Financements climat : la rentrée s’annonce chaude

Canicules, inondations, incendies… L’été 2018 aura été marqué par des évènements climatiques extrêmes qui ont sévit jusqu’en Europe, et s’achève avec des inondations dévastatrices dans l’Etat indien du Kérala.

Alors que l’agenda politique de la rentrée s’annonce des plus chargés sur le plan du climat, ces catastrophes doivent résonner comme un signal d’alarme et inciter àagir. Les multiples rendez-vous internationaux sur le climat qui ponctueront les prochains mois doivent enfin faire avancer la question des financements climat, véritable clé de voute des négociations internationales sur la lutte contre les changements climatiques.

De Bangkok à Katowice, un agenda international chargé

Dès le 4 septembre, les représentants des Etats signataires de l’accord de Paris se réuniront à Bangkok pour une session de négociations de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Les Etats devront tirer parti de cette semaine additionnelle de négociations pour préparer au mieux la COP 24 qui se tiendra à Katowice (Pologne) en fin d’année. L’enjeu ? Concrétiser l’accord de Paris grâce à la définition de règles robustes d’application, notamment sur la question des financements.

Plus tard en septembre, les rendez-vous politiques de l’Assemblée générale des Nations Unies et la ministérielle Environnement du G7 seront l’occasion pour les Etats de réitérer leurs engagements en faveur du climat. Les acteurs non-étatiques se mobiliseront de plus dans le monde entier à l’occasion du Sommet mondial d’action pour le climat, puis lors de la Climate Week qui hébergera notamment l’évènement de suivi du One Planet Summit [1].

Au mois d’octobre, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) doivent publier un rapport sur les impacts qu’aurait un réchauffement climatique de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels [2] ; ce rapport apportera les preuves scientifiques incontestables de la nécessité d’accélérer les politiques de transition énergétique à tous les niveaux. Il sera suivi de nombreuses rencontres à haut niveau politique [3] qui mèneront les Etats jusqu’à la COP 24, qui s’ouvrira le 3 décembre à Katowice.

Les financements climat, pierre angulaire des négociations

La question des financements climat constituera la pierre angulaire des négociations internationales qui se tiendront tout au long de cette séquence.

Les financements, que les pays développés se sont engagés à fournir aux plus pauvres, sont cruciaux pour aider les populations les plus vulnérables à limiter leurs propres émissions mais aussi à s’adapter aux impacts déjà dévastateurs du changement climatique – par exemple en développant des cultures plus résilientes aux catastrophes climatiques (sécheresses, inondations, etc.) qui les frappent.

Pourtant, les pays développés accusent un retard inquiétant vis-à-vis de leurs promesses. Alors qu’ils se sont engagés à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, l’OCDE estime que seuls 41 milliards de dollars par an ont été fournis en moyenne sur la période 2015-2016. En outre, Oxfam considère que les pays gonflent leurs chiffres en l’absence de règles de comptabilisation claires, et estime que les montants versés ne se situent qu’entre 16 à 21 milliards de dollars par an sur cette période [4].

Au-delà de l’enjeu vital de ces financements pour les plus vulnérables, le respect des engagements des pays développés constitue la base de la confiance entre les Etats, nécessaires pour des négociations internationales saines en faveur du climat. La question des financements sera donc incontournable lors des rendez-vous des prochaines semaines.

Des avancées concrètes indispensables

Oxfam est actuellement mobilisée à la session de négociations internationales de Bangkok [5] afin d’œuvrer pour la mise en place de règles de comptabilisation des financements, qui façonneront la qualité des futurs soutiens.

Par ailleurs, Oxfam attend d’Emmanuel Macron qu’il se saisisse de cette séquence pour enfin prendre des mesures concrètes. Alors que la France fait toujours figure de mauvais élève en matière de financement climat [6], et que la démission de Nicolas Hulot confirme tristement le manque d’ambition du Gouvernement sur les problématiques écologiques et sociales, il est temps d’inverser la tendance.

Les rendez-vous internationaux à venir doivent notamment être l’opportunité pour la France de confirmer son attachement au Fonds Vert, principal canal de financements climat, et d’annoncer son engagement en faveur d’une contribution ambitieuse à sa prochaine recapitalisation. Oxfam demande de plus à Emmanuel Macron qu’il fasse enfin avancer la création d’une taxe sur les transitions financières à l’échelle européenne permettant de récolter 22 milliards d’euros par an, majoritairement dédiée à la solidarité internationale et au climat.

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Infos complémentaires :

[1] http://globalclimateactionsummit.org ; https://www.climateweeknyc.org ; https://www.oneplanetsummit.fr/en/

[2] http://www.ipcc.ch/publications_and_data/publications_and_data.html

[3] Dont le Climate Vulnerable Forum : https://thecvf.org/

[4] Rapport Oxfam « 2018 : Les vrais chiffres des financements climat » https://www.oxfam.org/fr/rapports/2018-les-vrais-chiffres-des-financements-climat

[5] Délégation Oxfam sur place du 3 au 9 septembre. Contact français : Emile Both, Chargée de Plaidoyer Climat & Energie (+33 6 85 13 89 58)

[6] La France fait figure de mauvais élève sur ses financements climat publics 2015-16 : seulement 7% de financements sous forme dons, 17% du total consacré à l’adaptation et 14% aux Pays les Moins Avancés.