Alors que le Gouvernement a présenté aujourd’hui en Conseil des ministres son budget 2019 avec une hausse de 130 millions d’euros des crédits dédiés à l’aide publique au développement, Oxfam France accueille favorablement cette dynamique à la hausse mais souligne qu’il y a encore du chemin à faire pour concrétiser les engagements du Président de la République.

Pour Michael Siegel, porte-parole d’Oxfam France : « Cette hausse est bien sûr bienvenue mais s’inscrit suite à plusieurs années de baisses majeures. Nous sommes donc toujours en phase de rattrapage. Il faut désormais un coup d’accélérateur important pour que la France soit enfin à la hauteur de ses ambitions et des engagements pris au niveau international. »

Le Président Macron s’est engagé à la porter à 0,55 % à la fin de son mandat en 2022, pour finalement atteindre les 0,7 % en 2025.

« Il faut donc résolument transformer l’essai pour confirmer ces promesses. Selon l’OCDE, ce sont plus de six milliards d’euros qui sont nécessaires pour atteindre les 0,55 % à l’horizon 2022. Or, ce nouveau budget n’acte que 130 millions d’euros de hausse, il ne faudrait donc pas qu’on arrive en 2022 avec une mauvaise surprise, » précise Michael Siegel.

Des solutions existent : depuis de nombreuses années Oxfam France demande ainsi que la taxe sur les transactions financières, instaurée en 2012, finance les besoins de la solidarité internationale. Aujourd’hui seulement 50 % de cette taxe va à l’aide publique au développement.

« Alors que nous commémorons les 10 ans de la crise financière de 2018, cette taxe répond à deux enjeux majeurs : réguler une finance sans contrôle dans un contexte d’accroissement des inégalités et assurer une plus grande répartition des richesses, notamment entre le Nord et le Sud, » souligne Michael Siegel.

« Il faut rappeler que malgré des imperfections, l’aide au développement est un outil important de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Le Président Macron porte des ambitions importantes sur la scène internationale, notamment au Sahel où les besoins sont criants entre crises humanitaires et pauvreté endémique. C’est aujourd’hui une zone test pour la politique de développement international de la France où il faut plus et il faut faire mieux. Ce budget, et les suivants, doivent donc répondre à ces enjeux. »

L’analyse d’Oxfam France sur l’aide au développement dans le budget 2019

Avec une Mission Aide publique au développement à 3,08 milliards d’euros dans le PLF 2019, les crédits de paiement ont officiellement augmenté de 400 millions d’euros par rapport à la Loi de Finances 2018. Mais, attention, le diable se cache dans les détails : cette hausse doit fortement être relativisée car elle prend en compte une réaffectation au budget général de 270 millions d’euros issus des revenus de la taxe sur les transactions financières et qui étaient jusqu’à maintenant directement affectés à l’Agence française de développement.

En réalité, l’aide au développement n’augmente ainsi que de 130 millions d’euros en crédits de paiement dans le budget 2019, une hausse bien trop faible pour inscrire la France sur la bonne trajectoire pour tenir son engagement d’allouer 0,55% du RNB à l’APD d’ici 2022, contre 0,43% en 2017. L’OCDE a rappelé jeudi dernier[1] qu’il fallait 6 milliards d’euros supplémentaires sur la durée du quinquennat pour concrétiser la promesse du Président de la République.

Si le gouvernement a récemment communiqué sur l’annonce faite par le Président Macron d’un milliard d’euros pour le développement international[2], il s’agit d’autorisations d’engagement qui ont vocation à être réparties sur plusieurs années. Il ne s’agit donc pas d’un milliard d’euros en plus pour l’aide publique au développement en 2019.

 

[1] Oxfam France : L’aide française à la loupe de l’OCDE : il faut passer des paroles aux actes !

[2] https://www.gouvernement.fr/argumentaire/aide-au-developpement-hausse-d-un-milliard-d-euros-en-2019

Contacts

Caroline Prak
cprak@oxfamfrance.org
06 31 25 94 74
Twitter : @carolineprak

Notes aux rédactions

Dans les années 70 la France et les pays riches se sont engagé à l’ONU à consacrer 0,7 % de leur RNB à la solidarité internationale, cependant la France ne l’a jamais respecté. Ces dernières années plusieurs pays en Europe ont pourtant atteint les 0,7%. C’est le cas du Royaume-Uni, de l’Allemagne (malgré une nouvelle baisse l’an dernier), du Luxembourg ou encore de nombreux pays scandinaves.