Budget de l’aide française 2015 : Parlementaires 1 – Gouvernement 0

Aujourd’hui, le vote solennel du budget pour 2015 (PLF 2015) est passé en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. La part consacrée à l’aide publique au développement (APD) baisse pour la 4ème année consécutive, ses crédits ressortant dix fois plus impactés que le budget général. Conscients de ces enjeux, de nombreux parlementaires ont vivement réagi lors des débats, ce qui laisse entrevoir des changements pour les exercices budgétaires à venir.

Le bras de fer entre le gouvernement et les parlementaires a rythmé ce vote budgétaire qui s’est achevé sur un accord pour réallouer 20 millions d’€, sur les 35 millions d’€ votés en première lecture, aux pays les plus pauvres.

A deux reprises, face à l’opposition des député-e-s puis des sénateurs, le gouvernement a reculé. « C’est une première. Les parlementaires de tous bords, dans un élan d’unanimité, ont rappelé au gouvernement que la politique de solidarité internationale de la France se décidait aussi au Parlement », souligne Christian Reboul d’Oxfam France.

« Les parlementaires ont initié un rééquilibrage de l’aide française. C’est de bon augure pour les prochains exercices budgétaires, pour qu’à la fois l’APD française reparte à la hausse après quatre années de baisse consécutive, et qu’elle soit véritablement dédiée aux pays les plus pauvres ».

Depuis 2011, la France a fait le choix de coupes drastiques sur son enveloppe consacrée à l’aide publique au développement : moins 9,8% en 2013, alors même que son volume augmentait de 6,1% au niveau mondial. Ce budget 2015 propose des perspectives budgétaires jusqu’en 2017 fortement à la baisse. Si elles étaient confirmées, l’aide au développement serait coupée de 20% sur l’ensemble du quinquennat de F. Hollande.

« Cette baisse n’est pas une fatalité. L’APD est avant tout une question de volonté politique. Le gouvernement doit sortir d’une logique pure d’Etat gestionnaire pour faire de cette politique une priorité pour les trois années à venir, les enjeux sont trop importants », insiste Christian Reboul.

Epidémie Ebola, crise syrienne, changement climatique, ces crédits sont essentiels pour assurer une véritable stabilisation et reconstruction des pays en post-crise. L’année 2015 et les suivantes seront cruciales pour l’aide au développement : échéance des Objectifs du Millénaire pour le Développement, conférence internationale sur le financement du développement, COP21…

La France respectera-t-elle son engagement et notamment l’engagement présidentiel d’augmenter l’aide dans le but de consacrer 0,7% de son RNB à l’APD ? Première réponse en avril prochain avec les statistiques de l’OCDE.

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Fanny Mantaux
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