G8/G20 : quelle place pour les questions agricoles ?

Après le G8 à Deauville, où les questions agricoles ont été quasiment absentes des discussions, les prochains grands rendez-vous internationaux sont le G20 agricole (qui réunit les ministres de l’Agriculture des Etats participants), les 22 et 23 juin, et, en novembre, le G20. Pour Oxfam, si seules les instances représentatives comme les Nations unies ou le Comité de la sécurité alimentaire sont légitimes, le G20 a son rôle à jouer, en donnant une impulsion politique.

Inviter l’agriculture paysanne à la table du G20

« Le G20 s’est pour la première fois penché sur la question de la fluctuation excessive des prix des matières premières lors du Sommet de Pittsburgh en septembre 2009 mais peu de mesures concrètes ont été prises à ce jour, reconnait le site de la présidence française du G20, avant d’annoncer : la France souhaite trouver des solutions collectives pour réduire la volatilité excessive des prix des matières premières, notamment agricoles, qui pèse sur la croissance mondiale et menace la sécurité alimentaire des populations. » La cause de l’augmentation et de la volatilité des prix est complexe, et plusieurs facteurs peuvent y contribuer. C’est pourquoi, explique Jean-Cyril Dagorn, « pour lutter efficacement et durablement contre la volatilité des prix alimentaires, le G20 et surtout le Comité de la sécurité alimentaire (CSA) doivent stimuler la production alimentaire dans les pays en développement, mettre fin à la promotion des agrocarburants, relancer des stocks stratégiques alimentaires pour réguler les marchés agricoles, garantir la transparence de des informations de marchés et s’assurer que des mécanismes et des ressources adéquates soient disponibles pour aider les pays et les populations les plus vulnérables à faire face à la montée des prix« . C’est ce que demande l’appel au G20 Ne jouez pas avec notre nourriture, lancé par Artisans du Monde, ATTAC, la Confédération paysanne et Peuples Solidaires/ActionAid, qu’Oxfam France soutient. Les agriculteurs et agricultrices familiaux sont les premières victimes des crises alimentaires mais ils en sont aussi la solution. Et sur ce plan-là, le G20 n’a rien à proposer.

D’un G8 à l’autre, des mots mais pas de chiffres

En 2009, à L’Aquila (Italie), les pays du G8 ont promis 22 milliards de dollars sur 3 ans, pour « augmenter substantiellement l’aide à l’agriculture et à la sécurité alimentaire » et lutter contre les effets et les causes de la crise alimentaire. 2 ans plus tard, alors que les prix des denrées alimentaires atteignent les mêmes niveaux qu’en 200, Oxfam estime que seuls 4 milliards additionnels ont été dégagés. Parce que les termes ont – volontairement – été très mal définis à L’Aquila, les Etats ont « déguisés » leurs milliards : la France y a par exemple compté des prêts, sans même déduire les sommes qui seront remboursées. D’autres ont comptabilisé comme aide à la sécurité alimentaire des sommes affectées par ailleurs au climat. Certains encore y ont inscrit une partie de leur aide publique au développement annuel, alors que l’engagement devait permettre avant tout de dégager des fonds nouveaux pour répondre aux crises alimentaires… Même imprécision concernant la période : 3 ans, mais sans préciser si cet engagement portait sur 2009-2011 ou 2010-2012. « Il est impossible de faire un exercice de redevabilité sérieux, résume Jean-Cyril Dagorn, responsable de plaidoyer Justice économique d’Oxfam France. On sent d’ailleurs les Etats mal à l’aise sur ce sujet : jusqu’à maintenant, les ONG n’ont eu aucune visibilité sur ce rapport en amont du G8, alors que Nicolas Sarkozy avait promis une meilleure communication avec la société civile sur ce dossier. En tant que présidente du G8, la France aurait dû – au minimum – avoir l’honnêteté d’admettre la faiblesse de la méthode et du résultat. » De la même façon, le G8 a maquillé les comptes des engagements pris à Gleneagles : sur les 50 milliards promis entre 2005 et 2010 pour lutter contre la pauvreté, il en manque 19 a estimé l’OCDE. Un gouffre que le G8 n’a pas reconnu, entérinant dans sa déclaration finale, son « rapport de redevabilité », aux calculs loufoques, qui prétend que 49 milliards ont été mis sur la table.

Aller plus loin

– Signer l’appel Ne jouez pas avec notre nourriture – Voir notre page consacrée au G8 – G20 agricole : les voix de la société civile seront-elles entendues ?, communiqué de presse de Coordination Sud, Oxfam France, Peuples solidaires et CCFD- Terre solidaire, suite à la rencontre entre représentants des ONG et des ministères, 12 mai 2011 – En savoir plus sur le travail d’Oxfam France sur le commerce et l’agriculture