Dans son dernier rapport « Derrière le code-barres : des inégalités en chaînes », Oxfam révèle comment des millions de femmes et d’hommes qui produisent la nourriture que nous consommons vivent dans la pauvreté tandis que l’industrie agro-alimentaire engrange toujours plus de bénéfices. 12 produits de consommations courante dans plusieurs pays du monde ont été passés au crible [1] et le constat est sans appel : le modèle économique de l’industrie agro-alimentaire alimente les inégalités et génère des souffrances humaines parmi les travailleurs. Travail forcé, salaires de misère, insécurité alimentaire, violations des droits humains et des droits du travail sont autant d’ingrédients qui composent les aliments que nous consommons.
- Les supermarchés et les intermédiaires (grandes marques, négociants) captent à eux seuls plus des 4/5 du prix final payé par le consommateur, 86,7%, ne laissant que 6,5 % en moyenne aux travailleurs et aux producteurs. Pour des produits comme le jus d’orange brésilien, les haricots verts du Kenya, le thé indien, la crevette vietnamienne et le thon en conserve thaïlandais, la part du prix final à la consommation revenant aux paysans ou aux travailleurs s’élevait à moins de 5 % en 2015.
- Sur un kilo de crevettes provenant du Viet Nam puis vendues en France en 2015 à 15,68 euros, seulement 48 centimes ont été reversés à l’ouvrier vietnamien.
- La majorité des paysans et des travailleurs des chaînes d’approvisionnement des supermarchés ne sont pas rémunéré à un salaire vital. Pour certains produits, comme le thé indien et les haricots verts kenyans, les revenus moyens des travailleurs n’atteignent même pas la moitié du minimum nécessaire pour leur assurer un niveau de vie élémentaire. L’écart entre un salaire vital et ce qui est effectivement perçu est encore plus grand dans les filières où les femmes constituent la majorité de la main d’uvre.
- La pression exercée par les supermarchés sur les bas salaires est telle qu’il faudrait 64 ans pour que les cueilleuses de thé en Inde parviennent à gagner autant que le PDG de Carrefour en une journée.
- Il suffirait de reventiler seulement 13 centimes du prix de vente du kilo de crevettes – soit moins de 1% du prix – pour garantir un salaire décent aux travailleurs vietnamiens en bout de chaîne de production.
- Alors que beaucoup de travailleurs et de paysans vivent dans la pauvreté, les huit plus grandes chaînes mondiales de supermarchés cotées en bourse ont réalisé 22 milliards de dollars de bénéfices dont 15 milliards de dollars ont été reversés à leurs actionnaires en 2016, soit près des deux tiers.
- En France, Carrefour a réalisé en 2016, 894 millions de bénéfices et reversé 510 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires. Si l’entreprise n’avait reversé ne serait-ce que 1 % de ce montant aux ouvriers vietnamiens dans le secteur de la transformation de la crevette, plus de 14.200 d’entre eux auraient pu accéder à un revenu vital.
- En Thaïlande, plus de 90 % des travailleurs interrogés dans les usines de transformation de fruits de mer ont déclaré avoir souffert de la faim au cours du mois écoulé [2].
- Verser un salaire décent à tou.te.s les travailleu.r.se.s de la chaîne de production, en exigeant des entreprises qu’elles s’abstiennent de rétribuer les actionnaires par le biais de dividendes ou de rachats tant que des mesures n’ont pas été prises pour garantir qu’elles paient des prix assurant un revenu décent à la main-d’uvre ou aux productrices et producteurs de leurs principales chaînes d’approvisionnement
- Limiter les écarts démesurés de revenus au sein d’une même entreprise, en instaurant la transparence sur les écarts de salaires dans les entreprises avec l’obligation de rendre publiques, dans leur rapport annuel un ensemble de données de base concernant les rémunérations des salariés du groupe dont : la rémunération médiane, la rémunération moyenne et la rémunération la plus basse ou encore la distribution (par décile) de la rémunération totale et moyenne de cette rémunération totale au sein de chaque décile.
- Mettre fin aux versements record de dividendes pour les actionnaires au détriment des salariés, notamment en exigeant des grandes entreprises qu’elles garantissent qu’après investissement, la part des bénéfices reversée sous formes de dividendes ne représente pas davantage que la part des bénéfices redistribuée aux salariés.