Aggravation de la crise syrienne : les efforts humanitaires débordés par l’afflux de réfugiés

Selon Oxfam, les financements promis doivent être rapidement versés afin de répondre aux besoins urgents.

La crise humanitaire syrienne s'aggrave de plus en plus chaque jour. Les ONG humanitaire, dont Oxfam, peinent à prendre en charge l'affluence croissante de réfugiés alors que les fonds promis tardent à arriver sur le terrain.

Plus de 5 000 réfugiés fuient le pays chaque jour, 36% de plus qu'en décembre dernier. La plupart n'ont avec eux que les vêtements qu'ils portent. Le scénario catastrophe des Nations unies, qui prévoit que plus d'un million de réfugiés auront quitté la Syrie d'ici à juin, va probablement se réaliser d'ici à quelques semaines.

Lors d'une conférence au Koweït le mois dernier, des promesses de dons ont été faites à hauteur de 1,5 milliards de dollars afin de contribuer à la réponse humanitaire à la crise syrienne. Cependant, seulement 20% de ces financements ont étés reçus pour le moment.

Selon Nicolas Vercken, d'Oxfam France :

« La crise humanitaire s'aggrave un peu plus chaque jour, les organisations humanitaires ont de plus en plus de mal à fournir l'aide qui est urgemment nécessaire. Les fonds généreusement promis le mois dernier doivent être versés, afin de permettre aux organisations humanitaires d'effectuer leur travail correctement et de continuer à fournir des services essentiels tels que de la nourriture, de l'eau et un abri à une population réfugiée qui ne cesse de croître. »

« Chaque jour, plus de 5 000 personnes fuient la Syrie vers les pays voisins, pesant de manière considérable sur les communautés des pays d'accueil, avec un potentiel de déstabilisation de toute la région. »

Depuis que le conflit a commencé il y a presque deux ans, plus de 925 000 syriens ont fui le conflit. A l'intérieur du pays, alors que plus de deux millions de personnes ont été déplacées de leur foyer, le prix des biens de première nécessité a augmenté, les installations sanitaires ont été détruites ou endommagées et la contamination du système d'approvisionnement en eau a eu pour conséquence la propagation croissante de maladies telles que l'hépatite A et la typhoïde.

Le Liban et la Jordanie, qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés, doivent être félicités pour avoir laissé leurs frontières ouvertes et pour continuer de fournir une assistance aux réfugiés, en dépit de ressources très limitées. En février, la Jordanie a enregistré un record dans l'afflux de réfugiés, avec plus de 50 000 arrivées.

Le nombre de réfugiés a doublé en Egypte durant les trois derniers mois. Il a augmenté de presque 20% en Turquie depuis le début de l'année. En Irak, le nombre de réfugiés est déjà bien plus important que celui qui avait été prévu à l'échéance de juin prochain.

Plus de 120 000 réfugiés ont été officiellement recensés dans le camp de Zaatara, dans le désert jordanien, près de la frontière syrienne. Le camp, de la taille d'une grande ville, est quasiment au maximum de sa capacité. L'afflux massif de réfugiés crée d'ores et déjà des tensions et des conflits sur les rares ressources. Le gouvernement jordanien aura besoin d'une aide financière additionnelle afin de garantir un environnement sécurisé aux réfugiés et à sa population.

Les organisations humanitaires présentes dans le camp font par ailleurs face au défi de l'augmentation soudaine du nombre de réfugiés. Oxfam installe des systèmes d'eau et d'assainissement dans ce qui était censé être une nouvelle section vacante du camp. Mais l'évolution rapide de la crise a mené Oxfam à fournir des installations temporaires pour des milliers de réfugiés qui sont arrivés avant que des structures permanentes aient été réalisées, ce qui a créé du travail supplémentaire et augmenté les coûts.

Le gouvernement jordanien prévoit d'ouvrir au moins deux nouveaux camps pour héberger les réfugiés.

La plupart des réfugiés syriens sont répartis dans des villes et villages de Jordanie et d'autres pays limitrophes de la Syrie, où il est plus difficile pour eux d'accéder à l'aide. Les prix de locations de logements ont grimpé en flèche, tandis que les écoles et les établissements de santé luttent pour faire face à l'augmentation des demandes, ce qui génère de nouvelles difficultés pour les réfugiés et leurs hôtes.

« Il est probable que la crise se prolonge, et les organisations humanitaires ainsi que les Etats doivent se préparer sur le long terme. poursuit Nicolas Vercken. Même si les violences prenaient fin aujourd'hui, il sera nécessaire de répondre aux besoins humanitaires colossaux dans les mois et années à venir. Il n'y a pas de solution immédiate. »

Les organisations humanitaires reconnaissent que les communautés hôtes ont été extrêmement généreuses en ce qui concerne l'aide qu'elles ont fournie aux réfugiés, mais des tensions pourraient apparaître dans le futur du fait de l'augmentation du coût de la vie, du logement et d'autres services, et des possibilités d'emploi limitées.

Contact presse

Pierre Motin 01 77 35 76 10 / 06 12 12 63 94 pmotin@oxfamfrance.org

Notes aux rédactions

– Durant une conférence des donateurs tenue au Koweït le 30 janvier, plus d'1,5 milliards de dollars ont été promis pour aider les civils touchés par le conflit syrien.

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