Crise alimentaire : l’urgence d’une action à long terme

A l’occasion de la conférence internationale sur l’agriculture en Afrique sub-saharienne, organisée à Paris par la France les 8 et 9 décembre, Oxfam France publie{{ un [rapport->doc63] réalisé par Oxfam International et Save the Children sur les conséquences de la crise alimentaire dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest.}}

Cette étude a été menée au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger entre avril et juin 2008. Elle conclut que malgré les bonnes récoltes attendues cette année dans le Sahel, la question de l’accès à la nourriture continue à se poser aujourd’hui et se posera au cours des mois à venir.

Pour la première fois, la hausse des prix alimentaires frappe non seulement les ménages pauvres ruraux mais aussi les ménages urbains, jusque-là relativement épargnés par les questions d’insécurité alimentaire de la région. Mais les populations rurales qui dépensent jusqu’à 80% de leurs revenus dans l’alimentation sont les plus touchées.

« Cette crise s’est traduite par une soudaine hausse des prix des produits alimentaires qui a ébranlé les populations les plus vulnérables. Entre 2005 et 2008, ces prix ont augmenté de 83% au niveau mondial, et ont précipité près de 120 millions de personnes supplémentaires dans la faim » déclare Jean-Denis Crola, d’Oxfam France.

Dans la région du Sahel, les familles pauvres ont d’abord utilisé des mécanismes classiques de survie comme réduire la qualité et le nombre de repas, voire dépenser moins pour la santé ou l’éducation. Beaucoup ont dû vendre leur bétail, menaçant ainsi leurs moyens de subsistance sur le long terme.

S’il est bien entendu indispensable de soutenir la production et de remettre l’agriculture au cœur des agendas de développement, Oxfam France insiste sur la nécessité de privilégier le soutien à l’agriculture familiale et aux petits agriculteurs, qui, contrairement aux idées reçues, n’ont pas profité de la hausse des prix alimentaires. Il est donc crucial de soutenir les petits exploitants par des actions ciblées, comme améliorer leur accès à la terre, au crédit ou l'octroi de semences et de fertilisants, mais également de développer les infrastructures.

« Les produits alimentaires sont bien disponibles sur les marchés, mais les populations n’ont pas les moyens de les acheter. Les Etats du Sahel, avec le soutien de la communauté internationale, doivent faciliter l’accès des plus démunis aux produits de premières nécessité et garantir leur pouvoir d’achat. Il faut mettre en place des systèmes de protection sociale complets et, entre autres, garantir des stocks de semence suffisants » explique Eric Hazard d’Oxfam international en Afrique de l’Ouest.

Oxfam France appelle lors de cette conférence les pays de l’Union européenne et les Etats africains à engager des réformes de fond pour la mise en œuvre de politiques agricoles durables et à investir dans la prévention des futures crises alimentaires.

« Au-delà des crises économique et financière mondiales, n’oublions pas qu’aujourd’hui encore, les populations des pays du Sud subissent les conséquences dramatiques de la crise alimentaire » rappelle Jean-Denis Crola.

Dans la région du Sahel, le rapport « L’urgence d’une action à long terme» d’Oxfam international et de Save the Children appelle en particulier à :

– Répondre de manière durable aux besoins alimentaires immédiats des populations en insécurité alimentaire, notamment grâce à des financements plus flexibles et durables.

– Mettre en place pour cela des stratégies de protection sociale pour permettre aux populations de faire face aux chocs actuels et futurs.

– Transformer les systèmes d’information, basés sur la production et l’alerte précoce, de manière à prendre en compte les facteurs de marchés et de pouvoir d’achat.

– Créer les conditions politiques permettant aux producteurs agricoles non seulement de bénéficier de la hausse des prix, mais aussi d’être protégés en cas de baisse des cours.

– Accélérer la mise en œuvre de la politique agricole de la CEDEAO et de l’Offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim.

Notes

– Eric Hazard sera à Paris du 8 au 10 décembre et disponible pour des interviews

Contact

Contact presse :

agali Rubin , tél. 01 56 98 24 45 (ligne directe) 06 30 46 66 04

Notes aux rédactions