Les événements climatiques extrêmes : quand la planète s’emballe

On entend de plus en plus souvent parler d’événements climatiques extrêmes. Les températures s’emballent, les forêts s’embrasent, des pluies torrentielles s’abattent dans de nombreuses régions du monde… Non seulement ces événements s’intensifient, mais ils se multiplient également un peu partout sur la planète, laissant derrière eux des dégâts humains et matériels considérables.

Qu’entend-on par événement climatique extrême ? Quels sont les liens entre ces événements et le réchauffement climatique ? Quelles en sont les conséquences ? Explications.

Qu’est-ce qu’un événement climatique extrême ?

Evénements climatiques extrêmes : définition

Les événements climatiques extrêmes désignent des événements qui peuvent persister plusieurs semaines ou mois, comme une sécheresse par exemple, ou bien, au contraire, se dérouler sur un temps très court, quelques heures ou quelques jours, mais marqués par une très forte intensité. C’est notamment le cas des cyclones.

Vagues de chaleur, ouragans, inondations… Ces phénomènes font tristement l’actualité de manière régulière et sont à l’origine, chaque année, d’immenses catastrophes humaines et matérielles.

Canicules, feux, inondations : différents types d’événements climatiques extrêmes

Lorsqu’on parle d’événements climatiques extrêmes, cela peut désigner plusieurs choses notamment :

Les canicules 

Une canicule désigne un épisode de températures élevées sur une période prolongée. Elles sont définies comme une période où les moyennes sur trois jours des températures minimales et maximales atteignent des seuils d’alerte départementaux, de jour comme de nuit.

On parle de vagues de chaleur lorsqu’on observe des températures anormalement élevées, proches des seuils d’alerte, pendant plusieurs jours consécutifs, et de pics de chaleur lorsque des records de températures sont atteints, mais sur des périodes courtes de 1 ou 2 jours.

Les incendies et feux de forêt

Les changements climatiques accroissent les risques d’incendies et de feux de forêt. Des températures plus élevées favorisent en effet la transpiration des plantes et l’eau contenue dans le sol diminue. Les végétations s’assèchent, le risque de feux de forêt augmente.

Chaque année, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 350 millions d’hectares de forêt sont brûlés par des incendies, soit six fois la superficie de la France. Selon l’Indice Forêt Météo, qui détermine les risques d’incendies en France, les feux devraient augmenter dans les années à venir en raison de la sécheresse accrue.

Les inondations et pluies torrentielles

Les inondations liées aux changements climatiques ont causé 25 fois plus de dommages en 2010 qu’en 1970. Elles sont le premier risque naturel en France.

Selon le Centre européen de prévention des risques d’inondation (CEPRI), même en cas de diminution des émissions de gaz à effet de serre et d’une augmentation limitée de la température, le risque d’inondation sur les côtes européennes devrait augmenter de manière significative.

Les cyclones et ouragans sont également considérés comme des événements climatiques extrêmes.

En savoir plus sur les différents types d’événements climatiques extrêmes

Des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents et intenses

Des phénomènes qui risquent de s’accentuer encore davantage dans les années à venir

Depuis 1850, notre planète s’est réchauffée en moyenne de 1,1°C. Cette hausse des températures moyennes, conséquence directe des émissions massives de gaz à effet de serre, continue de s’accentuer à un tel rythme que, selon le GIEC, ce seuil de 1,5°C de réchauffement depuis l’ère industrielle pourrait être dépassé entre 2021 et 2040.

Depuis le milieu du XXe siècle, la fréquence et l’intensité de ces événements extrêmes augmentent. En France, les données montrent par exemple que nous assistons depuis 1947 à une augmentation du nombre et de l’intensité des vagues de chaleur. Selon Météo France, alors que la France connaissait en moyenne 1,7 jour de vagues de chaleur par an avant 1989, elle en a subi 7,95 jours par an depuis 2000 et 9,4 sur la dernière décennie. Dans un scénario à +4°, qui semble plausible, les vagues de chaleur en Ile-de-France s’étendraient de 21 à 94 jours contre 7 aujourd’hui.

Toujours selon Météo France, la fréquence de ces événements devrait doubler d’ici à 2050. A la fin du siècle, non seulement ils pourraient être bien plus fréquents qu’aujourd’hui mais aussi beaucoup plus sévères et plus longs. On observe par ailleurs une intensification des pluies extrêmes dans les régions méditerranéennes françaises.

Multiplication et intensification des événements climatiques extrêmes : un lien avéré avec les changements climatiques

Pour la première fois en 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a établi un lien entre les événements climatiques extrêmes et l’activité humaine. Autrement dit, l’impact de l’humain sur le climat est déterminant. Valérie Masson-Delmotte, paléo climatologue et coprésidente du GIEC, a notamment précisé : « Prenons les vagues de chaleur qui ont touché la France en 2019 : cela n’aurait pas eu lieu sans l’influence de l’homme sur le climat ».

Selon le rapport du GIEC, chaque degré supplémentaire de réchauffement équivaut à une augmentation de 7% des précipitations lors des tempêtes et orages.

Les changements climatiques ont, depuis déjà plusieurs années, des conséquences directes sur les vies de millions de personnes mais aussi sur l’avenir de milliards d’autres. Chaque fraction de degré supplémentaire compte : la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité.

Les conséquences des événements climatiques extrêmes

Face à l’urgence climatique, les pays pauvres sont les plus touchés

Si aucun continent n’est épargné par les changements climatiques, ce sont pourtant pays les plus pauvres qui sont les plus vulnérables face aux événements climatiques extrêmes. Dans son rapport « Global Climate Risk Index 2021 », l’ONG GermanWatch montre que ce sont les pays pauvres qui paient le plus lourd tribut des tempêtes, inondations ou canicules répertoriées entre 2000 et 2019. Ainsi, au cours de ces vingt années, 11 000 événements climatiques extrêmes ont été répertoriés avec un bilan humain de 480 000 décès, Puerto Rico, la Birmanie et Haïti étant les pays et territoires les plus impactés.

Manque de moyens, infrastructures limitées pour faire face aux changements climatiques… Les pays pauvres ont beaucoup moins de capacités d’adaptation pour faire face à de tels événements climatiques alors même qu’ils sont les moins responsables du réchauffement climatique. Dans notre rapport « Combattre les inégalités des émissions de CO2 », nous révélons, qu’entre 1990 et 2015, les 10% les plus riches de la population mondiale ont été responsables de 52% des émissions de CO2 cumulées quand les 50% les plus pauvres ont été responsables de seulement 7% des émissions de CO2 cumulées.

Dans de nombreuses régions plus pauvres du monde, la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes aura pour conséquence une augmentation de la mortalité, de la faim et de la pauvreté.

Dans l’agriculture, les nombreux impacts des changements climatiques

Les dérèglements climatiques impactent directement les rendements agricoles et les prix. Les hausses de températures et canicules sont responsables d’une sécheresse accrue des terres et d’une baisse de leur fertilité, impactant la qualité nutritionnelle des cultures et les prix.

En France, les gelées printanières historiques de 2021 ont eu des impacts dévastateurs sur la production agricole française. Pour les abricots ou les pêches par exemple, la saison 2021 représentera moins d’une demi-récolte par rapport à la production moyenne 2016-2020. Il s’agit de la production la plus faible depuis au moins 46 ans. Les récoltes viticoles ont elles aussi été dévastées par le gel en avril 2021, après des mois de février et mars très chauds, 15 millions d’hectolitres, soit 30% de la production de vin en 2021, sont perdus. Les épisodes caniculaires annoncés pour l’été mettent d’autant plus en péril certaines cultures comme les cerises ou les pêches.

Au niveau mondial, on estime que les rendements de certaines cultures, notamment le blé, le maïs et la betterave devraient chuter de 50%. Cela a un impact direct sur les revenus des agriculteurs et agricultrices. Si rien n’est fait, ces pertes pourraient s’élever à 80% en 2100, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement. Et dans un système agricole et alimentaire basé sur la prévalence de l’industrie et le monopole d’un petit nombre d’acteurs, les petites exploitations familiales des pays du Sud sont les premières à souffrir.

> Pour en savoir plus : Dans l’agriculture, les femmes au cœur des solutions face aux changements climatiques

Les déplacés climatiques, derniers responsables de la crise climatique

Les changements climatiques contraignent déjà des millions de personnes à fuir leurs terres et leurs foyers. Ce phénomène devrait s’intensifier encore davantage dans les années à venir.

Selon un rapport de la Banque mondiale (septembre 2021), 216 millions de personnes seront obligées de quitter leur habitation d’ici 2050 pour trouver un nouveau lieu de vie dans leur pays actuel, devenant alors des « migrants climatiques internes ». Ce chiffre, prudent selon les auteurs du rapport, ne comprend pas les migrations vers d’autres pays qui pourraient être bien plus importantes encore.

Certaines régions du monde sont fortement exposées à ces migrations internes. À l’horizon 2050, l’Afrique subsaharienne pourrait enregistrer jusqu’à 86 millions de migrants climatiques internes.

Dans son bilan annuel publié en mai 2021, l’Observatoire des situations de déplacement interne (IMDC) pointe le rôle des catastrophes environnementales dans la forte augmentation du nombre de déplacés internes en 2020. La Chine, les Philippines, l’Inde et le Bangladesh ont ainsi enregistré entre 4 millions et 5 millions chacun de nouveaux déplacements en 2020, notamment en raison des cyclones, des typhons et des moussons.

La lutte contre le réchauffement climatique doit être la priorité

Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C en réduisant les émissions de gaz à effet de serre

Les scientifiques et experts ne cessent de tirer la sonnette d’alarme : dépasser un réchauffement de 1,5°C – l’objectif fixé par l’Accord de Paris – pourrait avoir des conséquences graves et irréversibles. Dans un projet de rapport (aout 2021), le GIEC note : « La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes (…) L’humanité ne le peut pas ».

Lutter contre le réchauffement climatique est une urgence. Pour éviter le pire, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent décroître avant 2030, et baisser de 45% comparé à leur niveau de 2010. La neutralité carbone doit par ailleurs être atteinte en 2050. Pour y parvenir, c’est une transformation profonde de notre modèle qu’il faut mettre en place.

> Pour en savoir plus : Comprendre les changements climatiques

Renforcer les capacités d’adaptation des populations vulnérables

Les pays les plus riches ont une double responsabilité : non seulement ils doivent prendre des mesures ambitieuses et concrètes pour baisser leurs émissions de gaz à effet de serre, mais ils doivent également aider les populations les plus vulnérables à s’adapter aux impacts dévastateurs des changements climatiques.

C’est le rôle des financements climat, des financements fournis par les pays développés afin de compenser leur dette climatique envers les pays les moins responsables de la crise. Mais là encore, les pays riches sont les mauvais élèves et ne respectent pas leurs promesses, comme nous le révélions dans notre rapport « 2020 : les vrais chiffres des financements climat ».

Plus que jamais, la solidarité envers les populations les plus vulnérables doit être l’une des réponses aux changements climatiques.

Pour aller plus loin

Un degré, deux degrés, trois degrés, quatre degrés… Au cours du siècle à venir, la température de la planète va continuer de monter. Pourquoi doit-on se soucier de quelques degrés de plus ?