La transition écologique, clé d’un avenir durable et solidaire

Augmentation des températures, montée des océans, sécheresses plus longues, tempêtes et inondations plus fréquentes… Les conséquences des changements climatiques se manifestent déjà de manière sans cesse plus intense et ont un impact direct sur notre quotidien, frappant de plein fouet les pays et les populations les plus pauvres.

La situation va en s’aggravant et le temps restant pour agir est compté. Pour garder une planète habitable, il nous faut urgemment repenser en profondeur notre modèle de développement, remettre en cause la logique d’une croissance infinie dans un monde aux ressources finies et d’une économie qui creuse toujours plus le fossé des inégalités.

Qu’est-ce que la transition écologique ?

Définition :
La transition écologique est une évolution vers un nouveau modèle économique et social qui apporte une solution globale et pérenne aux grands enjeux environnementaux de notre siècle et aux menaces qui pèsent sur notre planète. Opérant à tous les niveaux, la transition écologique vise à mettre en place un modèle de développement résilient et durable qui repense nos façons de consommer, de produire, de travailler et de vivre ensemble. La transition écologique recouvre plusieurs secteurs.

La transition énergétique

Notre modèle socio-économique est basé sur les énergies fossiles. La transition énergétique est donc fondamentale et nous amène à repenser notre consommation d’énergie individuellement et collectivement de sa production à sa consommation. Elle passe premièrement par la réduction de la consommation d’énergie puis par l’augmentation de la part des énergies renouvelables pour parvenir à une consommation énergétique respectueuse des limites planétaires, qui n’utilise pas des ressources finies et limitées. C’est aussi penser l’approvisionnement en énergie sur la base d’un modèle circulaire.

La transition industrielle

L’industrie est un secteur extrêmement polluant, 18% des émissions de gaz à effet de serre lui sont imputées. L’industrie dans son ensemble doit être repensée pour réduire son empreinte carbone et avoir un impact écologique le plus faible possible. Cela passe par une production locale, pensée au travers d’une approche durable utilisant le moins d’énergie possible tout au long du cycle de vie du bien : sa conception, sa fabrication, sa commercialisation, son utilisation, son réemploi et son recyclage.

La transition agro-alimentaire

L’agriculture industrielle, majoritaire aujourd’hui, a un impact écologique élevé. Le secteur agricole est responsable de 24% des émission de gaz à effet de serre dans le monde et de 80% de la déforestation. Ses conséquences sont nombreuses et néfastes pour la planète comme pour l’humain (destruction de la biodiversité, pollution des sols, et des eaux…) sans oublier ses impacts sociaux : 2/3 des travailleurs pauvres dans le monde sont dans le secteur agricole. Une transition doit s’opérer afin de penser une agriculture respectueuse de l’environnement et des humains. Elle doit s’inscrire dans une volonté de durabilité pour permettre à tous l’accès à une alimentation de qualité.

Une femme dans une plantation au Guatemala
Le Corridor sec d'Amérique centrale est l'une des régions les plus touchées par les événements climatiques extrêmes, en particulier la sécheresse, qui génère malnutrition et insécurité alimentaire. Photo : Pablo Tosco/Oxfam

Les enjeux de la transition écologique : menaces planétaires et coût de l’inaction

La multiplication des catastrophes naturelles

Conséquence de la forte hausse des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, le réchauffement climatique entraîne la multiplication et l’intensification des évènements météorologiques extrêmes. Si rien n’est fait pour enrayer cette tendance, les conséquences seront irréversibles à la fois pour les populations et les écosystèmes. Dans un monde plus chaud de 2 degrés, les inondations en France deviendraient la norme, les étés seraient bien plus intenses, les périodes de sécheresses augmenteraient de 30%1.

La perte accélérée de la biodiversité

Bouleversement des écosystèmes, acidification des océans, suppression d’espèces ou au contraire prolifération d’autres, destruction des habitats naturels : le réchauffement climatique perturbe et menace le monde du vivant. En France comme en Europe, l’intensification des pratiques agricoles de ces dernières décennies a également contribué à cette dégradation.

La pollution et la raréfaction des ressources naturelles

La croissance économique et l’évolution démographique mondiale ont été accompagnées d’une forte augmentation de la demande de ressources naturelles et d’une hausse des besoins énergétiques. Ces besoins sont aujourd’hui satisfaits à 80% par le recours aux énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz), des ressources épuisables qui sont à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète, mais aussi d’autres types de polluants comme les particules fines, provenant des centrales à charbon.

L’impact sur la santé

La qualité de l’environnement agit directement sur notre santé. La pollution de l’air, causée par les gaz à effet de serre, les particules fines et autres émissions polluantes, touche particulièrement les populations les plus fragiles et augmenterait également les risques de développer des cancers. En outre, les changements profonds en matière d’innovation technique et de modes de vie font apparaître de nouveaux risques comme les nanomatériaux ou les perturbateurs endocriniens, dont l’ampleur reste sujette à débat scientifique.

– EN CHIFFRES  –

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À l’échelle mondiale, la consommation d’énergie a doublé en 40 ans2 et pourrait quasiment augmenter de moitié d’ici 20503.

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La pollution atmosphérique entraînerait 9 millions de morts prématurées dans le monde par an, et 67 000 décès en France4.

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20 à 30% des espèces animales et végétales sont actuellement menacées d’extinction dans le monde.

Les leviers de la transition écologique

Au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, le seuil critique de 1,5°C de hausse de la température mondiale sera dépassé avant la fin du siècle, entraînant de manière irréversible un emballement des dérèglements climatiques.

Nous devons nous engager dans une transformation radicale de nos modes de production et de consommation, individuels et collectifs, qui réponde aux grands enjeux écologiques de notre siècle tout en réduisant les injustices sociales.

– Les principaux postes d’émissions de Gaz à effet de serre en France –

En France, la consommation des énergies fossiles est responsable de 70 % des émissions de gaz à effet de serre.

31%

des émissions totales sont liées au secteur des transports

19%

des émissions totales sont liées à l’agriculture 

19%

des émissions totales sont liées au secteur résidentiel-tertiaire

18%

des émissions totales sont liées à l’industrie5

Comment agir pour la transition écologique ?

Voici quatre leviers qui peuvent accompagner ces changements et rendre la transition écologique pérenne :

1

Investir dans les énergies renouvelables

Le développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) constitue l’une des voies privilégiées pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, réduire notre dépendance aux ressources naturelles épuisables, s’engager dans une économie plus durable et moins émettrice de carbone, créer des emplois dans les secteurs de l’environnement.

2

Développer des transports propres

Accroître les investissements publics dans les transports durables (transports en commun, petites lignes ferroviaires, vélo), générant moins de pollution et de nuisances, permet d’agir sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre et d’améliorer la qualité de l’air, tout en libérant davantage de pouvoir d’achat grâce à des transports moins consommateurs d’énergie.

3

Soutenir la rénovation énergétique des logements

Les énergies fossiles sont chères. 12 millions de Français souffrent de précarité énergétique, dans l’incapacité de payer leurs factures ou obligés de réduire leurs dépenses. Pour lutter contre cette injustice sociale, la rénovation thermique du parc immobilier doit permettre d’améliorer les performances énergétiques des logements tout en diminuant les dépenses liées à la consommation d’énergie.

4

Adopter des modèles agricoles durables

Notre système agricole a des effets néfastes sur l’environnement et ne permet pas aux agriculteurs de vivre décemment. Réorienter les modèles de production agricole vers l’agroécologie et l’agriculture biologique peut apporter une contribution essentielle à la préservation des sols, des ressources en eau, de la qualité de l’air, de la biodiversité, et de la santé des exploitants et consommateurs.

 

Soutenir la transition écologique dans les pays pauvres : une question de justice climatique

Dans un monde où plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité, les énergies renouvelables représentent une réelle opportunité pour les pays en développement de faire un bond technologique, en sautant la case des énergies fossiles polluantes pour se développer de manière durable et respectueuse de l’environnement. L’Afrique subsaharienne dispose à ce titre d’un potentiel considérable mais largement inexploité.

Pour Oxfam, il est nécessaire de défendre l’adaptation des pays les plus pauvres afin de leur permettre de disposer des ressources nécessaires pour améliorer les conditions de vie de millions de personnes, prévenir les effets des changements climatiques et limiter le réchauffement de la planète en-dessous de 1,5°C, objectif inscrit dans l’Accord de Paris.

Pour y parvenir, le soutien financier et technique des pays riches est essentiel. La France en particulier doit octroyer davantage de dons pour financer les énergies renouvelables dans les pays les moins avancés, notamment via des projets plus petits pour fournir en énergie durable les plus pauvres là où ils se trouvent.

Une femme au Ghana regardant un panneau solaire sur une maison
Au Ghana, Oxfam a mené un projet pilote d’énergie solaire dans un village composé d’environ 110 familles, qui permet de faire fonctionner un puits d’eau potable et d’alimenter en électricité l’école et le centre de santé. Photo : George Osodi/Panos/Oxfam

En France, des engagements climatiques insuffisants et une inaction coupable

Le défi climatique qui concerne l’ensemble de la planète s’est concrétisé en France par l’adoption de plusieurs textes, dont l’objectif principal est de diminuer de 40% les émissions totales de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 par rapport à 1990, et de 75% d’ici à 2050.

Dernier texte en date : le projet de loi « Climat et résilience » qui s’articule autour des cinq thématiques sur lesquelles la Convention citoyenne pour le climat (CCC) a présenté ses propositions en juin 2020 : consommer, produire et travailler, se déplacer, se loger et se nourrir.

Alors qu’il devait être une occasion unique pour la France d’être à la hauteur des enjeux climatiques, ce texte est pour l’heure largement insuffisant. En l’état, il ne permettra pas d’atteindre l’objectif de -40% d’émissions d’ici 2030, déjà insuffisant pour respecter l’Accord de Paris et ce, alors que l’Union européenne a revu à la hausse cet objectif, le faisant passer de -40 à -55%.

En outre, il fait l’impasse sur la responsabilité des grandes entreprises et leurs obligations en manière de réduction de leur empreinte carbone et de transition écologique, pourtant essentielles pour limiter le réchauffement climatique.

Le 3 février dernier, la responsabilité de l’Etat français dans la crise climatique a été reconnue par le Tribunal administratif de Paris, qui a jugé illégal le non-respect de ses engagements de réduction des gaz à effet de serre, une première victoire historique dans une procédure que nous avons portée aux côtés des trois autres ONG de l’Affaire du Siècle.

Retarder la transition, c’est faire payer le coût de l’inaction aux plus vulnérables qui seront les plus durement touchés par le changement climatique. Mobilisez-vous à nos côtés pour exiger une loi qui soit à la hauteur de l’urgence !