COP 22 : Un an après l’accord de Paris sur le climat, les financements pour les populations les plus vulnérables restent insuffisants

Selon un rapport d’Oxfam publié à la veille de l’ouverture de la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP22) au Maroc, les financements climat déclarés par les pays développés exagèrent de plusieurs dizaines de milliards de dollars le soutien net qu’ils consacrent à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

Dans le rapport « 2016 : Les vrais chiffres des financements climat » [1], Oxfam montre que sur les 41 milliards de dollars que les pays riches ont déclaré avoir versés chaque année, seulement 11 à 21 milliards de dollars étaient spécifiquement alloués à l’action climatique. Sur ce montant, 4 à 8 milliards étaient destinés à aider les pays pauvres à s’adapter aux effets du changement climatique, ce qui est loin d’être suffisant.

« Les populations souffrent déjà du changement climatique. Les sécheresses anéantissent les cultures. La montée du niveau de la mer détruit des habitations. Rien que cette année, les effets combinés de ces chocs climatiques et d’un épisode particulièrement puissant d’El Niño menacent de faim environ 60 millions de personnes [2]. Les populations les plus vulnérables sont aussi les moins responsables du changement climatique. Elles ont besoin d’aide pour s’adapter à cette nouvelle réalité. Mais l’aide reçue n’est toujours pas à la hauteur de leurs besoins »,explique Armelle Le Comte, Chargée de plaidoyer climat et énergie pour Oxfam France.

L’analyse d’Oxfam révèle également que seulement 8,7 milliards de dollars des financements climat sont octroyés aux pays les moins avancés, le groupe des 48 pays les plus pauvres et parmi les plus vulnérables au changement climatique, faute de ressources pour y faire face.

En l’absence de règles et de principes bien définis pour la comptabilisation des financements climat, Oxfam a effectué ses propres estimations. Les résultats obtenus sont très différents des montants déclarés par les pays riches. Les pays en développement risquent de manquer du soutien financier dont ils ont cruellement besoin et qui leur est légalement dû.

« L’entrée en vigueur rapide de l’Accord est une étape importante qui montre que l’enjeu climatique n’était pas qu’un feu de paille lié à la COP21, mais que la communauté internationale a pris conscience de l’urgence climatique et reste mobilisée. Ce n’est pas le moment de nous reposer sur nos lauriers. Le sommet de Marrakech doit garantir davantage de soutien aux populations en première ligne de la crise », souligne Armelle Le Comte.

Oxfam appelle les pays donateurs et autres acteurs majeurs de la conférence de Marrakech à :

·       intensifier leurs efforts pour accroître le financement de l’adaptation, en particulier pour les pays les moins avancés ;

·       œuvrer avec les gouvernements des pays en développement pour permettre à ceux qui en ont le plus besoin d’accéder plus facilement à ces financements ;

·       accélérer le rythme pour établir des normes communes et améliorer la comptabilisation et le suivi des financements climat.

La question du financement de la lutte contre le changement climatique n’était pas la seule laissée en suspens à Paris. Sans une réduction plus importante des émissions de gaz à effet de serre, la planète continuera de se réchauffer dangereusement.

« L’Accord de Paris doit marquer le début d’une coopération internationale renforcée pour lutter contre le changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre doivent encore diminuer et les financements climat augmenter », insiste Armelle Le Comte.

L’équipe d’Oxfam France poursuivra, sur place, durant la COP22 son plaidoyer pour la justice climatique et s’assurera que les pays riches contribuent à la hauteur de leur responsabilité historique.

Contact

Sarah Roussel
sroussel@oxfamfrance.org
06 51 15 54 38
Twitter : @Sarah_Roussel

Notes aux rédactions

[1] Le rapport est disponible en ligne : http://oxf.am/Zuxy

Par ailleurs Armelle Le Comte, co-rédactrice du rapport, est disponible pour interview.

[2] En vue de la COP22, Oxfam mobilise les citoyens en lançant une pétition pour demander aux décideurs de passer des paroles aux actes et de débloquer sans attendre les fonds climat nécessaires : https://act.oxfam.org/france/el-nino-et-le-changement-climatique-stoppons-la-faim

Ce rapport évalue les engagements pris au titre du financement de la lutte contre le changement climatique d’ici à 2020 et les contributions effectives pour la période 2013-2014 (bilatérales et multilatérales) au moyen des trois sources suivantes :

·       Les deuxièmes rapports bi-annuels de la CCNUCC établis par les pays donateurs.

·       La base de données du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, qui comptabilise la part des dépenses de l’aide publique au développement des pays bailleurs ciblant le climat.

·       La feuille de route des 100 milliards de dollars récemment publiée par les pays développés et le rapport technique afférent de l’OCDE.

La façon dont Oxfam et les pays développés comptabilisent les financements climat diffère de deux manières :

·       La façon dont les prêts sont comptabilisés. Dans son estimation, Oxfam prend uniquement en compte l’élément concessionnel des prêts ou des instruments autres que des subventions, et non leur valeur nominale.

·       Le fait que la plupart des pays déclarent (en toute légitimité) des fonds pour des projets dont l’action climatique ne constitue que l’un des volets d’action. D’après Oxfam, les méthodes utilisées pour déterminer la valeur de l’élément climat de ce type de projets manquent de rigueur et ont tendance à exagérer la pertinence de ces fonds en termes de lutte contre le changement climatique.

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, les pays en développement risquent de devoir faire face à des coûts annuels d’adaptation au changement climatique atteignant 300 milliards de dollars à l’horizon 2030.

Les engagements actuels de réduction des émissions de CO2 nous conduisent vers une augmentation des températures mondiales de 3 °C. L’Accord de Paris incite les pays à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.