Etats généraux de l’alimentation : une opportunité pour la sécurité alimentaire?

Les Etats généraux de l’alimentation s’ouvrent ce jeudi 20 juillet 2017, en présence du président de la République, avec deux objectifs principaux : assurer une juste répartition de la valeur au sein des filières agricoles, et promouvoir une alimentation saine, sûre et durable pour tous.

Pour Oxfam, les débats, qui devraient associer l’ensemble des acteurs concernés, des organisations de producteurs aux organisations de consommateurs, en passant par les entreprises agro-alimentaires et les organisations de la société civile, doivent intégrer une dimension internationale forte. Alors que le changement climatique menace la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes et que des famines dévastatrices font rage, le sort de l’agriculture et des agriculteurs français et ne peut en aucun cas être déconnecté de celui du reste du monde.

Aujourd’hui sont lancés à Bercy les Etats généraux de l’alimentation, qui réunissent sous l’égide du ministre de l’Agriculture, de nombreux ministères (économie, transition écologique, santé, affaires européennes), des acteurs de la filière agroalimentaire ou bien encore des syndicats et ONG. Le Gouvernement souhaite entamer un débat qui s’étendra jusqu’à la fin de l’année 2017 afin de dégager des pistes concrètes pour réorienter le système agricole et alimentaire vers un modèle plus favorable à l’environnement, permettant aux agriculteurs-ices de vivre dignement, et à tou-tes de se nourrir de façon saine et durable.

Pour autant, ces Etats Généraux de l’Alimentation ne pourront être couronnés de succès qu’à deux conditions. D’abord, la transformation du modèle agricole français devra être envisagée de manière cohérente, en prenant en compte les enjeux locaux, nationaux comme internationaux. . Alors que l’on produit largement assez de nourriture pour nourrir convenablement l’ensemble de l’humanité, 900 millions de personnes, soit une personne sur huit, souffrent toujours de la faim dans le monde. La majorité d’entre eux sont des producteurs d’aliments – paysans, pêcheurs artisanaux, etc. qui souffrent d’une concurrence déloyale avec les agricultures des pays riches et les grandes multinationales de l’agroalimentaires, de l’incohérence des politiques publiques nationales et internationales et des impacts ravageurs du changement climatique. Les crises alimentaires se multiplient, et e continent africain subit aujourd’hui quatre famines dévastatrices : en Somalie, au Yémen au Nigeria et au Soudan du Sud. C’est une preuve douloureuse que notre système alimentaire mondial est gravement défaillant, et que la France doit jouer un rôle à l’international pour défendre le droit à l’alimentation des populations les plus vulnérables.

La deuxième condition du succès de ces Etats Généraux de l’Alimentation relève des choix politiques qui en découleront. Les débats entre les différents acteurs concernés et la consultation publique lancée dès demain n’auront de sens que s’ils aboutissent à des décisions politiques concrètes et ambitieuses, qui engagent Emmanuel Macron et son gouvernement pour l’ensemble du quinquennat. En effet, la défense des droits des paysans et du droit à l’alimentation, ici comme là-bas, ne pourra passer que par la mise en place de mesures concrètes, au premier rang desquelles le soutien politique et financier aux agricultures paysannes et aux pratiques agroécologiques, seules à même de nourrir les générations actuelles sans mettre en péril la planète et le droit à l’alimentation des générations futures.

Promouvoir l’agro-écologie et soutenir les agricultures paysannes

Dans le cadre de leur campagne « Prenons le parti de la solidarité », Oxfam et ses partenaires ont défendu ardemment la sécurité alimentaire pour tou-tes. Nos priorités : promouvoir l’agro-écologie paysanne,mettre fin au soutien de la France aux agro-carburants, et garantir la sécurité alimentaire face aux changements climatiques.

Emmanuel Macron s’était engagé uniquement sur cette dernière proposition, préférant l’agriculture intensive à l’agro-écologie, et soutenant le développement des agro-carburants dits « avancés », qui constituent l’une des principales cause d’accaparement des terres et de volatilité des prix alimentaires.

Mais c’est l’agro-écologie paysanne qui est la solution pour nourrir la planète ! Ce modèle, reposant sur les savoir-faire de paysans locaux permet un juste partage des revenus, une gestion durable des ressources, et agit efficacement contre le dérèglement climatique. De plus, il est à même de nourrir l’humanité, car produit déjà une grande partie de l’alimentation. En Afrique sub-saharienne par exemple, l’agriculture paysanne représente 70 % de l’emploi, 40 % des exportations de marchandises, 33 % du PIB et qu’elle nourrit 80 % de la population.

Comme de nombreuses ONG, Oxfam sera mobilisée pour s’assurer que les Etats généraux de l’alimentation débouchent sur des mesures concrètes pour les droits des paysans, la sécurité alimentaire et le climat.