Crise alimentaire au Sahel : des réponses urgentes et sur le long terme sont indispensables

Depuis plusieurs mois, les signes annonciateurs d'une crise alimentaire au Sahel se multiplient. Le pays le plus touché est le Niger, mais des régions au Tchad, au Mali, au Burkina Faso et au Nigeria sont également affectées. Ces prochains mois, ce sont près de dix millions de personnes dans la région qui sont menacées par une grave crise alimentaire.

« Les populations du Sahel Après les autorités du Niger et du Tchad, qui ont reconnu officiellement la gravité de la situation, la Commissaire à la Sécurité Alimentaire du gouvernement du Mali a déclaré la semaine dernière que 43 communes du Nord-est du pays faisaient face à des menaces réelles et a annoncé la mise en place d'un programme national de réponse.] font face à une situation de faim et de malnutrition chronique depuis plusieurs années. Dans cette situation de précarité, tout événement imprévu, comme le manque de pluie l'année dernière, plonge les populations dans une situation de crise. Si rien n'est fait aujourd'hui, celle-ci s'annonce dévastatrice », affirme Jean-Denis Crola, d'Oxfam France.

La coordinatrice du système de l'ONU et de l'action humanitaire au Niger a appuyé ce constat hier soir à New York La Coordonnatrice résidente du système de l'ONU et de l'action humanitaire au Niger a déclaré hier que le Niger est en proie à une crise alimentaire sans précédent, menaçant plus de la moitié de la population du pays. Elle se trouvait à New York pour mobiliser des ressources et nouer des contacts avec les partenaires à l'appui d'un Plan d'action centré sur la promotion de deux priorités: la sécurité alimentaire et la nutrition. Un appel formel d'Ocha devrait être rendu public le 6 avril lors d'une conférence de presse à Genève.]. Dans les régions pastorales du Niger, la période entre avril et juin sera la plus difficile, et la crise devrait s'étendre jusqu'à septembre dans les régions agricoles. La chute des récoltes, de plus de 25% au Niger, notamment en raison des pluies erratiques et insuffisantes de 2009, explique en partie cette crise 2010 risque d'être la pire année depuis 2005 pour les ménages Nigériens. Près de 60% de la population Nigérienne fait face à une situation d'insécurité alimentaire. La communauté pastorale est la plus touchée : selon Dodo Boureima, Président du Réseau Bilital Maroobé, « nous sommes passés d'une situation d'alerte précoce à celle de crise. La disponibilité et l'accessibilité aux principaux aliments pour le bétail sont limitées dans la zone pastorale et agropastorale ».]. Les réserves, au niveau local comme au niveau national, seront insuffisantes dans les prochains mois.

« A la crise de disponibilité des aliments s'ajoute à une crise récurrente des prix : les produits alimentaires demeurent trop chers pour de nombreux ménages pauvres : dans l'Ouest du Niger, les prix du millet ont augmenté de 20 à 25%, ceux du sorgho jusqu'à 50% en décembre 2009 », explique Jean-Denis Crola.

Pour Oxfam France, les pays donateurs, les gouvernements ouest-africains et les Nations unies doivent apporter de toute urgence une réponse coordonnée et dotée de ressources suffisantes pour éviter une catastrophe dans les prochains mois. Il est nécessaire que des organismes régionaux comme la Cedeao assurent un rôle de premier plan au niveau régional et que les agences des Nations unies, les ONG locales et internationales collaborent avec les autorités nationales pour mettre en œuvre un plan d'intervention global.

Oxfam France souligne qu'en plus de réponses urgentes pour éviter une catastrophe humanitaire, il est indispensable de s'attaquer aux causes profondes de la faim et la malnutrition dans la région. Les pays donateurs doivent soutenir les politiques et programmes agricoles et alimentaires nationaux en cours d'élaboration, centrés sur le développement de l'agriculture familiale.

Oxfam France rappelle que les populations rurales en Afrique de l'Ouest ont été délaissées des investissements publics comme de la communauté internationale [[L'agriculture familiale et vivrière, dont dépend 80% de la population dans certains pays pour vivre, a été particulièrement touchées par le désinvestissement. Les paysans ont un très faible accès aux ressources productives (engrais, semences, eau, terres) aux infrastructures (transport, stockage, accès au marché) et font face à de nouvelles menaces : changement climatique, accaparement des terres, qui hypothèquent leur développement.]]. Entre 2001 et 2007, l'agriculture a représenté en moyenne moins de 5% du total de l'aide publique au développement (APD) en Afrique de l'Ouest. De plus, ces financements, délivrés sous forme de projets, sont peu coordonnés et trop souvent déconnectés des programmes nationaux. Ce manque de coordination nuit fortement à l'efficacité sur le terrain et au contraire affaiblit les capacités locales. [[Oxfam International a publié en novembre 2009 un rapport faisant le bilan de la coordination des interventions des bailleurs de fonds dans trois pays d'Afrique de l'Ouest (Niger, Burkina Faso, Ghana). Au-delà de l'augmentation nécessaire des investissements dans l'agriculture, le [rapport « Des promesses aux réalités de terrain »| »Aide à l'agriculture : des promesses aux réalités de terrain – L’état de la coordination des interventions dans 3 pays d’Afrique de l’Ouest », rapport de recherche – Oxfam International (nov. 2009)->IMG/pdf/Oxfam_des-promesses-aux-realites-de-terrain.pdf] appelle à un changement de paradigme sur la manière dont l'aide est délivrée sur le terrain, afin de soutenir la mise en œuvre de politiques agricoles et alimentaires répondant aux besoins des populations de ces pays.]]

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