Communiqué d’Oxfam France en amont du G20

Les subventions du G20 aux énergies fossiles : un montant 15 fois plus élevé que l’aide pour l’adaptation au changement climatique versée par les pays développés

A moins d’un mois de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), les chefs d’État et de gouvernement du G20 s’apprêtent à se retrouver pour leur sommet annuel à Antalya (Turquie), les 15 et 16 novembre. Le changement climatique, entre autres sujets, sera à l’ordre du jour.

Selon Oxfam, les pays du G20 investissent davantage dans les secteurs du charbon et du pétrole que l’ensemble des pays développés ne le font dans les moyens accordés aux pays les plus pauvres pour faire face aux conséquencesdu changement climatique.

« Les dirigeants des pays riches du G20 n’ont aucune excuse pour ne pas tenir leurs promesses en matière de financement climat, puisqu’ils consacrent des sommes autrement plus importantes à soutenir des secteurs hautement polluants comme ceux du charbon et du pétrole »,explique Romain Benicchio porte-parole d’Oxfam France.

Sur la période 2013-2014, les pays du G20 ont accordé aux secteurs des énergies fossiles 77 milliards de dollars de subventions par an. En 2014, les pays développés, dont bon nombre seront présents au sommet en Turquie, n’ont consacré que 4 à 5 milliards dollars à l’aide à l’adaptation.

« Au total, le soutien accordé par le G20 au secteur des énergies fossiles, y compris les investissements publics et les prêts à taux réduit, atteint la somme de 450 milliards de dollars. Il est estimé que, d’ici à 2030, les pays en développement devront débourser 150 milliards de dollars par an pour financer leur adaptation au changement climatique, phénomène exacerbé par le recours aux énergies fossiles », déclare Romain Benicchio.

·         Les subventions des États-Unis à la production d’énergies fossiles (20,5 milliards de dollars par an) représentent plus de 51 fois l’aide à l’adaptation accordée par le pays (0,4 milliard).

·         De son côté, l’Australie a versé 71 fois plus de subventions aux énergies fossiles (5 milliards de dollars par an) que d’aide à l’adaptation (environ 0,07 milliard).

·         L’Allemagne a versé 0,84 milliard de dollars d’aide à l’adaptation, contre 2,8 milliards de subventions aux énergies fossiles, soit au moins 3 fois plus.

·         La France, qui sera l’hôte de la conférence des Nations unies sur le climat, a accordé 0,07 milliard de dollars d’aide à l’adaptation, mais 0,125 milliard de subventions aux énergies fossiles.

« Le G20 doit cesser de subventionner les pollueurs et plutôt faire en sorte que les communautés les plus vulnérables reçoivent les fonds dont elles ont besoin pour s’adapter au changement climatique. La France en tant que pays hôte de la COP21 doit montrer la voie en augmentant significativement ses financements sonnants et trébuchants en faveur de l’adaptation. »

« Oxfam attend des pays du G20 un signal politique clair sur la façon dont l’accord de Paris prendra en compte les besoins des populations vulnérables », souligne Romain Benicchio.

Contact

Sarah Roussel: +33 (0)6 51 15 54 38 / sroussel@oxfamfrance.org

Romain Benicchio, Responsable de plaidoyer négociations climatiques, est disponible pour interview

Notes aux rédactions

Tous les chiffres sur les subventions aux énergies fossiles sont une moyenne des années 2013 et 2014. Ils sont tirés du rapport de l’Overseas Development Institute intitulé « Empty Promises » (sous embargo jusqu’au 12 novembre 2015) : www.odi.org/empty-promises

Oxfam a calculé que les pays développés ont versé entre 4,1 et 5,5 milliards de dollars au titre de l’aide publique à l’adaptation au changement climatique en 2014. Ce chiffre comprend les aides destinées à l’adaptation, ainsi qu’une part des aides offrant des avantages conjoints. Il inclut également l’élément don des prêts concessionnels. Source : OCDE/CPI, rapport « Climate Finance in 2013-14 and the USD 100 billion goal » disponible à http://www.oecd.org/env/cc/oecd-cpi-climate-finance-report.htm, et base de données de l’OCDE sur le financement de la lutte contre le changement climatique : http://www.oecd.org/dac/stats/climate-change.htm

Le gouvernement français déclare avoir, au total, versé 0,07 milliard de dollars d’aides en 2014. L’aide à l’adaptation ne peut donc pas dépasser ce montant : http://cdr.eionet.europa.eu/fr/eu/mmr/colvhvngg/envvhvn5g/MMR_data_2014_France_V2.xlsx/manage_document

Le gouvernement américain déclare avoir donné 0,4 milliard de dollars d’aide à l’adaptation en 2014 (« Congressionally Appropriated Grant-based Assistance ») : http://www.state.gov/e/oes/climate/faststart/index.htm

Le gouvernement allemand déclare 0,84 milliard de dollars (0,79 milliard d’euros) d’aide à l’adaptation en 2014 : http://cdr.eionet.europa.eu/de/eu/mmr/art16_finance/envvi458q

Le gouvernement australien a déclaré avoir accordé 0,3 milliard de dollars australiens d’aide à l’adaptation pour 2010-2011 et 2012-2013, ce qui correspond à une moyenne de 0,1 milliard par an (soit 0,07 milliard de dollars américains au taux de change actuel).

Oxfam est un membre actif du C20 (Civil 20), le collectif qui représente officiellement la société civile nationale et internationale dans le cadre du G20 : www.c20turkey.org

Entre autres sujets abordé au G20 figurera la question dela réforme du système fiscal international sur laquelle Oxfam France travaille également.

Les chefs d’État et de gouvernement réunis devraient adopter un train de réformes proposées par l’OCDE afin de lutter contre les pratiques d’optimisation fiscale des entreprises. Ces réformes représentent certes une avancée relative, mais n’empêcheront pas les adeptes de l’évasion fiscale de soustraire aux pays pauvres comme aux pays riches des milliards de dollars de recettes publiques par an.

« Le G20 se déclare en faveur d’une croissance inclusive, mais ne fait pas grand-chose pour s’attaquer au modèle économique qui profite surtout aux grandes fortunes et laisse des millions de personnes souffrir de la faim à travers le monde. Des réformes fondamentales sont nécessaires pour assurer le partage des bénéfices de la croissance économique entre toutes et tous. Cela doit passer par une deuxième génération de réformes beaucoup plus profondes des règles internationales de l’impôt des sociétés, afin que tous les pays, riches et pauvres, puissent percevoir auprès des entreprises les recettes fiscales qui leur sont dues», explique Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam France