Luttes paysannes : de l’Afrique de l’Ouest à Paris

Il y a 3 ans, pour lutter contre la pauvreté et la faim en Afrique, le G8 a décidé de dérouler le tapis rouge… aux multinationales comme Monsanto, Syngenta, Cargill, etc…

Une aberration qui aura des conséquences dramatiques si nous n’agissons pas. Voilà ce que nos militantes et militants ont expliqué vendredi et samedi derniers, à l’occasion de « La Ferme à Paris », un événement festif organisé en plein Paris par la Confédération Paysanne, dans le cadre de sa campagne "Envie de paysans".

 Aux côtés d’Action Contre la Faim et du CCFD-Terre Solidaire, et à travers un stand d’information et une exposition photo, nous avons profité de l’occasion pour informer sur la "NASAN". Retenez cet acronyme, il cache de dangereuses fausses bonnes intentions.

C’est ce qu’ont pu expliquer Clara Jamart, notre experte sur les questions de sécurité alimentaire, Maureen Jorand du CCFD et Josie Riffaud de la Confédération Paysanne, lors d’une conférence sous le chapiteau central devant une quarantaine de personnes, attentives et curieuses.

La faim, un business comme un autre ?

La Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition, NASAN pour les intimes, est une initiative qui, sous couvert d’aider 50 millions de personnes en Afrique sub-saharienne à sortir de la pauvreté d’ici à 2022, va en fait faciliter les profits de grands groupes privés.

Plutôt que respecter les engagements qu’ils ont pris à de nombreuses reprises, les pays du G8 ont décidé de confier au secteur privé la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne.

Un choix d’autant plus dangereux que le secteur privé en question est composé de multinationales plus connues pour leurs attaques du droit à l’alimentation que pour leurs actions en faveur de la sécurité alimentaire mondiale. "Aucun investissement privé ne pourra faire le travail d’une véritable politique agricole, encore moins quand derrière le terme d’investissement agricole se cache des processus de prédation et de destruction des agricultures paysannes du Sud, comme souvent dans le cas des accaparements de terres." a ainsi expliqué Clara Jamart.

La NASAN inquiète d’autant plus qu’elle est totalement opaque et n’inclut pas du tout les populations, pourtant premières concernées. "De nombreux pays africains parmi les plus gravement affectés par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle sont laissés en dehors de cette initiative. Ce sont plutôt les pays qui offrent le plus de perspectives de croissances et de profits pour les multinationales et les gros investisseurs qui ont été ciblés en priorité."

Le 17 avril, journée mondiale des luttes paysannes est l’occasion pour nous de rappeler ce désengagement des pays riches dans la lutte contre la faim et contre la pauvreté.