40 ans d’exil : les réfugiés sahraouis abandonnés par la communauté internationale

40 ans après le déclenchement de la crise du Sahara Occidental, la pression monte dans les camps de réfugiés, explique Oxfam dans un nouveau rapport. Le Conseil de Sécurité de l’ONU doit discuter ce mardi 28 avril du sort de ces femmes et hommes ordinaires, qui attendent dans des camps au milieu du désert.

Pris entre deux feux, les réfugiés sahraouis se sont installés de l’autre côté de la frontière algérienne où ils attendent dans des camps de pouvoir un jour rentrer chez eux, depuis maintenant 40 ans. Oxfam leur apporte de l’aide humanitaire dans ces camps de réfugiés et relaye leurs voix au niveau international depuis les années 1970. L’organisation internationale publie aujourd’hui un nouveau rapport intitulé « 40 ans d’exil », à l’occasion du triste quarantième anniversaire de la crise. Il met l’accent sur l’impact humanitaire et humain de la crise. Liesbeth Goossens, Chargée de plaidoyer humanitaire d’Oxfam sur le Sahara occidental :

« Nous parlons ici de générations entières qui grandissent et vieillissent dans des camps de réfugiés. Si les ONG arrivent à répondre à leurs besoins de base en terme de nourriture, d’eau et de soins de santé, survivre avec de l’aide d’urgence depuis des décennies a eu un grave impact sur la vie de ces hommes et de ces  femmes. Essayez de vous imaginer manger les mêmes neuf aliments jour après jour pendant des décennies. Ça les maintient en vie, mais toute une série de maladies chroniques se développent : diabète, hypertension, anémie…»

Contrairement à d’autres réfugiés dans le monde, de nombreux sahraouis ont eu l’opportunité de faire des études supérieures, formant ainsi une population jeune remarquablement bien éduquée et conscientisée.  

"Depuis que l’organisation d’un référendum a été annoncée en 1991,  chaque famille sahraouie a une valise chez elle, prête pour le grand retour. Des milliers de valises qui prennent la poussière. La jeunesse est de plus en plus impatiente de reprendre sa vie en main et la communauté internationale néglige leur situation. La pression monte dans les camps", ajoute Liesbeth Goossens.

Aujourd’hui, le Conseil de Sécurité de l’ONU va discuter du mandat de la MINURSO à New York. Même si les parties au conflit ont la responsabilité première de parvenir à une solution durable à la crise, on ne peut éluder le devoir de la communauté internationale de faire en sorte que le droit international soit respecté. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour garantir une vie digne à cette population et mettre fin à cette crise de façon définitive. Ceci est d'autant plus important tenant compte du contexte sécuritaire instable dans la région. Quarante ans après le début de la crise, le statu quo devient insupportable pour les réfugiés. Leur voix doit désormais être entendue.

C’est pourquoi Oxfam demande à ce que le Conseil de Sécurité de l’ONU :

  • définisse un cadre clair et soutienne activement le travail de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU dans les négociations pour une solution durable dans le cadre du droit international.
  • ouvre au public les discussions de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU et de son représentant spécial dans un esprit de transparence de l’information.
  • étudie l’organisation d’une réunion où des sahraouis seraient amenés à exprimer leurs opinions au Conseil de Sécurité de l’ONU, afin de rendre visible l’impact humain du conflit.
  • garantisse que la MINURSO soit capable de remplir sa fonction de maintien de la paix, qui comporte le monitoring, l’évaluation et le rapportage sur les développements locaux au niveau du Territoire du Sahara occidental et des camps de réfugiés au Sud-Ouest de l’Algérie.

Contact

Cécile Génot cgenot@oxfamfrance.org
01 77 35 76 02  / 07 82 63 47 57

 

 

Notes aux rédactions

« La dernière colonie d’Afrique » est une expression souvent utilisée pour le Sahara occidental. Situé entre l’océan Atlantique, le Maroc et la Mauritanie, le Sahara occidental est officiellement selon l’ONU un « territoire-non-autonome en cours de décolonisation ». En 1975, l’Espagne se retire de sa colonie du Sahara occidental. La mainmise du Maroc sur le territoire déclenche un conflit armé avec les populations autochtones, unies sous la bannière du Front Polisario. Un conflit toujours non résolu à ce jour. Si le mur de Berlin et la barrière de séparation israélienne sont célèbres, la berme de sable de 2.700km de long construite par le gouvernement marocain pour diviser le territoire du Sahara occidental est moins connue.  En 1991, la MINURSO, mission des Nations Unies, est établie pour faire respecter le cessez-le-feu et organiser un référendum sur l’autodétermination des populations. A ce jour, aucun référendum n’a été organisé et les perspectives d’avenir des Sahraouis s’assombrissent ».

Les témoignages de deux jeunes sahraouis et des photos en haute définition des camps de réfugiés et des réfugiés sont disponibles sur simple demande http://wordsandpictures.oxfamsol.be/?c=314&k=1e9bb32481