El Niño et changement climatique : la sécurité alimentaire menacée

Le phénomène El Niño, qui apparait de façon naturelle tous les deux à cinq ans avec une intensité maximale entre novembre et janvier, se manifeste cette année de façon dramatique. Voici les réponses à quelques-unes des questions les plus fréquemment posées sur El Niño, ses liens avec le changement climatique et son impact sur des millions de personnes dans le monde.

El Niño, qu’est-ce que c’est ?

El Niño est un phénomène climatique naturel qui se produit de façon irrégulière tous les deux à cinq ans. Il est dû à un réchauffement des eaux de surface dans l’océan Pacifique, au large de l’Amérique latine, qui entraîne une modification des courants marins et des vents, ainsi qu’un dégagement de chaleur dans l’atmosphère. Mais les effets d’El Niño dépassent cette zone et ont des incidences sur les conditions météorologiques à l’échelle planétaire.

Quel est le lien entre El Niño et le changement climatique ?

Tout indique que le lien de cause à effet existant entre El Niño et le changement climatique est réciproque : le changement climatique accroît la probabilité d’un « super » El Niño et, en retour, El Niño exacerbe le changement climatique en provoquant un dégagement important de chaleur de l’océan Pacifique. Le réchauffement de la mer sous l’effet du changement climatique pourrait doubler le risque qu’un épisode El Niño intense se produise.

Quels sont les effets d’El Niño ?

Les effets d’El Niño varient selon les zones géographiques : augmentation des températures et déficit de pluie causant sècheresses, excédent de pluie, tempêtes causant inondations… Selon Oxfam, l’épisode actuel d’El Niño constitue une crise de dimension mondiale qui risque d’avoir des conséquences tragiques notamment sur la sécurité alimentaire.

Des pénuries d’eau, la faim et la maladie menacent des dizaines de millions de personnes à cause d’El Niño. Les effets de ce phénomène climatique ont été ressentis dans la majeure partie du continent africain et dans des régions de l’Amérique centrale et des Caraïbes, de l’Asie et du Pacifique. Des millions de personnes risquent également de faire face à des inondations de grande ampleur. Le Paraguay en fait déjà les frais et d’autres sont attendues en Amérique du Sud, entre février et mars.

L’épisode El Niño est (quasiment) terminé. Quel est donc le problème ?

Le phénomène El Niño s’arrêtera en mars environ, mais aura des conséquences humanitaires durables. Rien qu’en Afrique du Sud, par exemple, des précipitations et des épisodes de sécheresse imprévisibles devraient réduire les récoltes de 25 %. La faiblesse de la production agricole de 2016 aura des répercussions jusqu’en 2017 compromettant la sécurité alimentaire de millions de personnes.

L’accord sur le climat conclu à Paris permettra-t-il d’améliorer la réponse des gouvernements à l’aggravation de phénomènes climatiques comme El Niño ?

Suite à l’accord de Paris nous estimons qu’actuellement seulement 5 à 8 milliards de dollars de dons par an seront destinés à l’adaptation au changement climatique. Ce résultat décevant montre que la plupart des États n’ont pas encore conscience de la gravité des risques posés par un manque de préparation et d’adaptation. À long terme tous les gouvernements devront donc renforcer leurs efforts, et il appartient aux pays riches, responsables historiques du changement climatique, de montrer l’exemple.

Une action humanitaire d’urgence est également nécessaire dans plusieurs pays, notamment une aide alimentaire ou financière, pour assurer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement et pour soigner les personnes souffrant de malnutrition.

Dans quelle mesure le changement climatique compromet-il les efforts engagés pour le développement ?

Le changement climatique a un impact réel sur le quotidien et sur les moyens de subsistance des populations du monde entier, notamment les plus vulnérables. Il menace également les progrès accomplis depuis 50 ans en faveur du développement et dans la lutte contre la faim. Cette situation nécessite plus d’ambition pour réduire les causes du changement climatique mais aussi soutenir l’adaptation des populations les plus vulnérables. Oxfam fait campagne en ce sens : nous avons ainsi porté au cœur du débat lors de la COP21 (Conférence internationale sur le climat) à Paris, la question des financements pour l’adaptation.  Dans une dynamique de justice climatique, nous continuerons de porter les voix des populations les plus vulnérables qui sont les moins responsables du changement climatique et pourtant les plus impactées.

A lire :  Le rapport Oxfam sur le phénomène El Nino et ses conséquences sur la sécurité alimentaire.

A lire : « Analyse de l’accord de Paris par Oxfam : les points qui marqueront les esprits »