Au Rwanda, les productrices d’ananas se construisent ensemble une vie meilleure

Vingt ans après le conflit des années 1990, si le Rwanda est aujourd’hui un pays relativement stable, il reste encore parmi les pays les plus pauvres au monde. L’extrême pauvreté persiste encore dans le pays, où 63% de la population vit avec moins de 1,25$ par jour.

Au Rwanda, l’agriculture est la principale source de revenus pour 80 % de la population. Les femmes sont à la tête de près d’un tiers des ménages agricoles et représentent près des deux tiers de la main-d’œuvre dans les exploitations familiales. Elles exercent principalement une agriculture de subsistance à petite échelle. Pourtant, elles souffrent davantage de la pauvreté par rapport aux hommes. Elles ont en effet très peu de contrôle sur la commercialisation de leur production et les revenus qu’elles en tirent, car les hommes contrôlent l’essentiel des moyens de production agricole, tels que la terre, le bétail et les entreprises du secteur.

Tuzamurane : une coopérative d’ananas pour lutter ensemble contre la pauvreté

Oxfam travaille depuis les années 1960 au Rwanda pour aider les populations locales, en particulier les femmes, à sortir de la pauvreté, en soutenant des associations locales et des coopératives agricoles. La coopérative de Tuzamurane, (littéralement « se soutenir »), qui a vu le jour il y a dix ans avec le soutien d’Oxfam, en est un très bel exemple.

La coopérative se trouve dans un petit village au sommet d’une colline, dans le district de Kirehe, à l’est du Rwanda. Elle est spécialisée dans la production d’ananas et dispense également des formations en horticulture aux femmes. La coopérative facilite l’accès aux marchés et à des systèmes d’épargne. Les femmes qui en sont membre cultivent l’ananas aussi bien sur leurs propres terres que sur celles de la coopérative. Les ananas sont ensuite apportés à la coopérative Tuzamurane qui les sèche dans son propre atelier de transformation ou les vend à Inyange Industries, un fabricant de jus de fruits.

Aujourd’hui, Tuzamurane produit 880 tonnes d’ananas par an et exporte l’ananas séché dans tout le continent africain et jusqu’en France. Les bénéfices des ventes sont réinvestis dans l’entreprise et partagés entre les membres. Oxfam a contribué à la création de liens avec les banques afin que les femmes puissent accéder à des prêts pour souscrire une assurance maladie et payer les frais de scolarité de leurs enfants.

Avant la création de la coopérative, les femmes cultivaient et vendaient les ananas en plus petites quantités et à un prix nettement moins intéressant. Elles étaient ainsi enfermées dans le cercle vicieux de la pauvreté. Alors qu’un ananas se vendait 50 francs rwandais à la ferme ou 100 francs sur les marchés locaux, les ananas de la coopérative sont désormais vendus 200 francs.

Grâce à la coopérative, les femmes ont vu une nette augmentation de leurs revenus et peuvent désormais envoyer leurs enfants à l’école, payer les frais médicaux, acheter des terres, agrandir leur maison et investir dans d’autres petites entreprises. Elles ont brisé le cercle vicieux dans lequel les enfermait la faiblesse de leurs revenus.

Rencontre avec Theresie, membre de la coopérative Tuzamurane

Avant de rejoindre la coopérative, Theresie Nyirantozi, 60 ans, cultivait du manioc et des haricots mais peinait à acheter à sa famille de la nourriture, des vêtements et du savon. Depuis qu’elle est membre de Tuzamurane, elle est fière de ne plus avoir à demander à son mari l’argent nécessaire pour scolarises ses enfants et acheter des vêtements et des tissus.

Voici son témoignage :

L’autonomisation économique des femmes est un facteur clé de succès. Nous avons besoin d’une économie centrée sur l’humain qui bénéficie aux femmes comme aux hommes, d’une économie au service de tous, et non seulement de quelques privilégiés.

Pour un avenir meilleur, construisons ensemble une économie centrée sur l’humain qui bénéficie à toutes et tous !