Discours de Ouagadougou : un rendez-vous manqué pour l’aide au développement !

Réaction d’Oxfam France au discours d’Emmanuel Macron, le 28 novembre 2017 à Ouagadougou (Burkina Faso)

Alors qu’Emmanuel Macron vient de prononcer son discours de politique africaine à Ouagadougou ce mardi 28 novembre, et a redit son ambition « ferme et exigeante » de consacrer à l’issue de son quinquennat 0,55 % du revenu national brut de la France à l’aide publique au développement, Oxfam regrette une nouvelle fois l’absence d’annonces concrètes du président pour tenir cet objectif.

Ce discours tant attendu devait être l’occasion pour le Président de la République de présenter une trajectoire budgétaire crédible pour concrétiser son engagement d’allouer 0,55% de la richesse nationale à l’aide publique au développement d’ici 2022. Malgré les attentes de la société civile, l’absence d’annonces concrètes en ce sens marque un rendez-vous manqué pour l’aide au développement.

Michael Siegel, chargé de Plaidoyer à Oxfam France réagit : « Malgré les belles paroles du Président de la République pour soutenir le développement économique et social de l’Afrique, le compte n’y est pas ! Emmanuel Macron s’est engagé à augmenter l’aide de 6 milliards d’euros d’ici 2022, or pour l’instant le budget 2018 prévoit une hausse minime de seulement 100 millions d’euros.

Nous demandons au Président de ne pas attendre pour concrétiser ses promesses sur l’aide au développement. Il est encore possible de rectifier le tir en allouant 100 % de la taxe sur les transactions financières à la lutte contre l’extrême pauvreté et le changement climatique. Cela dégagerait 700 millions d’euros supplémentaires dès l’année prochaine et permettrait, par exemple, à plus d’un millions d’enfants d’accéder à l’éducation primaire. »

Pour l’ONG, non seulement, le discours de Ouagadougou ne propose pas de moyens financiers ambitieux, mais en outre il marque un glissement inquiétant s’agissant de la vision politique du gouvernement sur l’aide au développement : les enjeux migratoires et sécuritaires semblent désormais prendre le pas sur le devoir de solidarité internationale en Afrique.

Michael Siegel, porte-parole d’Oxfam France réagit : «La gestion des flux migratoires et la lutte contre le terrorisme sont au cœur du discours d’Emmanuel Macron sur l’aide en Afrique. Alors que des millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, à des soins de santé de base et à l’éducation primaire dans les pays africains, il n’est pas acceptable que l’accès aux services essentiels et la lutte contre l’extrême pauvreté soient relégués au second plan de notre politique étrangère.»

Par ailleurs, en mettant les intérêts des acteurs privés au cœur de la stratégie française pour l’accès à la santé en Afrique, le risque est grand de tendre vers une privatisation des services de santé de base.

Michael Siegel, complète : « Le Président a fait le bon diagnostic mais apporte la mauvaise solution. Oui, il faut renforcer les systèmes de santé dans les pays Africains mais cela ne doit pas passer par davantage de soutien aux fonds d’investissements privés ou encore aux assureurs français. Au contraire, le Gouvernement français doit mobiliser des financements publics plus conséquents pour soutenir la couverture santé universelle.»

Enfin, alors que la France accueillera le 12 décembre prochain un sommet sur les financements climat, Armelle Le Comte, responsable plaidoyer Climat et énergie chez Oxfam, réagit :

« Emmanuel Macron aura l’opportunité de faire des annonces concrètes, à la hauteur de l’ambition affichée sur les financements pour l’adaptation au changement climatique et les énergies renouvelables qui sont indispensables. Cela implique que les acteurs publics français, en particulier l’Agence française de développement revoient leurs politiques afin d’être véritablement exemplaires. L’AFD continue de consacrer 8 % de ses financements aux énergies fossiles et les projets qu’elle soutient ne bénéficient pas suffisamment aux pays les plus pauvres. Emmanuel Macron a l’opportunité d’inverser la donne dans deux semaines à Paris. »

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Caroline Prak
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