Comment les gouvernements du G20 alimentent le « business » du changement climatique

Les  chefs d’État et de gouvernements du G20, qui regroupe les pays les plus riches et puissants du monde, se sont réunis à Antalya (Turquie) pour leur Sommet annuel mi-novembre.  Il s’agissait du dernier grand Sommet avant la Conférence internationale de l’ONU sur le climat (COP21) qui aura lieu en décembre à Paris. Toutes et tous savent qu’ils se retrouveront dans deux semaines pour ces négociations climatiques cruciales à l’issue desquelles ils devront sceller un accord permettant d’enrayer la crise climatique.

Entre-temps le V20, qui regroupe les ministres des Finances des vingt pays les plus vulnérables de la planète, s’est également réuni. Ces pays, du Bangladesh aux Philippines en passant par le Ghana, subissent déjà de plein fouet les conséquences du changement climatique : événements climatiques extrêmes, sécheresses, etc. et unissent leurs forces pour faire face au fardeau actuel et futur qui pèse sur leurs économies et sur leurs populations. Le V20 demande un accord à Paris qui prendra en compte et protègera les personnes dont la vie et les moyens de subsistance sont les plus menacés. Pour cela la question du soutien financier public accru, pour répondre aux besoins d’adaptation croissants sur le terrain, devra y figurer.
 

Des financements pour l’adaptation, pas pour la pollution !

Les pays développés affirment qu'ils sont sur la bonne voie pour répondre à leurs engagements de mobiliser annuellement 100 milliards de dollars de financements climat d'ici 2020 pour les pays en développement. Mais nous sommes encore loin du compte. Pour quelle raison ? Parce que le financement de l'adaptation, c'est-à-dire la capacité de mettre en place des mécanismes de résistance au dérèglement climatique, est négligé. Oxfam estime que seulement 4  à 5 milliards de dollars sont réellement destinés à l’adaptation des populations les plus vulnérables au changement climatique.

Alors que les communautés vulnérables passent au second plan, l'ironie veut que les pollueurs, eux, continuent de recevoir un soutien financier.

En effet, malgré la promesse faite en 2009 d’arrêter de subventionner le secteur des énergies fossiles, les pays du G20 trouvent encore dans leurs budgets des sommes importantes pour soutenir des secteurs hautement polluants comme ceux du charbon et du pétrole (soit en subventionnant directement les entreprises, soit sous forme d’allégements fiscaux).  Sur la période 2013-2014, les pays du G20 ont ainsi  accordé aux secteurs des énergies fossiles 78 milliards de dollars de subventions par an, rendant moins cher pour les entreprises du secteur l’exploration, le forage… bref,  le droit de polluer !

Et ce n’est que le début… Le chiffre s’élève en réalité à 452 milliards de dollars si on prend en compte les autres formes de soutien, comme les investissements publics et les prêts à taux réduit.

Ces subventions ne sont pas simplement un gaspillage d'argent. En alimentant le « business » du changement climatique, les gouvernements répercutent les coûts sur les pays vulnérables. Comme on pouvait s’y attendre ce sont les populations les plus pauvres qui en paient le prix fort car c’est leur quotidien et leurs moyens de subsistances qui sont le plus impactés.

 

Plus d’excuses qui tiennent sur le front des financements climat !

Les pays riches du G20 n’ont aucune excuse pour ne pas tenir leurs promesses en matière de financement climat, puisqu’ils consacrent des sommes autrement plus importantes à soutenir des secteurs hautement polluants comme ceux du charbon et du pétrole. L'argent est là, il est tout simplement investi au mauvais endroit et doit de toute urgence être réaffecté.

·         Les subventions des États-Unis à la production d’énergies fossiles (20,5 milliards de dollars par an) représentent plus de 51 fois l’aide à l’adaptation accordée par le pays (0,4 milliard).

·         De son côté, l’Australie a versé 71 fois plus de subventions aux énergies fossiles (5 milliards de dollars par an) que d’aide à l’adaptation (environ 0,07 milliard).

·         L’Allemagne a versé 0,84 milliard de dollars d’aide à l’adaptation, contre 2,8 milliards de subventions aux énergies fossiles, soit au moins 3 fois plus.

·         La France, qui sera l’hôte de la conférence des Nations unies sur le climat, a accordé 0,07 milliard de dollars d’aide à l’adaptation, mais 0,125 milliard de subventions aux énergies fossiles.

Les économies émergentes du G20 devront aussi arrêter leurs subventions au secteur des énergies fossiles si nous voulons avoir une chance de rester en dessous de deux degrés de réchauffement. 

Que peut faire le G20 avant la COP ?

Le G20 doit cesser de subventionner les pollueurs et plutôt faire en sorte que les communautés les plus vulnérables reçoivent les fonds dont elles ont besoin pour s’adapter au changement climatique. Ils doivent également envoyer un signal politique clair sur la façon dont l’accord de Paris prendra en compte ces besoins d’adaptation. La France en tant que pays hôte de la COP21 doit montrer la voie en augmentant significativement ses financements en faveur de l’adaptation

Signez notre pétition pour demander un accord ambitieux à Paris, qui soit à la hauteur du défis climatique et surtout qui prenne en compte les besoins des plus vulnérables.