Rencontre avec Léa et Sarah : bénévoles à Oxfam France et créatrice d’un podcast pour les droits des femmes !
vox femmes

Léa et Sarah, 24 ans, sont bénévoles au sein du groupe local Oxfam de Paris où elles s’engagent contre la pauvreté. Afin de dénoncer les inégalités socio-économiques que peuvent rencontrer les femmes en raison de leur genre, elles ont fondé le podcast « VoxFemmes ». Partons à la rencontre de ces deux bénévoles qui ont décidé de passer à l’action avec Oxfam France !

C’est au sein du groupe local Oxfam de Paris que vous vous engagez pour l’égalité des genres. Depuis combien de temps êtes-vous bénévoles au sein du groupe local parisien ? Et pourquoi avoir choisi de s’engager avec Oxfam France ?

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Léa : Je connaissais Oxfam de réputation ainsi que son combat contre la précarité qui m’intéressait particulièrement. C’est surtout pendant la période de crise liée au COVID-19 que je me suis mise à chercher un sens à donner à mes actions. J’avais envie de m’engager notamment au travers du bénévolat. Une amie, bénévole à Oxfam France m’a alors parlé du groupe local de Paris, qui est très actif et agit sur plein de volets différents. C’est ainsi que j’ai rejoint Oxfam France il y a un an.

Sarah : De mon côté, j’ai connu Oxfam en Angleterre. L’ONG y est très présente et visible notamment au travers des boutiques solidaires. Je connaissais donc déjà Oxfam et ses combats pour lutter contre les inégalités qui correspondent à mes convictions personnelles. Pour moi, l’axe choisi permet de s’attaquer à tout plein de sujets, comme l’écologie, la justice fiscale, le féminisme… Beaucoup de choses sont liées entre elles et rattachées à un système qui se perpétue. Ce que j’aime particulièrement chez Oxfam, c’est qu’elle informe et donne le pouvoir d’agir.

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Au sein d’Oxfam France et notamment du groupe local de Paris, vous avez créé un podcast nommé « VoxFemmes » pour sensibiliser aux droits des femmes. Pouvez-vous le présenter ?

Léa : Nous avons lancé le podcast « VoxFemmes » en août 2021. C’est un podcast mensuel qui traite des inégalités socio-économiques liées au genre. Chaque épisode dure environ 45 minutes et se penche sur une thématique spécifique. La parole est donnée à des femmes ou des hommes qui sont au-devant de ces combats et souvent issu.e.s du milieu associatif. L’objectif est d’avoir une réelle conversation avec eux. Le format choisi est assez long, mais facile à comprendre car nous utilisons un langage simple, peu jargonneux, pour aller au fond des choses tout en permettant aux auditeur.rice.s de repartir avec des bonnes notions sur le sujet.

Sarah : Nous avons choisi de donner la parole à des personnes issues du milieu associatif pour montrer aux auditeur.rice.s que nous pouvons toutes et tous, à notre manière, s’engager. Même si nous n’avons pas tou.te.s le temps et le courage de créer une association, on peut déjà faire beaucoup en s’informant et en s’engageant auprès d’une association existante.

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C’est ce que l’on essaye de faire avec le podcast, c’est de choisir un thème, d’en parler, de poser des chiffres, de problématiser pour ensuite rentrer plus en profondeur dans le sujet. À la fin, nous délivrons des recommandations sur comment agir à son échelle.

Quelles sont les différentes thématiques abordées tout au long des différents épisodes du podcast « VoxFemmes » ?

Léa : Pour le moment, nous avons 5 épisodes qui sont sortis. Le premier épisode était sur la précarité menstruelle. Nous sommes allées à la rencontre de l’association « M.A.Y » qui lutte contre la précarité menstruelle auprès des jeunes en région parisienne. C’est un épisode très intéressant qui permet de se rendre compte que les règles sont un sujet tabou qui désavantage les femmes et crée des inégalités économiques, que ce soit en France où ailleurs.
Le deuxième podcast portait sur les violences économiques dans le contexte des violences domestiques. Nous sommes allées à la rencontre de la directrice de l’association « Halte Aide aux femmes battues », qui accueille les femmes victimes de violences conjugales. Le terme de violence économique n’est pas encore très répandu dans ce contexte et pourtant c’est très éclairant de l’utiliser.

Sarah : Pour le troisième épisode, nous avons interrogé Violaine Dutrop, autrice mais également fondatrice d’une structure nommée « Egaligone » visant à lutter contre les stéréotypes de genre dès la petite enfance. Violaine Dutrop nous a parlé du congé paternité, du congé maternité et du congé parental. Nous avons échangé de ce qui se passe dans un couple quand un enfant nait et quel est l’impact sur la vie d’une femme versus celle d’un homme. L’homme sera surement moins impacté économiquement et professionnellement que la femme.
Dans le quatrième épisode, nous sommes parties à la rencontre de l’association « Médecins du Monde » et plus particulièrement de leur programme le Lotus Bus. Nous avons échangé sur les barrières d’accès au soin pour les femmes en situation de précarité socio-économique et plus particulièrement pour les travailleuses du sexe. Celles-ci ont besoin d’avoir accès aux soins mais se retrouvent confrontées à de nombreuses barrières liées à leur profession mais également à la langue dans le cas des travailleuses du sexe suivies par le Lotus Bus, puisqu’elles sont chinoises.
Dans le cinquième épisode, sorti récemment, nous creusons le sujet de la ville et du genre pour montrer en quoi les villes ne sont pas inclusives pour les femmes. Nous nous interrogerons donc sur comment faire pour les rendre moins masculines et plus accueillantes à la fois pour les femmes mais également pour les personnes âgées, les enfants, les personnes en situation de handicap…

Avez-vous des idées, des envies de sujets que vous aimeriez traiter pour les prochains épisodes de « VoxFemmes » ?

Léa : Lors du prochain épisode qui paraitra en avril, nous interrogerons Sandra Lhote-Fernandes, chargée de plaidoyer Santé et Genre à Oxfam France. Elle nous parlera du bilan du quinquennat Macron vis à vis de l’égalité des genres.
Sarah : Il y a encore de nombreux sujets que nous voudrions aborder comme la situation des femmes migrantes. Encore une fois, nous avons ici une intersection entre différentes situations (être une femme et être migrante) qui mérite d’être étudiée. Personnellement, je pense aussi à un sujet autour du féminisme et du handicap qui pourrait être intéressant notamment en abordant les politiques publiques.

C’est un projet relativement impressionnant, que vous apporte cette expérience d’un point de vue personnel comme professionnel ?

Léa : Même si c’est un projet bénévole, on a toujours eu à cœur d’avoir un certain niveau de rigueur et de discipline pour publier des podcasts de qualité tous les mois. Le podcast est un projet très complet en plusieurs étapes : la recherche des intervenant.e.s, l’entretien, le montage puis la communication. Ce qui nous apprend à gérer toutes les facettes d’un projet.

Sarah : Il y a également l’aspect management de bénévole, parce que nous travaillons en équipe. Nous devons être organisées lors de la réparation des tâches, ce qui renforce également les capacités à travailler en équipe, à écouter les autres, à faire des choses toutes et tous ensemble.

Léa : De plus, s’informer tous les mois sur différents sujets en lien avec les inégalités de genre ça nous ouvre les yeux sur des problématiques que l’on ne connaissait pas forcément en profondeur. C’est également très inspirant d’aller à la rencontre des personnes qui sont au-devant du combat pour l’égalité des genres. Elles ont énormément de connaissances à partager et sont très enthousiastes, ce qui est plus que motivant pour continuer la lutte féministe !

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C’est très inspirant d’aller à la rencontre des personnes qui sont au-devant du combat pour l’égalité des genres.

La création du podcast VoxFemmes est une forme d’action citoyenne parmi tant d’autres ! Pourquoi avoir choisi comme levier d’action la sensibilisation du grand public ?

Sarah : Je pense que c’est important de partager au plus grand nombre des faits et des chiffres vérifiés. Tous nos podcasts sont sourcés, on se base sur des rapports comme ceux du haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes. Pour pouvoir débattre et changer les choses, il faut d’abord être un minimum informé et avoir une bonne base d’informations de qualité.

Léa : Nous avons vraiment à cœur de toucher le plus grand monde, parce que c’est comme ça que nous pouvons avoir un impact plus important. Le but c’est vraiment de vulgariser des informations au maximum pour qu’elles soient comprises et ensuite réutilisées au sein de débats et même pour construire sa propre opinion. C’est également pour ça que nous avons choisi le format podcast qui est plus accessible car les auditeur.ice.s peuvent l’écouter dans le métro, lors d’une balade ou même en faisant leur vaisselle. C’est ludique, permettant alors de parler au plus grand nombre.

Ce sont les inégalités entre les hommes et les femmes qui vous occupent particulièrement au sein de votre groupe local Oxfam France. D’où vous vient cette sensibilité à ce sujet ?

Léa : À titre personnel les inégalités de toute nature m’ont toujours révoltées, que ce soit les inégalités de genre, de catégorie sociale… Pour ce qui est des inégalités de genre, je trouve qu’il y a un discours, de plus en plus présent, qui consiste à dire que nous avons atteint l’égalité. Les femmes peuvent travailler, elles peuvent avoir un compte en banque, le combat est fini. Cependant, on se rend rapidement compte que c’est loin d’être le cas et que le combat doit justement continuer.

Sarah : Ma sensibilité est venue un peu tardivement, notamment au cours de mes études. Je pense qu’il y a beaucoup de choses que l’on vit sans prendre forcément du recul et sans se rendre compte que ça relève d’un système qui favorise les inégalités entre les classes sociales, les couleurs de peau, les sexes.

Léa : On s’aperçoit que dans tous les aspects de la vie, les femmes sont impactées par les inégalités. Que ce soit dans la sphère économique, professionnelle ou encore sociale elles sont omniprésentes. Pour nous deux, c’est important de mettre en avant les intersections qui existent entre les inégalités. Elles sont le reflet d’une lutte qui doit être globale.