Déplacement de Bernard Kouchner au Tchad / Passage de relais UE – Nations unies L’insécurité persiste au Tchad et la paix est toujours illusoire

Alors que Bernard Kouchner se rend au Tchad pour assister au passage de relais entre la force européenne et la mission de l’ONU le 15 mars, Oxfam France affirme que l’insécurité des civils et le banditisme continuent de sévir à l’Est du Tchad.

Bien que le déploiement des soldats de l’Union européenne, l’année dernière, ait contribué à ramener un sentiment de sécurité au sein d’une partie de la population, la situation sécuritaire sous-jacente ne s’est pas améliorée de manière significative. Oxfam France souligne que l’actuel processus de paix et de démocratisation est dans l’impasse, mettant en danger la sécurité des civils à travers le pays. La nouvelle force (MINURCAT II) souffrira des mêmes défauts que son prédécesseur si elle n’adopte pas une approche plus globale.

« Les crimes demeurent impunis et le banditisme une réalité à laquelle des milliers de civils sont confrontés au quotidien. Les soldats de l’ONU doivent faire preuve de détermination et réagir contre ces violations dès leur arrivée au Tchad. La MINURCAT devrait contribuer à résoudre la situation sécuritaire en s’attaquant directement aux pillages et au banditisme rampants », déclare Pauline Ballaman, responsable des programmes d’urgence d’Oxfam International au Tchad.

Selon Oxfam International, les violences sexuelles augmentent et les groupes armés continuent de recruter des enfants soldats en toute liberté. De récents affrontements interethniques au Nord Est du Tchad ont blessé et déplacé de nombreuses personnes et forcé les familles à fuir leurs foyers. Les femmes ont, quant à elles, peur de quitter les camps pour cultiver leurs champs et ramasser du bois de chauffe.

Oxfam International relève également que les organisations humanitaires sont désormais des cibles délibérées et que, suite à des attaques contre leurs personnels et leurs opérations, elles sont contraintes dans certains cas de suspendre des opérations et à abandonner à elles-mêmes les populations. Depuis le mois de novembre dernier, on enregistre en moyenne 25 attaques chaque mois, alors que plus de 10 attaques contre des travailleurs humanitaires ont été déclarées depuis le début de l’année 2009. Plusieurs ONGs ont dû temporairement suspendre leurs opérations à cause du niveau élevé d’insécurité.

« La nouvelle force onusienne doit faire de la lutte contre l’insécurité à grande échelle sa priorité. Les habitants continuent de vivre dans la peur et l’insécurité au Tchad. Les femmes sont victimes d’attaques et de viols lorsqu’elles partent à la recherche de nourriture pour leurs familles et les travailleurs humanitaires subissent également de plus en plus d’attaques. Alors que l’EUFOR quitte le pays, il est indispensable de crier haut et fort que l’insécurité demeure très répandue », ajoute Pauline Ballaman.

La communauté internationale et l’UE en particulier doivent intensifier leurs efforts pour promouvoir un processus de paix inclusif.

« L’Union européenne (UE) a déployé la plus onéreuse de ses missions au Tchad mais elle n’a obtenu que peu de résultats : les questions d’impunité, d’Etat de droit et de gouvernance sont toujours dans l’attente d’un règlement courageux afin de permettre à tous les civils tchadiens de se sentir plus en sécurité à moyen et à long terme. L’UE doit désormais concentrer ses efforts sur un processus de paix et de démocratisation plus large et s’y tenir », commente Nicolas Vercken, d’Oxfam France.

La France a fourni la majorité des effectifs de la force européenne et sera encore le pays le plus présent au sein de la force onusienne. En outre, avec plus de 2 800 militaires présents sur place Dont 1668 déployés au 06 janvier 2009 dans le cadre de l’opération Eufor Tchad RCA et 1150 dans le cadre de l’opération Epervier.
], le Tchad a été en 2008 le pays qui a compté le plus grand nombre de soldats français déployés en opération à l’extérieur de nos frontières. Cela confère à la France un poids et une responsabilité de premier plan dans les efforts internationaux de stabilisation du Tchad et de protection des civils à l’intérieur de ce pays.

« La France doit faire en sorte que la société civile, les groupes armés, ainsi que les dirigeants traditionnels et religieux soient rassemblés pour régler les causes profondes du conflit. Sans un processus politique global, il n’y aura pas de paix durable au Tchad » affirme Nicolas Vercken.

Oxfam exprime également ses craintes après la décision du Soudan de révoquer les autorisations de travail de 13 ONGs internationales au Nord du Soudan, laquelle est susceptible de provoquer de nouvelles arrivées, les réfugiés soudanais recherchant aide et protection au Tchad. On compte déjà plus de 250 000 réfugiés soudanais, 180 000 déplacés internes (IDPs) et environ 70 000 réfugiés de République centrafricaine au Tchad. Oxfam International s’inquiète quant à la capacité tchadienne d’absorber encore davantage de réfugiés alors que la situation sécuritaire demeure des plus instables.

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