

Mais ma rencontre avec l’association s’est réellement faite via le Trailwalker Oxfam. J’avais pris l’habitude, avec un collègue, de faire des marches un peu longues, de 50 km environ. Comme il trouvait que ce n’était pas assez, on s’est lancé dans le défi des 100 km d’Oxfam France ! Le fait que ce défi sportif permette de soutenir les actions d’Oxfam n’a fait que renforcer ma motivation.

Cette rencontre date de 2016. En rentrant de ce premier Trailwalker, j’ai su que j’y retournerais tous les ans. Alors, l’année d’après, j’ai chaussé la tenue des bénévoles, pour le vivre différemment, en coulisses. Ce week-end a été marqué par des rencontres mémorables, avec les autres bénévoles, avec l’équipe salariée d’Oxfam France. J’y ai retrouvé cette ambiance propre au Trailwalker, ou plutôt, propre à l’Oxfamily !

On y va parce que l’on y croit, on sait que l’on pourrait bien arriver, ensemble, à réaliser quelque chose d’extraordinaire, que ce soit finir les 100 km de marche ou abolir la pauvreté.

J’ai tenu ma promesse : pas une année ne passe sans que je me joigne à cette aventure ! Le Trailwalker est une somme de personnes, marcheurs, marcheuses, bénévoles, supporters et supportrices, qui viennent pour soutenir une cause, sans rien avoir à gagner. On y va parce que l’on y croit, on sait que l’on pourrait bien arriver, ensemble, à réaliser quelque chose d’extraordinaire, que ce soit finir les 100 km de marche ou abolir la pauvreté.

Oxfam répond à ma volonté d’agir sur les causes des problèmes

Après avoir participé deux ans de suite au Trailwalker Oxfam, j’ai eu envie de m’engager plus directement avec l’association.

A l’époque, j’étais déjà actif au sein d’un syndicat. Mais cet engagement se retrouvait limité par le carcan même de l’entreprise. A travers l’action syndicale, je n’arrivais pas à sortir du discours centré sur la productivité. Même lorsque tu essaies de préserver le statut des salarié-e-s, de défendre leurs droits, tu es pris dans une spirale infernale qui entraîne tout le monde vers le bas.

C’est cette approche qui m’a convaincue, m’a montré que mon engagement pouvait servir à faire autre chose.

Ma rencontre avec Oxfam France m’a convaincu qu’il était possible de faire plus. Tout de suite, une chose m’a en effet marqué : s’il était question de pauvreté, d’inégalités, des enjeux essentiels pour moi, à chaque fois l’objectif était aussi d’agir sur leurs « causes ». Ne jamais se « contenter » d’aller en curatif lors de crises, mais toujours s’efforcer d’agir avant, afin de faire en sorte que ces problèmes ne se produisent pas. C’est cette approche qui m’a convaincue, m’a montré que mon engagement pouvait servir à faire autre chose.

J’ai finalement rejoint le groupe local de Paris en septembre 2017. Au début, j’allais aux réunions sans trop savoir ce que je pouvais faire. Si une action se montait, j’y allais lorsque mon emploi du temps le permettait. Aujourd’hui, j’essaie de participer du mieux que je peux. Et je vois que mon souhait initial a été comblé : je m’engage plus qu’auparavant.

Avec Oxfam, je suis acteur à part entière

Au sein du groupe local, je suis mieux informé de toutes les actions qu’il est possible de mener. Cet engagement m’a fait aller devant le Panthéon lors de l’ouverture du One Planet Summit, au Wintertrail Oxfam en tant que bénévole, j’ai pu participer à la marche climat le 8 septembre 2018, organiser une projection lors du festival Alimenterre, ou encore être au départ du tour Alternatiba pour présenter Oxfam… En résumé, je prends part à de multiples actions de sensibilisation envers le public. Pour moi, chacune de ces expériences était une première fois !

Mon engagement avec Oxfam France me permet également de mener des actions de plaidoyer, en direction des élu-e-s. Cette année, j’ai rencontré 3 député-e-s. A chaque fois, j’ai eu la chance d’être accompagné par des salarié-e-s du siège, Manon et Quentin, spécialistes du plaidoyer, et cela rend ces échanges d’autant plus enrichissants.

En rencontrant des élu-e-s, j’ai l’occasion de leur donner un discours direct, un retour d’expérience sur certaines décisions prises. Par exemple, j’ai pu discuter de certaines mesures prévues dans la loi PACTE, avec mon point de vue de citoyen travaillant justement au sein d’une entreprise. Ces rencontres permettent également de faire passer du « ressenti », sur des enjeux de société tels que l’évasion fiscale. J’ai eu l’occasion de parler de la façon dont cette injustice est vécue, et de l’incompréhension profonde que génère l’absence d’action politique pour lutter contre celle-ci.

Lors de ces rencontres avec des responsables politiques de tous bords, je me sens acteur à part entière.

Ces rencontres se font dans le cadre de rendez-vous privés, ce qui change la donne : les élu-e-s ne sont pas en représentation. Nous ne sommes pas dans les mêmes échanges que sur un marché et cela favorise l’écoute. Et puis je ne suis pas là pour demander quelque chose pour moi. Lors de ces rendez-vous, ce que l’on demande avant tout, c’est un sens, un cap pour améliorer globalement et durablement les choses pour le plus grand nombre.

Lors de ces rencontres avec des responsables politiques de tous bords, je me sens acteur à part entière. Je suis capable de parler de l’actualité politique, des projets de loi en cours et d’argumenter. Grâce à Oxfam, je suis assis autour de la table.

Si je devais résumer le pouvoir que me donne mon engagement avec Oxfam France, c’est celui-ci : pouvoir être acteur sur des questions de société. Tant que tu n’as pas une relation relativement directe avec les personnes qui décident, tu peux parler de ce qui te révolte, de ce que tu souhaiterais changer avec tes amis, ta famille, mais tu te contentes de parler. Tu ne te sens pas forcément acteur ou écouté. La force d’Oxfam, c’est que tu es pris au sérieux lorsque tu rencontres un-e élu-e. L’association, sa crédibilité associée à la force du collectif, te donne réellement le pouvoir de faire ce genre de choses.

Le pouvoir citoyen : se forger une opinion personnelle

Oxfam insiste sur cette force du pouvoir citoyen. Pour moi, le pouvoir citoyen commence avec le droit de vote mais ne s’arrête surtout pas là. En mettant un bulletin dans l’urne, on n’exerce pas l’ensemble de notre pouvoir. Celui-ci peut se manifester au quotidien, dans nos prises de positions et dans nos actes.

Cela commence, selon moi, par acquérir la capacité à se forger une opinion personnelle. Lorsque l’on fait aveuglément confiance à un « mentor », à une source d’informations unique, on refuse d’exercer son pouvoir citoyen. Au contraire, lorsqu’on refuse de subir de manière systématique, lorsqu’on se laisse le droit de ne pas croire ou faire aveuglément ce que l’on nous dit, on l’exerce pleinement.

En réalité, Oxfam donne surtout matière à réflexion

Oxfam France nous met à disposition de l’information. Dans les rapports qu’elle produit, les informations sont vérifiables, les sources sont données. Et au sein du groupe local, on discute beaucoup et on n’est pas toujours d’accord ! Je peux choisir telle ou telle action, en fonction de ce avec quoi je suis le plus en phase. En réalité, Oxfam donne surtout matière à réflexion, et c’est ce qui est intéressant.

Oxfam me donne la force de ne pas me résigner

Les personnes que j’ai rencontrées de par mon engagement avec Oxfam France m’ont donné la force de ne pas me résigner. Lorsque je vois le travail incroyable mené par Alice, qui coordonne bénévolement le groupe local de Paris, cela me donne l’énergie nécessaire pour agir à mon niveau. Car, comme tout le monde, j’ai parfois des doutes.

Lorsqu’on regarde, par exemple, l’actualité concernant le changement climatique. Ou même simplement, lorsqu’on essaie de mettre nos pratiques en cohérence avec nos positions : tu souhaites acheter des produits alimentaires et que cela profite bien à la personne qui l’a produite, et tu te rends compte que ce n’est pas si simple. Juste en faisant cela, tu as l’impression d’aller à contre-courant de la société, qui est organisée pour vendre en générant un maximum de profits.

Lorsque tu échanges, tu ne te résignes pas. Ensemble, on réalise bien que ce n’est pas gagné, mais on va quand même essayé. En collectif, tu génères ce type d’énergie, et avec Oxfam France particulièrement. A Oxfam, le discours est résolument positif : on sait que l’on n’arrive pas à tout changer tout de suite, mais des changements se produisent et pour ça, ça vaut le coup de se battre. Au fond, c’est en se disant que l’on pourrait bien y arriver que l’on arrive à faire des choses !

Faire partie du groupe local, c’est aussi des conseils de lecture, de la documentation, pour aller au-delà des rapports d’Oxfam. Et petit à petit, par ce que j’apprends, j’arrive à mettre mes actes plus en accord avec mes opinions, car je découvre aussi comment faire. Cela se traduit au quotidien : je ne vais plus au travail en voiture, j’ai changé de fournisseur d’énergie et j’ai modifié mon alimentation pour réduire ma consommation de viande. C’est en étant engagé au sein d’Oxfam France que j’ai décidé d’opérer ces changements dans mon quotidien. En comprenant mieux les enjeux derrière, cela m’a donné envie d’agir. Je ne dis pas que je suis exemplaire, mais je sais que je fais des choses à mon niveau.

S’indigner et interpeller, car les sujets ne manquent pas

Oxfam est un canal d’expression citoyen sur un grand nombre de sujets qui provoquent aujourd’hui l’indignation et nécessitent qu’on interpelle les responsables politiques et économiques.

Je suis porté par des indignations de tous les jours. Sur l’enjeu migratoire, lorsqu’on trouve intelligent que le Panama retire son pavillon à l’Aquarius, bateau qui sauve des personnes migrantes en Méditerranée, forcément, ça me révolte ! Chercher à se barricader, c’est aussi stupide que le mur rêvé par Trump !

Personnellement, une des choses qui me révolte est la manière dont les grandes entreprises génèrent leurs gigantesques profits. Ils reposent sur l’exploitation des gens tout au bout de la chaîne de production et sur l’évasion fiscale à son extrême opposé, pour être sûr de les maximiser. Cette année, j’ai trouvé que cela était très symboliquement incarné par la vente du maillot de l’équipe de France de football. Rien ne nous oblige à si peu payer les ouvrier-e-s qui les produisent. On retrouve la même chose dans l’alimentation mais aussi dans l’industrie du luxe.

Aujourd’hui, l’objectif principal, selon moi, est d’arriver à éradiquer la pauvreté extrême. Chaque point d’étape, chaque changement obtenu doit aller dans ce sens. Et cela passe par supprimer l’extrême richesse, qui se nourrit de l’évasion fiscale. Agir contre l’extrême pauvreté, c’est agir sur tous les autres enjeux. Car tant qu’une personne vit dans ces conditions, elle ne peut penser à rien d’autre. Elle ne peut pas se soucier du changement climatique, de ses droits en tant que citoyen-ne. Dans ces conditions, tu ne penses qu’à ta survie.

Oxfam est une voix sur ces sujets cruciaux. Elle apporte un éclairage, mais aussi une crédibilité pour interpeller ensuite les personnes au pouvoir. Et, ensemble, nous en sommes la voix.