Climat : Doha débute sans aucune garantie sur le respect des engagements financiers pris à Copenhague

Selon Oxfam, la plupart des promesses de financements climatiques réalisées jusqu'ici sont des prêts ou des fonds recyclés.

Selon une note publiée par Oxfam en amont de la conférence sur le climat qui se déroule du 26 novembre au 7 décembre à Doha, les pays en développement n'ont toujours aucune certitude quant aux financements qu'ils vont obtenir à partir de 2013 pour réduire leurs émissions de CO2 et s'adapter aux impacts dévastateurs du changement climatique. L'ONG exhorte la communauté internationale à se pencher sur de nouvelles options de financement en la matière.

Durant les discussions de Copenhague en 2009, les pays développés s‘étaient engagés à financer à hauteur de 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 les financements climat et ont effectué un premier versement de 30 milliards de dollars entre 2010 et 2012, appelé « financement précoce ». Dans un peu plus d'un mois, cet engagement va expirer, alors que les caisses du Fonds vert pour le climat restent vides.

Oxfam a publié dimanche 25 novembre une note sur les engagements des pays développés au titre des financements précoces. Malgré le fait que l'accord conclu à Copenhague indique que les financements climat seraient « nouveaux et additionnels », Oxfam estime que seulement 33% du financement précoce peut être considéré comme nouveau – le reste des financements ayant été promis avant la conférence de Copenhague – et que 24% tout au plus était additionnel aux promesses d'aide antérieures.

Seulement 43% du financement précoce a été versé sous forme de subventions. Celui-ci est en fait en grande partie constitué de prêts que les pays en développement devront rembourser avec différents niveaux d'intérêts. A peine 21% des fonds sont réservés au soutien aux programmes d'adaptation, afin d'aider les communautés à devenir plus résilientes face aux impacts du changement climatique.

En ce qui concerne la France, la part des subventions n'est que de 20% au plus et la part des financements destinée à l'adaptation est de 25%, soit bien loin de l'équilibre prévu à Copenhague entre adaptation et atténuation.

Pour Tim Gore, d'Oxfam, « ces déficits de financements, les évènements météorologiques extrêmes récents et la fin des financements précoces en décembre prochain devraient pousser les dirigeants politiques à travailler de toute urgence pour augmenter le financement du climat à Doha. »

« Alors que l'année 2012 s'achève, les pays en développement n'ont aucune certitude quant à la façon dont ils seront soutenus pour s'adapter au changement climatique, ajoute Tim Gore. Il y a un vrai danger que les financements climat soient réduits en 2013 alors qu'ils devraient au contraire être augmentés. »

« Les sécheresses qui ont eu lieu en 2012 aux Etats-Unis et en Russie, provoquant une flambée des prix alimentaires et fragilisant l'accès à la nourriture pour les ménages les plus pauvres dans les pays en développement, ont démontré l'urgence des financements climat. »

« Les pays développés doivent trouver de nouvelles sources de financement en complément des budgets d'aide publique au développement afin d'honorer leur engagement de 100 milliards de dollars sans avoir à détourner cet argent d'autres priorités liées à la lutte contre la pauvreté, comme la santé ou l'éducation. »

« Les dirigeants politiques doivent véritablement étudier les nouvelles sources de financements, comme un mécanisme sur les émissions du transport maritime ou de nouvelles taxes sur les transactions financières afin de générer des revenus pour le Fonds vert de l'ONU pour le climat. »

« Si les dirigeants réunis à Doha ne fournissent pas de nouveaux financements, le Fonds verts pour le climat risque de rester une coquille vide pour les trois ans à venir » conclut Tim Gore.

Le protocole de Kyoto, dont la première période d'engagement finit en 2012, est lui aussi à la croisée des chemins. Oxfam appelle la communauté internationale à adopter et finaliser une seconde période d'engagement, avec des règles rigoureuses et de nouvelles mesures pour réduire les émissions.

Contact presse :

Pierre Motin, Oxfam France 01 77 35 76 10 / 06 12 12 63 94 pmotin@oxfamfrance.org

Notes aux rédactions

La note d'Oxfam sur les financements climat est disponible sur demande.

Plusieurs membres de la délégation d'Oxfam à Doha seront disponibles pour des interviews :

– Tim Gore (anglophone), présent durant les deux semaines de négociations +1 917 455 7212 tim.gore@oxfaminternational.org
– Céline Cherveriat (francophone), présente durant la deuxième semaine de négociations +32 497 422 329 celine.charveriat@oxfaminternational.org

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Photo : EPA / Sataporn Thongma

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