Crise alimentaire : le sommet de la FAO mal parti pour s’attaquer à la crise alimentaire

Pour Oxfam France, les gouvernements réunis au Sommet mondial de l’alimentation, qui se déroule à Rome du 16 au 18 novembre prochain, risquent de laisser passer encore une fois une réelle opportunité de s’attaquer à la crise alimentaire.

A l’heure actuelle, aucun dirigeant du G8 n’a confirmé sa présence à Rome, laissant supposer que la sécurité alimentaire mondiale n’est pas une priorité de leurs agendas politiques. Il est pourtant crucial que Nicolas Sarkozy, ainsi que les autres dirigeants du G8, soutiennent fortement ce rendez-vous des Nations unies. Il est également essentiel qu’ils relèvent le niveau d’engagement de la déclaration finale du Sommet.

La déclaration actuelle, finalisée mardi 10 novembre au soir, recycle essentiellement des promesses déjà faites. Les signataires s’y engagent à mieux coordonner leurs interventions en faveur de la sécurité alimentaire, à investir dans les politiques nationales, à consacrer 0,7 % de leur PNB à l’aide publique au développement et à atteindre le premier des Objectif du millénaire pour le développement visant à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici à 2015.

Cet été en Italie, les pays du G8 s’étaient engagés sur 20 milliards de dollars sur trois ans pour l’agriculture ; or ces 20 milliards ne sont qu’un mirage car moins d’un quart de cette somme est constitué d’argent frais. Cela ne représente donc en réalité qu’un peu plus de 3 dollars pour chaque personne souffrant de la faim.

« Cette déclaration, dans sa version finalisée mardi, n’est rien d’autre qu’une addition de promesses ressassées » souligne Jean-Denis Crola d’ Oxfam France qui sera présent au sommet. « Elle engage une fois de plus les dirigeants mondiaux à diminuer la faim de moitié d’ici à 2015 mais ne met en place aucun mécanisme permettant de les rendre responsables de leurs actes, alors que le Comité mondial pour la sécurité alimentaire des Nations unies offre une plateforme idéale pour un tel mécanisme. Malheureusement, les promesses ne nourrissent personne ».

Pour relancer la production alimentaire, de nombreux pays riches proposent une réponse unique : l’utilisation toujours plus importante d’engrais chimiques et de nouvelles technologies, en particulier en Afrique. Mais sans réponse durable aux problèmes structurels de la crise alimentaire, cela n’offrira qu’une aide à court-terme aux agriculteurs pauvres. Au final, les pays en développement resteront bloqués dans le cercle vicieux des crises alimentaires et des dégradations environnementales.

« Nous avons au contraire besoin de meilleures politiques, de meilleurs institutions, de services et de formations agricoles pour encourager une agriculture durable adaptée aux contraintes locales écologiques. Ce sommet oublie également d’autres groupes vulnérables comme les paysans sans terre et les populations pauvres des villes qui ont désespérément besoin d’une protection sociale sur le long terme et de moyens de subsistance plutôt que d’aide alimentaire à court terme » ajoute Jean-Denis Crola.

Notes

– Les Nations unies elles-mêmes rappellent qu’entre 25 et 40 milliards de fonds publics sont nécessaires chaque année pour atteindre le premier des Objectifs du Millénaire pour le développement, réduire de moitié la faim dans le monde d’ici 2015.

– Jean-Denis Crola, chargé de plaidoyer pour Oxfam France, est présent à Rome du 13 au 18 novembre et disponible pour des interviews sur place et par téléphone.

Contact

Contact presse :

agali RUBIN : 01 56 98 24 45 – 06 30 46 66 04

Notes aux rédactions