Conférence-débat sur l’accaparement des terres, à Paris

A l’occasion de la Semaine de la solidarité internationale, la bouquinerie Oxfam de Paris a accueilli Ernesto Tzi, indien maya et défenseur des communautés paysannes au Guatemala.

Jeudi 18 novembre 2010, le public est venu nombreux écouter le témoignage d’Ernesto Tzi, dans le cadre de la campagne Privés de terre, privés d’avenir d’Oxfam France et d’AVSF destinée à interpeller les décideurs politiques sur les menaces que subissent aujourd’hui les agricultures paysannes dans les pays du Sud : l’accaparement des terres et le changement climatique. Directeur de l’ONG guatémaltèque SANK qui lutte pour défendre les droits des communautés indigènes de la région de Chisec, Ernesto Tzi, est un militant de la première heure qui lutte depuis de nombreuses années pour le respect des droits de sa communauté. De passage en France pour deux semaines, il a livré un témoignage touchant et révoltant sur la situation des petits paysans au Guatemala face au phénomène d’accaparement des terres. Il nous a décrit la vulnérabilité du droit de propriété pour les petits paysans de ces communautés, le rôle de l’Etat, complice de l’accaparement des terres entre communautés, mais également le rôle central joué par les investisseurs occidentaux qui développent massivement les exploitations de canne à sucre et d’huile de palme pour les marchés étrangers. _ Ces phénomènes affaiblissent les traditions communautaires de culture vivrière et le respect ancestral de la terre, accroissant la vulnérabilité des petits paysans, favorisant leur appauvrissement, et faisant naitre des violences relatives à la terre entre communautés. L’ONG SANK œuvre sur le plan juridique pour protéger le droit coutumier, elle sensibilise les citoyens au problème d’accaparement des terres pour leur faire saisir les enjeux essentiels de mécanismes dont ils sont les victimes, et elle tente de mieux de valoriser les traditions communautaires ancestrales pour sensibiliser les jeunes générations à l’importance de la terre, à son respect en temps que « terre mère » essentielle à l’homme pour vivre. <img1445|right> Le témoignage d’Ernesto a suscité de nombreuses interventions qui ont permis à l’auditoire de comprendre la réalité de la menace qu’est l’accaparement des terres pour les petits paysans dans les pays pauvres. Jean-Denis Crola, chargé de plaidoyer de la campagne « Privés de terre, privés d’avenir » est également intervenu pour compléter le témoignage d’Ernesto Tzi, expliquer l’ampleur du phénomène et montrer qu’il est possible de lutter contre l’accaparement des terres grâce à la mise en place de réglementations internationales plus contraignantes. C’est tout l’objet de la campagne Privés de terre, privés d’avenir menée par Oxfam France et AVSF depuis septembre 2010 jusqu’en février 2011. Les agricultures paysannes sont des acteurs clés face aux crises alimentaire, économique et écologique mais elles subissent deux menaces qui mettent en péril leur équilibre : l’accaparement des terres et le changement climatique. Nos décideurs politiques ont les pouvoirs d’agir en encadrant leurs investissements dans les pays du Sud et en finançant l’adaptation au changement climatique de ces pays. La soirée s’est conclue par un pot de l’amitié riche en échanges d’expériences qui nous prouvent à nouveau que le militantisme est sans frontières !