Inondations, canicules, incendies : pas de répit pour le changement climatique

Ici, des pluies torrentielles qui s’accompagnent de glissements de terrain spectaculaires. Là, des vagues de chaleur record, y compris dans des zones du globe jusqu’alors relativement épargnées.

De partout, un début d’été aux manifestations météorologiques totalement hors de proportions.

En ce moment même, des situations climatiques extrêmes aux conséquences lourdes démontrent l’urgence qu’il y a à contenir le changement climatique.

Au Japon, en quelques jours, les précipitations ont dépassé un mètre en une centaine d’heures dans plusieurs régions, niveaux rarement atteints en plusieurs décennies. Puis ce sont des températures caniculaires qui se sont abattues sur l’île, avec presque 12°C de plus que la moyenne à cette période de l’année. Aux habitants de villages isolés qui ont dû fuir, aux hôpitaux qui ont été inondés en zones urbaines ont donc succédé les personnes touchées par des insolations, parfois meurtrières.

Du côté des Etats-Unis, un épisode de canicule record attise des dizaines d’incendies qui nécessitent l’évacuation de centaines de personnes. Un état d’urgence partiel a d’ailleurs été déclaré en Californie.

Une situation semblable à celle que rencontre actuellement la Grèce, qui comptabilise plus de 91 morts, suite à une situation hors de contrôle dans deux stations balnéaires proches d’Athènes.

Sans compter l’Europe du Nord, qui suffoque. Des températures qui atteignent les 35°C en Suède, en Angleterre, en Norvège, entrainant notamment la disparition de milliers d’hectares d’arbres et de tourbières, l’assèchement exceptionnel des sols et des difficultés importantes pour nourrir les élevages.

Tendance de fond

Partout à travers le monde, les climatologues semblent dépassés par l’ampleur des phénomènes, mais pas tellement surpris.

D’après l’Institut Goddard (1), bien que la période de janvier à juin 2018 compte parmi l’une des trois plus chaudes enregistrées dans le monde depuis 1880 (2), ces données s’inscrivent dans une tendance de fond où les températures grimpent un peu partout (3), comme le fait remarquer Sarah Green, chimiste de l’environnement à la Michigan Technological University (4).

Des constats qui prouvent à quel point les populations, tout autour du globe, sont impactées par le changement climatique et ont besoin – outre d’une prise de conscience collective – d’actions concrètes.

Maintenir la garde

Lors de la COP 21 en 2015 à Paris, les Etats ont affirmé s’efforcer de vouloir contenir le réchauffement global de la planète à moins de 1,5°C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle.

La planète s’est déjà réchauffée de 1°C : l’ambition affichée ne laisse qu’une marge supplémentaire équivalent à 0,5°C de plus que la moyenne actuelle, d’après les évaluations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (5).

Or, si les émissions de gaz à effet de serre continuent au rythme actuel, ce seuil de 1,5°C pourrait être atteint d’ici 2040 avec d’importantes disparités selon les régions du globe. Soit 0,5 degré de plus que la moyenne actuelle, d’après les évaluations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (5).

Oxfam milite pour des actions à la mesure du problème global : le seuil de 1,5°C, déjà intolérable pour les impacts humains qu’il représente, ne doit pas être dépassé. Les conséquences pourraient être dévastatrices au-delà : fragilité accrue des populations vulnérables, exacerbation de la pauvreté, hausse du niveau des mers, atteinte à la productivité et à la qualité nutritionnelle des cultures, etc (6).

Les négociations internationales sur le climat, qui émailleront le deuxième semestre 2018, doivent ainsi créer les conditions pour permettre à l’ensemble des Etats de relever leurs engagements climatiques. Lors de la COP24 qui se tiendra à Katowice en Pologne en décembre 2018, Oxfam attendra en particulier des pays développés, et en premier lieu de la France qu’elle transforme sa posture pro-active en actes concrets, mais également qu’elle arrive avec des engagements clairs et compatibles avec un objectif de maintien du réchauffement climatique de la planète sous 1,5°C. Tout ceci contribuerait à l’envoi d’un signal positif, alors que se négocie la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le long-terme.

 

(1) https://www.giss.nasa.gov/

(2) http://www.columbia.edu/~mhs119/Temperature/

(3) https://www.giss.nasa.gov/

(4) http://www.mtu.edu/chemistry/people-groups/faculty-staff/faculty/green/

(5) http://www.ipcc.ch/publications_and_data/publications_and_data.shtml

(6) D’après la version préliminaire du Summary for Policy Makers, rendu public notamment par Climate Home news (http://www.climatechangenews.com/2018/06/27/new-leaked-draft-of-un-1-5c-climate-report-in-full-and-annotated/)