EDF et ENGIE refusent toujours de répondre à l’urgence climatique

Alors que s’ouvre aujourd’hui l’Assemblée générale d’ENGIE, l’énergéticien français semble atteint de schizophrénie. Tout en se présentant comme l’un des leaders mondiaux de la transition énergétique, ENGIE détient toujours plus d’une vingtaine de centrales à charbon dans le monde et a même commencé à en vendre certaines, au mépris des alertes continues sur le changement climatique et ses conséquences sur les populations les plus vulnérables. Depuis le début de l’année, ENGIE a en effet vendu plusieurs centrales à charbon en Inde, en Indonésie ainsi qu’aux Etats-Unis. En tout, l’entreprise prévoit de céder entre 15 et 20 milliards d’euros d’actifs jugés “non stratégiques” entre 2016 et 2018 dont 2 à 3 milliards dans les centrales à charbon. 

Même situation chez EDF qui prévoit de revendre ses centrales à charbon à l’étranger afin de renflouer ses caisses, plombées par les investissements nucléaires. Pourtant la revente de ses centrales, notamment en Pologne, ne devrait lui rapporter que quelques centaines de millions d’euros. Une somme dérisoire par rapport à la dette d’EDF qui s’élève à 37 milliards d’euros.

Une menace pour le climat

La vente des centrales à charbon est une menace pour le climat. Afin de rentabiliser leurs investissements, les acquéreurs pourraient être tentés de maintenir les centrales en activité, peut-être plus longtemps encore que ne l’auraient fait EDF et ENGIE. Après la COP21, lors de laquelle 195 pays ont réaffirmé leur intention de limiter le réchauffement bien en deçà de 2 °C, voire 1,5 °C, il est clair qu’une sortie rapide, organisée et socialement juste du charbon est nécessaire. Un mouvement mondial est actuellement en marche pour accélérer cette transition. Jusqu’au 15 mai, plus d'une douzaine de grandes mobilisations auront lieu à travers le monde pour demander aux gouvernements de tenir leurs engagements, d’arrêter l’exploitation d’énergies fossiles pour favoriser le 100 % renouvelable.

Alors que François Hollande a été le premier chef d’Etat à signer l’Accord de Paris le 22 avril dernier à New York, la France continue de mener une politique de l’autruche concernant la stratégie charbon d’EDF et ENGIE. L’Etat français est pourtant actionnaire principal des deux entreprises – à 84,9 % d’EDF et à 33 % d’ENGIE – et porte donc une responsabilité particulière sur les choix politiques et stratégiques des deux entreprises. Il est essentiel, pour répondre à l’urgence climatique, qu’EDF et ENGIE organisent leur sortie du charbon de manière responsable en planifiant la fermeture définitive de leurs centrales à charbon d’ici 2020.