Avec l’arrivée de l’hiver, Oxfam appelle à augmenter l’aide aux réfugiés syriens

Liban – Jordanie : début d'une distribution exceptionnelle d'une aide financière et de kits hivernaux

Oxfam lance aujourd'hui un appel pour augmenter l'aide aux familles touchées par la crise syrienne à l'arrivée d'un hiver difficile.

Les températures au Liban comme en Jordanie ont déjà commencé à chuter, et le plus dur reste à venir. Beaucoup ont pour seuls vêtements les habits d'été avec lesquels ils ont fui la Syrie. Ceux qui vivent dans des tentes dorment sur une natte ou un petit matelas à même le sol.

En un an, le nombre de réfugiés ayant fui dans les pays voisins a été multiplié par quatre. Au Liban, 100 000 personnes s'étaient réfugiées en décembre 2012. On en compte près d'un million aujourd'hui. Un grand nombre de ces familles habitent dans des zones sujettes à des conditions hivernales difficiles. Près de 65% des réfugiés se sont installés dans le nord du Liban et dans la vallée de la Bekaa, subissant pluie, neige et un froid glacial.

En Jordanie, où sont enregistrés plus de 550 000 Syriens, 80% d'entre eux vivent au sein de la communauté hôte ; pour la majorité la plus chanceuse, à l'étroit dans des modestes appartements loués, pour les autres dans des tentes et abris de fortune.

La semaine dernière, Luc Lamprière, directeur d'Oxfam France, s'est rendu auprès de réfugiés syriens dans la vallée de la Bekaa au Liban où Oxfam apporte depuis plusieurs mois une aide d'urgence notamment pour répondre à leurs besoins alimentaires et de subsistance.

« Dans la vallée de la Bekaa, j'ai rencontré des femmes et des hommes arrivés sans rien, ayant tout quitté, souvent avec, dans les yeux, le seul souvenir de leurs maisons détruites, de leurs proches disparus ou restés derrière eux en Syrie. J'ai entendu des jeunes femmes veuves d'à peine vingt ans, des enfants orphelins, contraints de dormir sur des sols en ciment froid dans des logements de fortune, tous inquiets pour l'avenir, c'est-à-dire aujourd'hui, déjà incertains de comment faire face à demain et aux semaines qui viennent, sans rien pour se chauffer ou lutter contre l'humidité« , témoigne-t-il.

Les réfugiés sont déjà confrontés au froid et se trouvent dans l'impossibilité d'acheter du carburant pour le chauffage, des vêtements supplémentaires ou des couvertures. Ceux qui vivent dans les tentes sont particulièrement vulnérables et n'ont pas les moyens de consolider leurs abris dans l'espoir d'être mieux protégés des éléments.

En Jordanie, il faut à peine une heure de pluie battante pour que les tentes des réfugiés vivant à Jawa, près d'Amman, soient inondées. Durant une récente pluie torrentielle, beaucoup ont creusé avec frénésie des sillons dans la boue, tentant désespérément d'éloigner des tentes l'arrivée d'eau de pluie qui s'était mélangée aux eaux usées des toilettes avoisinantes.

Oxfam débutera bientôt la distribution de kits 'd'hivernage' en Jordanie, fournissant une aide rapide durant les durs mois de la saison froide. Les kits pour les personnes vivant en appartement comprendront des couvertures, des gazinières et de quoi les alimenter pour quatre mois. Les réfugiés habitant dans des tentes recevront également des couvertures ainsi que des bâches en plastique pour mieux les protéger de l'eau et de la neige à venir. Au Liban, en plus des kits hivernaux, une aide financière ou des coupons 'spécial hiver' seront distribués. Mais davantage de fonds sont nécessaires pour que la réponse humanitaire soit à la hauteur des besoins sur place.

« Je n'ai bien sûr rencontré que quelques uns des millions de réfugiés qui, au Liban et en Jordanie, ont besoin aujourd'hui d'une assistance élémentaire, rapporte Luc Lamprière. Pour saisir la magnitude des besoins au Liban, seul avec un million de réfugiés pour une population de quatre millions et demi de personnes, il faut imaginer à l'échelle de la France la population de la Grèce toute entière accueillie en quelques mois dans les vallées du Jura et des Alpes. Sur place, Oxfam se prépare avec eux à les aider à affronter l'hiver, avec notamment les couvertures et moyens nécessaires à protéger du froid et de l'humidité leurs résidences nouvelles et leurs abris actuels, mais clairement les besoins non couverts demeurent colossaux. »

Le froid facilite la propagation d'infections respiratoires, les familles vivant les unes sur les autres. L'afflux de réfugiés entraîne déjà une pression accrue sur les services de santé des pays hôtes, notamment les urgences et les cliniques, et cette situation ne peut qu'empirer avec une augmentation de la demande tout au long de l'hiver.

Les cliniques locales du nord du Liban et de la vallée de la Bekaa ont noté l'arrivée de nombreux nouveaux patients en novembre, notamment des enfants avec des infections respiratoires. Au Liban, les réfugiés syriens représentent aujourd'hui 40% des visites dans les cliniques de premiers soins.

En Jordanie, les hôpitaux et cliniques d'Irbid, Maraq, Jarash et Ajloun attendent la livraison d'équipements médicaux du HCR afin de répondre à l'afflux. D'après le Ministère de la Santé jordanien, les structures de santé gouvernementales ont reçu plus de 287 000 Syriens pour un traitement médical dans les six premiers mois de l'année 2013.

Dr Walid Ammar, directeur général du Ministère de la Santé libanais, souligne ainsi: « Nous nous attendons au pire cet hiver. L'année dernière, nous avions davantage les choses en main, mais maintenant les réfugiés engorgent les établissements publics de santé dans tout le pays. Les cliniques ont besoin de plus de vaccins, de médicaments de base et de santé reproductive, qui sont indispensables pour faire face à la situation ».

Oxfam et d'autres organisations appellent à plus d'aide en faveur des réfugiés les plus vulnérables durant les mois qui arrivent. La communauté internationale doit soutenir la générosité des gouvernements hôtes, dont les infrastructures sanitaires sont débordées.

Pour Nigel Timmins, qui coordonne la réponse d'Oxfam à la crise syrienne :

« La crise est gigantesque, et ne pourra être résolue à terme que politiquement, pour que les Syriens – à l'intérieur comme à l'extérieur du pays – puissent commencer à refaire leur vie. Mais ces familles avec lesquelles nous travaillons ont besoin de plus d'aide, et ce urgemment. Les gens ont été incroyablement généreux dans leurs dons pour les Philippines, et nous leur demandons de donner de nouveau s'ils le peuvent. »

Notes aux rédactions

Contact média :
Elodie Rousseau/ erousseau@oxfamfrance.org / 01 77 35 76 10

  • Luc Lamprière, directeur général d'Oxfam France, était au Liban la semaine dernière pour rendre compte d'un projet d'Oxfam mis en place en novembre et soutenu par l'Ambassade de France au Liban à hauteur de 450 000 euros. En étroite collaboration avec des partenaires locaux d'Oxfam, il permet la distribution de coupons alimentaires et de coupons pour l'achat d'ustensiles de cuisine à 2500 ménages syriens, palestiniens de Syrie et libanais installés dans les camps et regroupements informels dans la Plaine de la Bekaa.
  • Les dons à Oxfam peuvent être faits en ligne sur notre site, ou par chèque à Oxfam France 104 rue Oberkampf 75011 Paris en indiquant Urgence Syrie.
  • Au Liban, environ 70% des réfugiés vivent dans des appartements, 14% dans des campements informels de tentes et le reste dans des bâtiments en construction, des garages, et des entrepôts qui n'ont pas une isolation appropriée au froid. En Jordanie, 80% des réfugiés vivent dans des campements de tentes ou des appartements loués, de façon générale, inadéquats, ainsi que dans des tentes de fortunes (HCR).
  • 450 000 réfugiés et d'autres personnes vulnérables au Liban auront besoin d'aide tout au long de l'hiver, d'après les estimations des Nations unies.
  • Au Liban, alors que le HCR couvre 75% du coût des soins de base pour les réfugiés enregistrés, beaucoup n'ont toujours pas les moyens de payer la partie restante et ne cherchent plus à avoir accès aux soins. L'arrivée de l'hiver se rajoute à la difficulté de la situation, mettant fin aux emplois des réfugiés syriens saisonniers dans les secteurs de l'agriculture et de la construction. Ainsi, non seulement leurs dépenses médicales vont augmenter durant les mois d'hiver, mais leurs moyens de subsistance, étant à même de les couvrir, vont diminuer.

Contact

Photo : Karl Schembri/Oxfam
Jawa, le lendemain d'une pluie torrentielle qui, en une heure, a inondé de larges parties du campement.

Notes aux rédactions