Aide publique au développement : une nouvelle ère de promesses… enfin tenues ?

Réaction d'Oxfam France au discours de François Hollande – AG des Nations Unies

Lors de son discours en clôture du sommet sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), François Hollande a rappelé l’importance de ce nouvel agenda pour les 15 prochaines années.

La principale annonce du Président concerne l'augmentation annuelle de 4 milliards d’euros de l’Aide Publique au Développement à partir de 2020, qui théoriquement pourrait constituer une très bonne nouvelle… cependant, pour Nicolas Vercken, directeur Etudes et Plaidoyer d'Oxfam France, "la déclaration de François Hollande demeure incertaine : sa présidence se termine pour l’instant en 2017, et jusqu’à présent la tendance est inverse. Depuis 2012, les budgets d‘aide publique au développement française ont été régulièrement sabrés, jusqu’à 10 fois plus impactés par les coupes budgétaires que le budget général, pour atteindre un minimum de 0,36 % du revenu national, bien loin de l’engagement de 0,7 % pris par la France. Dans le même temps le Royaume-Uni a, lui, atteint cet objectif de 0,7 %."
 
Selon Christian Reboul, Responsable Financement du développement chez Oxfam : "Nous ne pouvons donc prendre les annonces présidentielles qu’avec les plus grandes pincettes : il est urgent de financer dès à présent les ODD. Nous serons vigilants dans les prochains jours à la publication du projet de loi de finances 2016 : il s’agira de montrer qu’on prévoit des financements additionnels dès l’année prochaine, et que l’on ne retente pas de maquiller des prêts en dons, comme la France en a pris la mauvaise habitude."
 
En mai dernier, les Etats membres de l’UE, sous l’impulsion de la France, avaient décidé de repousser à 2025 l’allocation de 0,2 % de leur revenu national brut aux pays les moins avancés.
 
"En outre, il faudra clairement distinguer, comme le Président l’a souligné, quels financements relèvent de l’Aide Publique au Développement, et quels financements seront spécifiquement alloués à la lutte contre les changements climatiques, notamment l’adaptation des pays les plus vulnérables. "
 
Enfin, Oxfam demande une clarification sur l’origine de ces fonds : la finalisation des négociations sur la Taxe sur les transactions financières (TTF) constitue la meilleure opportunité pour la France, ainsi que pour ses partenaires européens engagés dans cette négociation, de générer des fonds significatifs indispensables à la mise en œuvre effective des annonces faites aujourd’hui. François Hollande a indiqué que la TTF serait affectée à la lutte contre les inégalités et en faveur du développement, de la santé mondiale et du climat. Encore faut-il qu’elle soit réellement ambitieuse et génère des revenus suffisants dans un avenir proche : la France devrait appliquer dès 2016 au niveau national les contours de l’accord qui se dessine à 11 pour 2017 pour démontrer, au-delà des paroles, sa réelle volonté politique.
 

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