Imaginez-vous qu’un matin, à votre réveil, on vous annonce que vous allez être expulsé-e de votre domicile. On vous dit que vous n’avez plus le droit d’habiter sur la terre que vous occupez depuis des années, la terre qui vous nourrit, vous et votre famille. Et si vous refusez de partir, des hommes de main vous délogeront par la force.
Heureusement, la plupart d’entre nous n’aura jamais à faire face à une telle situation. Cependant, dans de nombreux pays en développement, cette pratique scandaleuse gagne du terrain. C’est ce que l’on appelle « l’accaparement des terres » : des transactions foncières, conclues le plus souvent dans l’ombre, aboutissent à l’expulsion d’agriculteurs et agricultrices de leurs maisons et privent soudainement des familles de leur source de revenu et de nourriture. Ces dix dernières années, au moins 203 millions d’hectares de terres, près de 4 fois la taille de la France métropolitaine, auraient fait l’objet d’accaparements à travers la planète.
Au Sud-Soudan, par exemple, les terres sont bradées à moins de 2,5 cents par hectare.
La demande de terres a fortement augmenté alors que les investisseurs recherchent de nouveaux espaces où cultiver des produits alimentaires destinés à l’exportation, produire des biocarburants ou simplement faire des plus-values. _ Mais dans de nombreux cas, ces terres censées être « inutilisées » ou « sous-exploitées » au moment de leur vente sont en réalité occupées par des familles pauvres qui y font pousser de quoi se nourrir. Bien souvent, ces familles sont expulsées. Les promesses de compensation ne se matérialisent pas. Et fréquemment, les habitants sont chassés violemment par des hommes de main.
L’inverse du développement ![]() Oxfam se bat pour un autre système alimentaire mondial, pour que les règles du jeu changent et qu’enfin les agriculteurs et agricultrices des pays en développement soient protégé-e-s, écouté-e-s, respecté-e-s.
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Les agrocarburants, moteurs des accaparements de terres En Europe comme aux Etats-Unis, les politiques de soutien aux agrocarburants constituent l’un des principaux moteurs de l’accaparement des terres dans les pays en développement : les terrains sont acquis par des entreprises ou des États, notamment pour y produire des agrocarburants (à partir de maïs, de blé, de palme, de colza, de tournesol…), au détriment d’une production destinée à l’alimentation, ce qui prive les paysans de leurs moyens de subsistance. _ Selon l’Agence internationale de l’énergie, la production d’agrocarburants a augmenté de 625% entre 2000 et 2010 et la tendance ne va pas s’inverser. D’après l’International Land Coalition, près de deux tiers des accaparements de terre dans le monde sont destinés à la production d’agrocarburants. Pour agir à nos côtés, – inscrivez-vous à notre newsletter et recevez les dernières infos sur notre campagne CULTIVONS – Faites un don pour soutenir notre combat Aller plus loin – Lire le rapport Terres et pouvoirs publié par Oxfam en septembre 2011 – Découvrir notre campagne CULTIVONS pour changer le système alimentaire mondial – Consulter l’étude de l’International Land Coalition Les droits fonciers et la ruée sur les terres – Voir aussi le site farmlandgrab.org qui recense l’ensemble des articles de presse sur les accaparements de terre et la LandMatrix, un portail d’informations collaboratif qui agrège les informations sur le commerce des terres.