Jour du dépassement : l’humanité vivra à crédit à partir du 2 août

Cette année, l’humanité aura consommé le 2 août davantage de ressources naturelles que la planète ne peut en produire, et vivra donc à crédit jusqu’au 31 décembre. Indicateur de la surconsommation et des inégalités, le jour du dépassement arrive de plus en plus tôt dans l’année selon l’ONG Global Footprint Network.

Les calculs de l’ONG Global Footprint Network pour estimer la date du jour du dépassement reposent notamment sur l’empreinte carbone, les ressources consommées pour la pêche, l’élevage, les cultures, la construction et l’utilisation d’eau. C’est depuis les années 1970 que le déficit écologique a commencé à se creuser, une tendance qui se poursuit depuis. Ainsi, le jour du dépassement est tombé le 30 septembre en 1987, le 15 août en 2007, et le 2 août en 2017. Aujourd’hui, pour subvenir à nos besoins, nous consommons l’équivalent de 1,7 planète [1].

Derrière ces chiffres, le jour du dépassement révèle une répartition et un partage inéquitable des ressources : les différences de consommation et d’accès aux ressources sont en effet énormes dans un contexte où les inégalités se creusent. La France, l’Allemagne ou l’Italie, ont ainsi une empreinte écologique deux fois plus importante que celle de la moyenne mondiale [2]. Et la surconsommation des pays les plus riches, qui captent une grande partie de ce « budget écologique », a pour corollaire une plus faible consommation de ressources dans les pays les plus pauvres.

Les conséquences de cette fuite en avant sont visibles : aggravation du changement climatique, déforestation massive, épuisement des sols, accaparement des terres, surpêche, tandis que de nombreux défis, tels que l’éradication de la faim, restent posés à l’humanité. Ainsi, en 2017, alors que l’on produit assez de nourriture pour nourrir l’ensemble de l’humanité, 795 millions de personnes souffrent toujours de la faim dans le monde, soit une personne sur huit, preuve douloureuse que notre système alimentaire mondial est gravement défaillant et que la défense de l’agro-écologie comme alternative à l’agro-business, et du droit à l’alimentation des populations les plus vulnérables doivent être une priorité. Cela d’autant plus que la faim et la pauvreté seront exacerbées par le changement climatique.

Surconsommation des plus riches, fardeau des plus pauvres

Outre les ressources consommées, l’empreinte carbone mondiale, composée à 60 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), est un indicateur marquant des inégalités et des disparités de consommation. Une grande part de cette empreinte carbone pourrait être réduite en réduisant les émissions de GES et en privilégiant les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétique, dans les pays du Nord et du Sud.

La baisse des émissions dans les pays riches est clairement une priorité, si l’on s’appuie sur le rapport d’Oxfam « Inégalités extrêmes et émissions de CO?»,indiquant que les 10 % les plus riches de la planète sont responsables d’environ la moitié des émissions de CO?mondiales ; et qu’une personne faisant partie des 1 % les plus riches au monde génère, en moyenne, 175 fois plus de CO2 qu’une personne se situant dans les 10 % les plus pauvres.

La moitié la plus pauvre de la population mondiale – les 3,6 milliards de personnes les plus menacées par l’intensification des tempêtes, des sécheresses et autres phénomènes extrêmes liés au changement climatique – n’est responsable que de 10 % des émissions de CO2.

Deux ans après la COP21 qui s’est tenue à Paris, enrayer les inégalités extrêmes d’émissions de CO2 est une nécessité qui doit reposer sur la révision des engagements en matière de réduction d’émissions et sur la mobilisation des financements pour aider les populations les plus pauvres et les plus vulnérables à s’adapter au changement climatique.