Agriculture et sécurité alimentaire : le point noir de la présidence française du G20

Pour Luc Lamprière, d’Oxfam France :

« Face aux défis des crises alimentaires chroniques ou récurrentes, le G20 se devait d’apporter une réponse aussi forte que celle qui a permis de sauver les banques en 2008. Malheureusement, l’électrochoc nécessaire n’a pas eu lieu. Le diagnostic posé en début de présidence du G20 par la France était le bon. La mise en avant de la lutte contre la volatilité des prix alimentaires et de la régulation des marchés agricoles relevait du bon sens. Mais au final, après avoir soigneusement évité les sujets qui fâchent, tels que les agrocarburants et les réserves de régulation, les conclusions finales ne répondent pas à la situation de crise actuelle. »

Il est certes positif que le G20 approuve les recommandations faites par les autorités des marchés financiers (OICV) sur les marchés de produits dérivés de matières premières. Mais même mises en œuvre, ces recommandations ne pourront que limiter les manipulations de marché, et non pas lutter contre la spéculation excessive. Par ailleurs, depuis deux ans, le G20 n’a rien fait de plus que de recycler ses déclarations faites à Pittsburgh de transformer les marchés de gré-à-gré standardisés en marchés régulés plus transparents, toujours pas traduites dans les faits.

Enfin, Oxfam France regrette profondément l’absence de volonté du G20 à stopper les accaparements de terres qui se multiplient dans les pays en développement. Seuls les « Principes pour des Investissements Agricoles Responsables », sans aucune véritable portée, sont mentionnés. En revanche, les « Directives Volontaires sur la gouvernance responsable des régimes fonciers des terres, pêches et forêts » de la FAO, beaucoup plus sérieuses, ne sont même pas mentionnées.
_ Ces Directives, encore en négociation au niveau du Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale à Rome, n’ont pas pu être adoptées il y a deux semaines. Le G20 aurait dû apporter son soutien au processus de négociations qui doit absolument être conclu le plus rapidement possible pour enfin marquer un premier pas dans la lutte contre les accaparements de terres.

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