Le deuxième cas d’Ebola à Goma montre que l’épidémie pourrait se propager de façon incontrôlable

Un an après la déclaration du premier cas de l’épidémie actuelle d’Ebola en République Démocratique du Congo (RDC), et plus de 1800 décès après, la situation incontrôlable continue et risque de s’aggraver à cause d’un contexte de conflits, déplacements et insuffisance de soins de santé.

Alors que des progrès ont été réalisés pour contenir le virus, qui a déjà coûté la vie à plus de 1 800 personnes, un deuxième cas vient d’être signalé à Goma, la plus grande ville de l’Est de la RDC, avec environ deux millions d’habitants. Cela vient s’ajouter aux décès récemment signalés de l’autre côté de la frontière en Ouganda, montrant ainsi le potentiel dévastateur d’une spirale incontrôlable de la maladie.

« Nous espérons sincèrement que ce nouveau cas à Goma soit un cas isolé, car le virus pourrait se propager rapidement dans une ville frontalière qui compte deux millions d’habitants. » A déclaré Jon Cerezo, responsable de campagne humanitaire d’Oxfam France.

Les troubles généralisés causés par l’augmentation de la violence et des déplacements dans le pays entravent les efforts de contrôle de l’épidémie d’Ebola, qui s’inscrivent dans un contexte de crise humanitaire beaucoup plus vaste. Dans l’ensemble de la RDC, plus de 12,8 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, mais le pays n’a reçu que le quart du financement d’urgence dont il a besoin pour cette année, ce qui laisse un déficit de 1,2 milliard de dollars.

La réponse à l’épidémie devient encore plus complexe du fait que ces conflits provoquent l’incessant déplacement de milliers de personnes. Dans la province de l’Ituri, des centaines de milliers de personnes vivent dans des camps de fortune surpeuplés, 25 d’entre eux ont doublé de taille au cours du mois dernier. La situation devient catastrophique, avec très peu d’eau potable et d’assainissement, des conditions très propices à la propagation de maladies.

Par ailleurs, des dizaines de milliers d’autres personnes déplacées vivent au sein des communautés d’accueil, ce qui exerce une pression supplémentaire sur des personnes qui sont déjà extrêmement vulnérables et qui n’ont pratiquement aucun accès aux soins de santé.

« La crise bénéficie depuis quelques semaines d’une attention à niveau globale, ce nouveau cas à Goma montre que cela est désespérément nécessaire, mais que la crise au sens large est largement ignorée. Il est essentiel que des fonds soient également fournis pour aider les millions de Congolais qui ont été déplacés par la violence, y compris ceux qui ont récemment fui vers des camps en Ituri. Des efforts internationaux sont également nécessaires de toute urgence pour s’attaquer aux causes profondes de la violence qui sévit en RDC depuis des décennies. » A ajouté Corinne N’Daw, directrice pays d’Oxfam en RDC

L’insuffisance des systèmes de santé en RDC exacerbe l’inefficacité de la réponse jusqu’à présent : avant la dernière épidémie d’Ebola, il n’y avait que neuf médecins capacités chaque 10 000 habitants dans le pays. A Butembo, l’une des zones les plus touchées, près de 50 % des agents de santé interrogés ont déclaré ne pas se sentir suffisamment formés pour pouvoir identifier un cas suspect, ou encore à Madima, où 200 cas ont été signalés, le 75 % des agents de santé interrogés estimaient ne pas avoir reçu une formation suffisante pour combattre efficacement l’épidémie.

La réalité à vue de nos collègues sur le terrain est sans appel : il est fondamental pour les équipes et agents de santé locaux de recevoir plus de formation, de soutien et de ressources pour répondre efficacement et créer des liens de confiance avec les communautés touchées, un problème majeur jusqu’à présent dans l’intervention.

 

Contact presse:
Jon Cerezo, responsable de campagne humanitaire, 06 51 15 54 38

Notes aux rédacteurs :

  • Oxfam travaille en RDC depuis des décennies et a porté assistance à plus de 1,3 million de personnes au cours de l’année écoulée. La réponse d’Oxfam au virus Ebola a aidé plus de 600 000 personnes en travaillant directement avec les communautés touchées pour instaurer la confiance et aider à prévenir la propagation de cette maladie mortelle ainsi qu’à améliorer l’accès à l’eau potable.
  • 12,8 millions de personnes en RDC sont en besoin d’une aide humanitaire selon l’UNOCHA : Des enquêtes sur les agents de santé ont été menées par le Groupe des sciences sociales et de la recherche sous la direction du Ministère de la santé.
  • Les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le nombre de cas d’Ebola et de décès peuvent être consultés ici
  • Selon le Service de suivi financier de l’UNOCHA, les donateurs n’ont actuellement promis que 25,2 % des fonds nécessaires pour le plan d’intervention de l’ONU en RDC en 2019
  • Selon l’OMS, il y a 0,9 médecin pour 1000 personnes en RDC