Climat : l’UE toujours divisée

Réunis les 29 et 30 octobre pour un ultime Conseil européen avant la conférence de Copenhague, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne étaient attendus au tournant sur les questions de financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

Si le Conseil européen reprend les chiffres de la Commission de 100 milliards d'euros par an d'ici à 2020 pour aider les pays pauvres à lutter contre les changements climatiques, en matière d’adaptation et d’atténuation, il sous-évalue de manière préoccupante la part des financements publics pourtant indispensables.

En refusant de s’engager dès maintenant sur une participation chiffrée par pays membre, l’Union européenne se rend à Barcelone pour les dernières négociations internationales sur le climat avec une dangereuse stratégie du silence.

« Cette position commune du Conseil européen prend acte d’une évidence : les financements nécessaires pour lutter contre le changement climatique et ses conséquences dans les pays en développement sont colossaux. Mais annoncer des grands chiffres ne fait toujours pas de l’Union une figure de proue dans les négociations internationales. Car comme toujours, ce sont les détails qui comptent» souligne Romain Benicchio d’Oxfam France qui sera présent à Barcelone la semaine prochaine.

La part du financement public, estimée entre 22 et 50 milliards d’euros pour les pays en développement, présentée par la Commission européenne et reprise par le Conseil européen, est ainsi bien en deçà des véritables besoins.

« Surtout, le Conseil n’apporte aucune garantie que ce financement soit nouveau et additionnel aux objectifs existants d’aide publique au développement » rappelle Romain Benicchio.

« Le montant supérieur de la fourchette du Conseil, 50 milliards d’euros par an, représente moins de la moitié des financements publics dont ont besoin les pays les plus vulnérables pour adopter des modes de vie sobres en carbone et mettre en place des mesures d’adaptation au changement climatique ».

Bien que le Conseil européen prétende assumer sa part de l’effort mondial, il reste pour l’instant muet sur le montant précis qui lui incombe.

La Commission européenne avait quant à elle considéré que la contribution de l’UE devrait se chiffrer entre 2 et 15 milliards d’euros par an, bien en-dessous des recommandations d’Oxfam International qui évalue à au moins 35 milliards d’euros de financements publics la part de l’UE – avec une contribution comparable à celles des États-Unis – pour alimenter un fonds mondial pour le climat d'au moins 110 milliards d’euros par an.

Malgré les divergences des pays membres sur la question, le critère retenu devrait se fonder sur la responsabilité globale des émissions et sur la capacité de chaque pays à payer.

« La stratégie, défendue ardemment par la France, et qui consiste à ne pas vouloir abattre ses cartes nous laisse perplexe. L’UE ne bluffe personne : plus le sommet de Copenhague approche, plus le risque est grand que les hypothétiques engagements ne soient pas à la hauteur des besoins », conclut Romain Benicchio.

||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|

Notes

– Pour Oxfam France, il est impératif que l’UE s’engage sur un soutien financier additionnel aux objectifs d’aide publique au développement. L’Europe est décidée à augmenter son aide publique au développement à 0,7% du RNB.

– Selon Oxfam international, le financement de la lutte contre le changement climatique devrait être d’au moins 110 milliards d’euros par an (en financement public) pour couvrir les mesures d’adaptation et d’atténuation, financement devant impérativement être additionnel à l’ aide publique au développement (APD).

– Romain Benicchio, chargé de plaidoyer sur le changement climatique pour Oxfam France, sera à présent à Barcelone du 2 au 6 novembre et disponible pour des interviews sur place et par téléphone.

Contact

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