Conférence internationale sur le financement du développement (Doha, 29 novembre – 2 décembre 2008)

{{Doha : l'appel attendu de Nicolas Sarkozy}}

Si on ne peut que saluer la présence de Nicolas Sarkozy à Doha, seul chef d'Etat des pays riches à s'être rendu à la conférence sur le financement du développement, les déclarations du président français n'ont pas convaincu quant à la volonté politique française et européenne de ne pas sacrifier l'aide au développement sur l'autel de la crise financière.

« Je le dis à nos amis africains: nous serons au rendez-vous du développement ». Nicolas Sarkozy s'est voulu rassurant, samedi, lors de son allocution devant les participants à la conférence des Nations unies sur le financement du développement. Seul chef d'Etat des pays riches à s'être rendu à Doha, il a rappelé les engagements européens en matière d'aide au développement et assuré que l'aide de l'Union européenne aux pays pauvres ne serait pas sacrifiée sur l'autel de la crise financière et économique.

En tant que président en exercice de l'Union, il a assuré que l'Europe des 27, qui a versé en 2007 61 milliards de dollars d'aide publique au développement – soit 60% de l'aide mondiale -, respecterait sa promesse de consacrer au soutien des pays pauvres 0,7% de son produit intérieur brut en 2015.

Un message fort adressé aux pays bénéficiaires, mais au-delà de la déclaration d'intention, quid des moyens mis en oeuvre pour y parvenir ? « S'il y avait vraiment une volonté politique européenne de ne pas sacrifier le développement au nom de la crise financière, qui va jeter 40 millions de personnes dans la pauvreté dès le début de 2009, les chiffres de l’aide européenne suivraient » déclare Ariane Arpa, chef de la délégation d’Oxfam International.

Or, comme la plupart des pays européens et au vu de la tendance actuelle En 2007, le montant de l'aide française au développement a pour la première fois baissé depuis 2000. L’aide européenne a globalement diminué entre 2006 et 2007 d’1,5 milliard d’euros. Contrairement aux engagements internationaux, l’aide des cinq plus importants donateurs en volume est en baisse depuis 2006.], la France n’atteindra pas l’objectif de consacrer 0,56% de son Revenu National Brut à l’aide au développement d’ici 2010. Le gouvernement vient d’annoncer un projet de loi de finances pour les trois prochaines années qui n’accorde aucun réel effort budgétaire pour les pays pauvres.

« Pour être crédible, Nicolas Sarkozy doit présenter avec ses partenaires européens des calendriers clairs et contraignants d’augmentation de leur aide au développement pour atteindre l’objectif de 0,56% du Revenu National Brut d’ici 2010 » précise Maylis Labusquière, d’Oxfam France. « C'est ce que nous attendons du Conseil européen des 11 et 12 décembre prochains ».

« Faire de cette crise sans précédent, une opportunité pour changer le monde »

Autre volet du discours présidentiel : la réforme des institutions internationales et le renforcement du multilatéralisme. Nicolas Sarkozy a plaidé pour un élargissement du nombre des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, affirmant qu’il n’est pas raisonnable qu’aucun pays africain n’y soit représenté. Idem pour le G8, au « format aujourd'hui dépassé », le G20, auquel il voudrait voir associer l’Union africaine et le Conseil des Etats arabes du Golfe, et le FMI, au sein duquel les pays en voie de développement devraient avoir « une place et un poids beaucoup plus importants ».

Pourtant, alors que la crise financière a montré la faillite des institutions financières héritées de la Seconde guerre mondiale, « la réforme du FMI engagée en 2008 a seulement augmenté les droits de vote des pays en développement de 2%: une réforme sans suite qui n’a pas changé la donne !, rappelle Maylis Labusquière. Doha représente un test pour qu’une réforme radicale du fonctionnement du FMI et de la Banque mondiale soit présentée avant leurs Assemblées de printemps en 2009 ».

Le chemin à parcourir est encore long pour « faire de cette crise sans précédent, une opportunité pour changer le monde ». Preuve en est: l’absence remarquée des dirigeants du FMI et de la Banque mondiale, Dominique Strauss- Kahn et Robert Zoellick, à Doha.

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