En Sierra Leone, l’énergie solaire représente l’avenir pour une nouvelle génération

Le manque d’accès à l’énergie de plus d’un milliard de personnes a des conséquences néfastes sur les conditions de vie (santé, éducation, accès à l’eau) et constitue un véritable obstacle à la lutte contre la pauvreté.

L’Afrique subsaharienne, région du monde la moins bien raccordée à l’électricité, dispose à ce titre d’un potentiel considérable largement inexploité. En Sierra Leone, l’accès à l’électricité est un défi de taille : seulement 10 % de ses 7,06 millions d’habitants ont accès à l’électricité avec un raccordement pour moins de 1 % de la population rurale contre environ 14 % des citadins (le taux d’électrification le plus élevé est dans la capitale, Freetown). Le pays compte dix centrales électriques – 8 thermiques et 2 hydrauliques (barrages) – et environ 35 000 générateurs. En l’absence de ressources fossiles domestiques, la production d’électricité dépend des importations coûteuses de diesel et fioul lourd – en particulier pendant la saison sèche quand le niveau de l’eau du principal barrage du pays est bas. Le gouvernement a démontré un intérêt certain pour les énergies renouvelables, en soutenant des initiatives dans le solaire ou en les incluant dans le plan national de réforme du secteur électrique, mais manque cruellement de moyens financiers et d’expertise de qualité.

Dans le cadre d’un partenariat avec trois associations, COOPI (italienne), WHH (allemande) et ENFO (sierra-léonaise), Oxfam intervient dans le district de Kono, un des plus pauvres de Sierra Leone, autour d’un projet lancé en 2014 qui a permis d’installer 209 panneaux solaires dans 12 écoles secondaires du district(6 collèges et 6 lycées). Les écoles ont été choisies à l’issue d’un processus de sélection rigoureux, en fonction d’une quinzaine de critères (pourcentage de filles inscrites, centre d’examen, bonne gestion de l’école, logements pour les professeurs, accessibilité à la ville principale du district) et en collaboration avec les autorités locales et le représentant du Ministère de l’Education dans le district.

Des acteurs impliqués dans la réussite du projet

Pour assurer l’adhésion au projet de toutes les parties prenantes, l’implication, dès le début du projet, des autorités et des écoles était une condition essentielle. En tout, 288 personnes ont participé à des formations générales (élèves, chefs et membres des communautés locales, professeurs et personnel scolaire) et 60 personnes ont été formées au fonctionnement rudimentaire du système solaire. Oxfam a aussi mis en place une campagne pour vendre des petites lampes solaires à bas prix afin d’aider les jeunes filles qui habitent à plus d’une heure à pied de l’école à étudier le soir.

Afin d’assurer la viabilité du projet, après le départ d’Oxfam, chaque école a construit une station de rechargement pour les téléphones ou ordinateurs portables qui vend aussi des boissons fraîches et de la glace. Un entrepreneur est responsable de son fonctionnement et verse chaque mois une somme fixe à l’école, ce qui lui assure des revenus qui pourront être utilisés pour entretenir le système, remplacer des pièces défectueuses ou acheter du matériel scolaire. À deux heures de route cahoteuse de la capitale du district, un des lycées a par exemple prévu d’acheter des ordinateurs pour former ses élèves et permettre aux habitants de venir imprimer des documents, sans aller jusqu’à la capitale du district. Dans la petite ville de Kombayendeh où le lycée est situé, il n’y aucun ordinateur.

Des effets positifs pour l’éducation

L’électrification de ces écoles a de nombreux effets positifs sur la scolarité des élèves : l’éclairage des classes le soir permet à de nombreux élèves de venir étudier et réviser leurs cours alors que la plupart n’ont pas l’électricité chez eux (parfois des lampes solaires) ; l’installation d’un frigo permet au personnel et aux élèves d’acheter des boissons fraîches dans la journée, notamment pendant la saison sèche ; les enfants mais aussi les membres de leur famille peuvent venir recharger leurs téléphones portables et ainsi éviter de faire des kilomètres jusqu’à la ville la plus proche ; les enseignants peuvent imprimer les examens sur place. Même s’il est encore tôt pour faire une analyse fournie, certains établissements ont déjà remarqué une amélioration des résultats aux examens.

Le projet accorde aussi une place importante à la formation des jeunes, notamment des femmes, élément essentiel pour assurer la maintenance du matériel solaire à l’avenir, qui préoccupe les communautés et les autorités. Oxfam travaille ainsi avec trois instituts du pays qui disposent de département d’énergies renouvelables – Oxfam a soutenu la création de deux départements – et finance des bourses d’études. Le Government Technical Institute (GTI) à Freetown dispose d’équipements flambant neufs pour former les étudiants sur l’installation de panneaux solaires et le maniement des batteries et autres outils techniques.

Depuis le lancement du projet, 311 ingénieurs électriques ont été diplômés en ayant validé un module sur le solaire (introduction aux bases techniques) et 327 étudiants ont validé au moins un module sur le solaire. Le défi désormais est de trouver ensuite du travail dans un secteur nouveau où encore peu de compagnies privées se sont lancées en Sierra Leone.