Budget de l’Etat : l’Aide Publique au Développement paye le prix fort

Réaction d’Oxfam France suite à la présentation du budget de l’Etat 2015 en conseil des ministres

A l’occasion de la présentation du Projet de Loi de finances pour l’année 2015 en conseil des ministres, Oxfam France s’indigne devant l’ampleur des coupes budgétaires pour l’enveloppe de l’Aide Publique au Développement (APD).

Le gouvernement parle de crédits « globalement stabilisés » or non seulement l’APD n’est pas stable mais surtout, les crédits ne cessent de baisser depuis 2010. L’enveloppe budgétaire allouée à l’APD est l’une des plus impactée avec une baisse de près de 3%.

Une annonce très inquiétante d’autant plus que le gouvernement trace une trajectoire déclinante de l’APD jusqu’à la fin du mandat présidentiel en 2017. Cette baisse vient contredire directement les engagements internationaux de la France et la promesse de François Hollande de reprendre une trajectoire ascendante vers l’engagement de consacrer 0,7% de sa richesse nationale à l’APD et ainsi maintenir une politique ambitieuse de développement.

Ces coupes interviennent alors que l’actualité nous rappelle sans cesse l’importance de cette politique publique : la lutte contre le virus Ebola, la stabilisation du Mali, l’aide aux réfugiés fuyant la crise syrienne.

Pour Christian Reboul, responsable plaidoyer financement du développement à Oxfam France :« Depuis quelques années, le gouvernement et le Président de la République ont une fâcheuse tendance à annoncer des contributions importantes pour répondre aux crises, comme par exemple pour la crise syrienne, sans pour autant que cela se traduise par de nouveaux financements dans les faits, dont on pourrait voir la trace dans les lois de finances : les chiffres de l’aide française deviennent ainsi virtuels et incantatoires ».

« Selon nos informations, la part de l’aide française affectée aux enjeux sanitaires devrait être particulièrement touchée par ces coupes. Pourtant, l’ampleur que prend l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest et les risques de propagation au-delà de la zone met en lumière l’importance d’aider les pays fragiles, à renforcer durablement leurs systèmes de santé, au risque d’assister à des catastrophes comme celles à laquelle on assiste aujourd’hui ».

Malgré son ambition d’atteindre l’engagement des 0,7% et d’inscrire sa politique dans une nouvelle dynamique, la France échoue à nouveau invoquant la crise économique. En 2013 pourtant, alors que la France réduisait déjà son APD de 9,8%, l’APD mondiale, quant à elle, connaissait une croissance de 6,1% en 2013, grâce à des pays tout autant touchés par la crise [1].

« L’aide sous forme de subventions à destination des pays pauvres prioritaires de l’aide française est d’une rare faiblesse. A ne pas mobiliser les crédits nécessaires pour prévenir les tensions et les crises, nous serons condamnés à assister à ce jeu de faux semblants au détriment d’une réponse efficace », souligne Christian Reboul.

Parallèlement, la France ne manque pas de se féliciter de l’augmentation du pourcentage des recettes de la Taxe sur les Transactions Financières (TTF) en faveur de la solidarité internationale. Or, alors que cette taxe devrait apporter de nouvelles ressources financières, ces fonds ne viennent même pas compenser des coupes budgétaires importantes.

« En juillet dernier, la France s’est dotée pour la 1ère fois  d’une Loi d’Orientation de la Politique de Développement et de la Solidarité Internationale. Les parlementaires doivent saisir cette opportunité pour se mobiliser sur cet important sujet de politique publique et interpeller le gouvernement sur ces choix budgétaires néfastes ».

 

Contact

Fanny Mantaux
fmantaux@oxfamfrance.org
01 77 35 76 00

Notes aux rédactions

[1] Malgré la crise, le Royaume-Uni a rempli ses engagements de consacrer 0,7% de son RNB au développement, pour la première fois en 2013 alors que le taux était de 0,56% en 2012.