Climat : la France et l’Union européenne doivent éviter une crise alimentaire et énergétique

Dans un nouveau rapport, Oxfam souligne que l'instabilité politique entre la Russie et l'Ukraine, ainsi que la vulnérabilité climatique des principaux exportateurs de produits alimentaires vers l'Europe, menacent l'Union européenne d'une crise alimentaire et énergétique d’ici à 2030.

Les filières énergétiques et alimentaires de l'Europe, plus grand importateur de combustibles et de produits alimentaires au monde, dépendent de plus en plus d'importations non durables.

Les semaines qui arrivent, avec les annonces attendues sur la loi française de transition énergétique la semaine prochaine, et le conseil Européen à la fin du mois,  sont autant d’opportunités pour la France d’affirmer son soutien à une politique climatique et énergétique ambitieuse au bénéfice des citoyens et du développement durable.

Oxfam appelle ainsi la France à montrer l’exemple et à prendre des mesures concrètes pour réduire la demande énergétique et devenir moins dépendant des importations de combustibles fossiles et de la consommation d’agrocarburants industriels, toujours plus coûteuses et incertaines, pour se tourner vers des énergies locales, renouvelables et propres.

"Les décisions prises dans les prochains mois par les dirigeants des 28 gouvernements de l'Union européenne vont déterminer leur niveau d'engagement pour contenir les effets du dérèglement climatique. Le paquet énergie-climat est important non seulement pour l'Europe, mais aussi pour le monde entier, car la position de l'UE dans les négociations climatiques internationales en dépendra", explique Romain Benicchio, d’Oxfam France.

"De plus, si la France veut être crédible vis-à-vis de ses partenaires en tant que présidente de la COP21 en 2015, elle se doit d’être exemplaire cette année, tant au niveau national qu’européen.",ajoute Romain Benicchio.

"Ségolène Royal doit prendre acte du fait que le changement climatique et la dépendance énergétique constituent un fardeau économique supplémentaire pour de nombreux Européens vivant avec de faibles revenus, et déjà impactés par les politiques actuelles d’austérité. Elle doit s’engager sur de véritables objectifs ambitieux et contraignants en matière d’énergies renouvelables, d’efficacité énergétique et de réduction des gaz à effet de serre", explique Romain Benicchio

Les prix de l'énergie et des aliments payés par les citoyens de l'UE augmentent très rapidement, ce qui accroît le coût de la vie en Europe, les ménages disposant de revenus faibles consacrant une part beaucoup plus importante de leurs revenus à l'alimentation et au chauffage.

Oxfam demande à l'UE de s'engager en faveur des objectifs contraignants suivants :

• réaliser 40 % d'économies d'énergie ;

• encourager l’utilisation d’énergies durables et renouvelables à hauteur de 45 % ;

• réduire d’au moins 55 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 (conformément aux recommandations du GIEC).

Pour autant, la France ne doit pas reproduire les erreurs du passé et continuer à promouvoir des agrocarburants qui ont un impact catastrophique à la fois sur l’environnement, les changements climatiques et la sécurité alimentaire mondiale. Demain à Bruxelles, les ministres de l’énergie devraient voter un texte permettant de limiter l’incorporation d’agrocarburants dans les carburants traditionnels en Europe.

"Il s’agirait d’un premier pas, mais qui n’aura de sens que s’il mène à une sortie définitive des politiques de soutien aux agrocarburants. Pourtant, la France, après avoir bloqué le processus de réforme européenne pendant près de deux ans, semble encore jouer les mauvais élèves", souligne Clara Jamart d’Oxfam France.

D’après les informations que se sont procurées les ONG, Ségolène Royal pourrait mettre en place un objectif contraignant d’incorporation d’énergies renouvelables de 15% à l’horizon 2030 dans le secteur des transports. "Cet objectif serait catastrophique, car il ne pourrait être atteint que grâce aux recours aux agrocarburants produits à partir de matières premières alimentaires ou sur des terres arables", ajoute Clara Jamart.

Un paquet 2030 ambitieux pourrait permettre à l'UE de faire jusqu'à 200 milliards d'euros d'économies par an à l'horizon 2030 sur sa facture d'importations des énergies fossiles. Cela équivaudrait à 400 euros d'économies par habitant en 2030 [1].

Pour garantir la sécurité énergétique, une énergie abordable et une sécurité alimentaire résistante au changement climatique [2], l'UE n'a d'autre solution que d'accroître de toute urgence ses mesures climatiques et d'apprendre à se passer des énergies fossiles et des agrocarburants.

Contact

Magali Rubino
Responsable des relations média
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01 56 98 24 45  / 06 30 46 66 04

Notes aux rédactions

[1] Plus de 50 % de l'énergie de l'UE est importée et la Russie représente son premier fournisseur de pétrole et de gaz. L'année dernière, l'UE a dépensé 400 milliards d'euros en importations d'énergies fossiles, soit l'équivalent de 790 euros par habitant. En 2013, chaque citoyen de l'UE a versé environ 250 euros aux géants russes du pétrole et du gaz.

[2] Jusqu'à 72 % des importations alimentaires de l'UE proviennent de pays en développement, qui sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Même les élevages de l'UE sont tributaires de ces importations, car 70 % des aliments pour animaux d'élevage laitier et à viande de l'UE proviennent de pays en développement.

 


Ce communiqué a été produit avec le soutien financier de la Commission européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité de Christian Aid et Oxfam France et ne reflète pas nécessairement les positions de la Commission européenne et de ses services.