Conférence internationale sur le financement du développement (Doha, 29 novembre – 2 décembre 2008)

{{Doha : un sommet d'actualité}}

Face à la crise financière, les enjeux pour le développement des pays pauvres sont plus que jamais d’actualité. La conférence internationale sur le financement du développement, qui s'ouvre le 29 novembre à Doha, au Qatar, est la première occasion de porter le débat au niveau des Nations unies.

A mi-parcours de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), décidés en 2000 par les Nations unies pour réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015, la Conférence de Doha, à laquelle participent plus de 180 pays, doit permettre d'effectuer un premier bilan des engagements pris en mars 2002 à Monterrey pour financer l'atteinte de ces OMD.

Lors de ce sommet, de nombreux chefs d'Etat avaient pris des engagements clairs pour assurer le développement dans les pays pauvres et garantir son financement, reconnaissant ainsi qu’au-delà des politiques des pays du Sud, des défauts structurels dans le système économique international empêchaient ces pays de récolter les fruits de la mondialisation. Six ans plus tard, aucun pays africain n’est dans les temps pour atteindre tous les objectifs du Millénaire pour le développement.

Ironie de l’histoire, une partie des mesures prônées par le Consensus de Monterrey (notamment l'ouverture rapide des marchés financiers et commerciaux) viennent de montrer leurs limites alors que les crises alimentaire, énergétique et financière remettent en cause les progrès jusqu’alors accomplis dans certaines parties du globe vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

Reste que les engagements en faveur de la mobilisation des ressources domestiques, au Sud, de l'augmentation de l'aide au développement, au Nord, et de la démocratisation des institutions internationales sont plus que jamais d'actualité. Oxfam France – Agir ici demande donc que ce sommet soit l’occasion de :

– Lancer un processus inclusif et transparent de réforme de l’architecture économique et financière mondiale sous l’égide des Nations unies, avec la pleine participation des pays en développement
La première mesure concrète de ce processus doit être d’acter à Doha une réforme ambitieuse de la gouvernance de la Banque mondiale et du FMI, sans laquelle ces institutions ne peuvent jouer un rôle central pour réguler la mondialisation .

– Mettre en avant la responsabilité des paradis fiscaux dans la perte des revenus fiscaux des pays pauvres
L’évasion fiscale des multinationales est une pratique qui représenterait à elle seule 160 milliards de pertes fiscales pour les pays en développement chaque année. Ce manque à gagner pourrait constituer la première source de financement stable et non lié à des conditionnalités extérieures pour développer des politiques publiques de santé et d’éducation.

– A minima mettre en œuvre les promesses d’aide au développement déjà faites
La Conférence de Monterrey avait poussé nombre de pays riches, au premier rang desquels l’Union européenne, à s’engager à consacrer 0,7% de leur Revenu National Brut à l’aide publique au développement pour financer les OMD. Pourtant, l’aide européenne a globalement diminué entre 2006 et 2007 d’1,5 milliard d’euros. Contrairement aux engagements internationaux l’aide des cinq plus importants donateurs en volume est en baisse depuis 2006. Cette aide a chuté entre 2006 et 2007 de 9,9% en termes réels pour les Etats-Unis, de 30,1% pour le Japon, de 15,9% pour la France et de 29,1% pour le Royaume Uni. ]

« L’aide au développement ne doit pas servir de variable d’ajustement budgétaire face à la crise financière que traversent les pays riches, comme ce fut le cas dans les années 1990 La récession économique au début des années 1990 a fait reculer les montants d’aide internationale de 25%; le niveau de 1992 n’a été atteint qu’en 2003.] souligne Maylis Labusquière, d'Oxfam France – Agir ici, qui assistera à la conférence. La conférence de Doha est une occasion unique de mettre en lumière les causes structurelles de la pauvreté et d’y apporter une réponse concrète et durable ».

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