Conférence ministérielle internationale sur l’avenir de l’Afghanistan : l’intensification des violences aura un impact dévastateur sur les civils afghans

Oxfam international a aujourd’hui prévenu que l’intensification et l’extension de la violence menace de dégrader la situation humanitaire dans certaines parties de l’Afghanistan. Selon Oxfam international, 8,5 millions d’Afghans sont déjà dans une situation vulnérable chronique et une détérioration des conditions de vie pourrait entraîner des pénuries alimentaires et menacer leur bien-être et leur santé de manière durable.

Oxfam international appelle les dirigeants internationaux, qui se réunissent aujourd’hui aux Pays-Bas, à consacrer dès maintenant davantage de ressources financières à l’aide d’urgence, de revoir leur stratégie d’assistance pour l’Afghanistan en profondeur et de donner priorité à la protection des civils.

Oxfam international appelle également la communauté internationale à poursuivre des stratégies de long terme qui donnent la priorité aux besoins et au bien-être des civils afghans et détaille ses propositions dans une note publiée aujourd’hui intitulée « Priorité aux civils afghans ».

Farah Karimi, Directrice d’Oxfam Novib aux Pays-Bas, qui participe à la conférence, déclare : « Aujourd’hui, les ministres vont passer des heures à débattre de la sécurité et de la lutte anti-terroriste, mais le conflit ne représente qu’une partie du problème. Les conditions de vie de beaucoup d’Afghans se détériorent, ou dans tous les cas, ne s’améliorent pas assez vite.»

« La France s’est engagée fortement en faveur de la reconstruction et du développement de l’Afghanistan en accueillant une conférence internationale à Paris en juin dernier. Elle doit faire en sorte que les engagements pris à Paris portent leurs fruits. Pour cela, il est essentiel qu’elle poursuive ses efforts d’assistance, mais elle doit également œuvrer à ce que les projets soient mieux coordonnés et répondent davantage aux besoins des civils. En outre, elle doit veiller à ce qu’il y ait moins d’aide distribuée à travers des entreprises privées et les forces de sécurité internationale. Enfin, elle doit contribuer à faire pression sur le gouvernement afghan pour qu’il lutte contre la corruption » souligne Nicolas Vercken, d’Oxfam France.

Les gouvernements ainsi que les autres bailleurs de fonds qui se rencontrent aujourd’hui doivent consacrer des ressources au plan d’action humanitaire. Des secteurs essentiels de l’appel d’urgence – qui s’élève aujourd’hui à 648 millions de dollars – manquent de financements, voire ne sont pas financés du tout.

« L’appel d’urgence humanitaire lancé l’année dernière n’est à ce jour financé qu’à hauteur de 50%. La malnutrition met en péril la santé de plus d’un million de jeunes enfants et de 500 000 femmes, mais un programme de réponse humanitaire n’est pour l’instant financé qu’à seulement 42%. Les secteurs essentiels de la santé et de l’éducation ne sont quant à eux financés qu’à à peine 2% » ajoute Nicolas Vercken.

« La stabilité et la prospérité ne sont possibles qu’au prix d’efforts immédiats pour améliorer la vie quotidienne des Afghans. Jusqu’à présent, les résultats n’ont pas été à la hauteur. La réponse à la poursuite de la crise humanitaire s’est avérée lente, fragmentée et insuffisante. L’aide n’est pas efficace, une trop large part étant dépensée dans des projets d’entrepreneurs étrangers ou qui ne profitent pas aux Afghans les plus vulnérables » poursuit Farah Karimi.

Davantage d’argent doit être consacré à l’agriculture et au développement rural afin de résoudre les causes sous-jacentes de la crise alimentaire actuelle. A titre d’exemple, dans la province de Daikundi, où 500 000 personnes dépendent de l’agriculture, le budget du Département de l’agriculture destiné à l’amélioration de l’élevage local ne s’élevait qu’à 2 400 dollars en 2007.

Farah Karimi affirme: « La plupart des Afghans dépendent de l’agriculture pour nourrir leur famille ou pour gagner leur vie mais ce secteur ne reçoit qu’une minuscule fraction de l’aide internationale. Consacrer davantage d’aide à l’agriculture rendrait l’Afghanistan moins vulnérable aux pénuries alimentaires et fournirait des alternatives viables à la culture du pavot, utilisé dans la production de l’opium »

Pour Oxfam international, une stratégie nationale de consolidation de la paix et de résolution du conflit basée sur les civils est également nécessaire pour assurer plus de sécurité aux Afghans dans leur vie quotidienne. Les processus de paix doivent être développés à tous les niveaux, du local au national, sans négliger le régional.

Notes

En juin 2008, la France avait accueilli la précédente conférence internationale de soutien à l’Afghanistan. Celle-ci avait permis de lancer la stratégie nationale de développement de l'Afghanistan et de collecter des promesses de dons à hauteur de 20 milliards de dollars. Un accord avait été conclu sur la nécessité du renforcement du rôle de coordination des Nations unies afin d’améliorer la qualité de l’aide. Divers engagements y avaient été pris, dont ceux de renforcer les infrastructures agricoles, d’améliorer la fourniture de services aux Afghans et de lutter contre la corruption.

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