Aide publique au développement : Misère, Misère…

Oxfam France s’indigne des propos d’Alain Joyandet sur la coopération française

Paris, 19 juin 2008 – Les huit chantiers pour la coopération française présentés aujourd’hui par Alain Joyandet, Secrétaire d’Etat à la Coopération et la francophonie, ne répondent aucunement à l’urgence de la lutte contre la pauvreté dans le monde, affirme Oxfam France.

La lutte contre la pauvreté est un contrat passé entre les pays riches et les pays pauvres en 2000 aux Nations unies. En refusant le moindre effort budgétaire pour augmenter l’aide publique au développement, la France rompt aujourd’hui ses promesses.

De retour de trois mois « d’observation » sur le terrain, notamment en Afrique, Alain Joyandet a notamment réussi l’exploit de ne pas prononcer une seule fois le mot « pauvreté » dans son discours. Rien non plus sur les « objectifs du Millénaire pour le développement ».

« Avec pour seules priorités affichées l’influence culturelle de la France et le développement économique, sans vision, Joyandet met à la trappe le développement social et tire un trait sur les efforts entrepris ces dernières années pour lutter contre la pauvreté en Afrique », regrette Sébastien Fourmy, directeur du plaidoyer à Oxfam France – Agir ici.

« C’est un véritable pas en arrière. Pour le gouvernement français, l’aide au développement n’est envisagée qu’au service de intérêts de la France : contrôle de l’immigration, lutte contre le terrorisme, promotion des intérêts commerciaux et du rayonnement culturel français », ajoute-t-il.
La seule annonce chiffrée concerne un milliard supplémentaire de prêts via l’Agence française de développement (AFD), soit de nouvelles dettes pour les pays pauvres.

« La France a justement annulé les dettes de plusieurs pays pauvres. Mais ces annulations ont été utilisées pour gonfler artificiellement le montant de son aide publique au développement. Maintenant qu’elle ne peut plus avoir recours à de tels subterfuges comptables, elle s’apprête à rendetter les pays africains pour donner l’illusion de tenir ses engagements internationaux », s’indigne Sébastien Fourmy. « Aucun nouvel effort budgétaire n’est donc véritablement envisagé pour le moment. C’est proprement scandaleux. »

« Quand ils s’agit de trouver en quelques jours des milliers de milliards de dollars pour sauver leurs propres banques, les pays riches trouvent les fonds en moins de temps qu’il n’en faut pour poser le problème ! Quand il s’agit de mettre la main au portefeuille pour lutter contre la pauvreté dans les pays en développement, ils s’empressent de regarder ailleurs… », conclut-il.

La réalité nous le rappelle cruellement : dans les prochaines 24 heures, 8 000 personnes mourront du VIH/sida parce qu’ils n’ont pas les moyens de se procurer les traitements dont ils ont besoin et 1 400 femmes perdront la vie, faute de soins, des suites de leur grossesse ou de leur accouchement.

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