Paris-Rome aller simple : En route pour le CSA !

Du 17 au 21 octobre, Jean-Cyril Dagorn, responsable de plaidoyer « Justice économique », est à Rome pour la réunion plénière du CSA.

Qu’est-ce qui se passe ?

Cette semaine pour celles et ceux qui luttent pour la sécurité alimentaire dans le monde, tous les chemins mènent à Rome, où se tient la réunion plénière du Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA), au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). Mouvements paysans, paysan-ne-s sans terres, organisations de pêcheurs, de jeunes, de femmes, ONG, secteur privé, Etats, tous les acteurs qui ont – ou devraient avoir mais ne l’ont pas suffisamment – un rôle à jouer dans l’alimentation et l’agriculture de la planète se retrouvent en Italie pour discuter de tous les sujets chauds concernant la sécurité alimentaire. Au menu de la semaine, c’est presque l’ensemble de la campagne ultivon (campagne lancée en juin 2011 par Oxfam pour changer le système alimentaire mondial) qui sera abordé : nous commencerons par des discussions sur des lignes directrices pour guider les Etats des pays en développement qui souhaitent organiser ou renforcer leurs régimes de gestion des terres, des forêts et des ressources de la mer ; puis le rapport du 20 agricol au CSA par le ministre français Bruno Le Maire ; des tables-rondes sur l’investissement en faveur des petit-e-s producteurs/trices, sur le genre, la nutrition et la sécurité alimentaire, ou sur la volatilité des prix alimentaires ; et des sessions de plénière pour adopter des textes et des décisions sur ces questions. Depuis sa réforme il y a quelques années, et suite à la crise alimentaire de 2007-08, le CSA est devenu le lieu mondial où l’avenir alimentaire et agricole de la planète se décide, et pour la première fois cette année le CSA s’occupera plus de prendre des décisions pour résoudre la crise globale que nous vivons, plutôt que d’organiser sa propre réforme. Il est plus que temps aujourd’hui de plancher sur ce qui rend notre système alimentaire mondial si inéquitable, inefficace et régi par une vision à court terme !

Pourquoi j’y vais ?

Le CSA est l’enceinte du monde où la société civile, où les ONGs et les mouvements paysans, peuvent le mieux faire entendre leurs voix. Certes nous n’avons pas le droit de vote et au final ce sont les Etats qui décident, mais, pour une fois, on ne nous demande pas de sortir quand les négociations commencent, et on nous laisse intervenir et même proposer des modifications de texte pendant les sessions. Une occasion unique de peser au niveau mondial sur les décisions qui pourraient permettre de lutter contre la faim. Je participe au CSA avec mes collègues d’Oxfam pour porter la diversité des thématiques sur lesquelles nous travaillons et promouvoir une vision de l’alimentation qui aille au-delà de la politique de rustines collées sur le système à chaque crise alimentaire. Pour ma part mon rôle sera avant tout stratégique : la France a beaucoup soutenu le CSA depuis 2009, elle tient la présidence du G20 cette année, et elle va bientôt entrer au bureau du CSA, l’organe de direction du Comité. Elle a donc un poids particulier dans les négociations, et je suis là, avec d’autres organisations françaises, pour m’assurer que la France prend ses responsabilités au niveau international. Le CSA, c’est aussi l’occasion de s’assurer que les décisions prises par le G20 dans son coin, sans aucune légitimité universelle, puissent être discutées par tous les pays membres des Nations unies, y compris les pays les plus vulnérables et les plus affectés par les décisions prises par les mastodontes du G20. Nous espérons aussi qu’au CSA nous pourrons faire passer des messages que la France et le G20 n’ont pas voulu entendre, sur la menace que constitue la production d’agrocarburants, sur la sécurité alimentaire mondiale, sur la constitution de stocks de nourriture pour réguler les marchés agricoles, et sur le soutien aux petit-e-s paysan-ne-s pour accéder à la terre, à l’eau, au crédit et aux autres moyens de production.

Qu’est-ce que je vais y faire ?

Comme souvent dans les grandes réunions internationales, il se passe autant de choses avant, après et en parallèle des réunions que dans les salles de conférences elles-mêmes. Tout le monde se retrouvant à la FAO, il faudra savamment jongler entre les tables rondes, les discussions et négociations en réunion plénière et les rencontres, informelles ou pas, en dehors. Lundi après-midi, le Rapporteur spécial des Nations unies sur le Droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, reçcoit les organisations françaises pour discuter de ce qui peut être fait pour faire progresser la lutte contre la faim. Mardi, je participe à la emise à Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture françai, de la pétition [Ne jouez pas avec notre nourriture->G8-G20-quelle-place-pour-les,1077], soutenue par Oxfam France, et de [la pétition internationale d’Oxfam->http://www.oxfam.org/cultivons], toutes deux adressées au G20. Nous avons également prévu de rencontrer des représentants de la FAO pour discuter agrocarburants, la délégation du gouvernement français au CSA pour suivre quelles positions notre pays défend dans les négociations, et les experts du panel de haut niveau qui travailleront sur les sujets que le CSA lui confiera. Espérons que les agrocarburants et les stocks de régulation feront partie de la liste ! Pendant la réunion annuelle du CSA, se réunira également régulièrement le Mécanisme de société civile, qui regroupe toutes les ONG, organisations paysannes, de jeunes, de femmes, de pêcheurs, etc. , qui travaillent sur les questions agricoles et alimentaires. Nous organiserons ensemble nos temps de parole pendant les tables rondes et réunions du CSA, le contenu de nos interventions, et de nos communications pour mieux influencer les Etats dans leurs décisions. Coordonner tout ce petit monde peut être complexe quand chacun a une culture, une langue, une structure d’organisation et des missions différentes, mais en prenant le temps, on y arrive !

Aller plus loin

[Lire le magnifique discours d’Ibrahim Coulibaly, agriculteur, syndicaliste paysan et fondateur de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP), lors de la réunion plénière du CSA->On-n-a-pas-de-droit-de-nous-dire,1217][Découvrir la campagne CULTIVONS->Cultivons-La-Terre-La-vie-Le-monde,1099]

 

[Voir tout le travail d’Oxfam France sur les questions agricoles->-Commerce-et-agriculture-][Consulter notre page spéciale G20->G20-2011-des-actes,1193]