En 2016, les 1 % les plus riches possèderont plus que le reste de la population mondiale

Dans une nouvelle étude publiée en amont de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, Oxfam a calculé que l’an prochain, à moins de freiner la tendance actuelle à l’augmentation des inégalités, le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches du monde dépassera celui des autres 99 % de la population.

L’organisation internationale de développement, dont la directrice générale, Winnie Byanyima, coprésidera l’édition 2015 de Davos, souligne aujourd’hui que l’explosion des inégalités entrave la lutte contre la pauvreté dans le monde, alors qu’une personne sur neuf ne mange pas à sa faim et que plus d’un milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. Oxfam réclame l’organisation cette année d’un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles fiscales internationales.

L’étude « Insatiable richesse », publiée aujourd’hui par Oxfam, montre que la part du patrimoine mondial détenu par les 1 % les plus riches est passée de 44 % en 2009 à 48 % en 2014, et dépassera les 50 % en 2016. En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte.
Le reste du cinquième le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial alors que les autres 80 % de la population mondiale ne se partagent que les 5,5 % restant.

« L’ampleur des inégalités mondiales est tout simplement vertigineuse et, malgré les questions brûlantes qui font l’actualité, le fossé entre les grandes fortunes et le reste de la population se creuse rapidement », souligne Winnie Byanyima. « Au cours des douze derniers mois, les dirigeant-e-s du monde ont, à l’instar du président Obama et de Christine Lagarde, de plus en plus évoqué le besoin de réduire les inégalités extrêmes. Mais pour beaucoup, nous attendons encore qu’ils joignent le geste à la parole. Il est temps que nos dirigeant-e-s s’attaquent aux intérêts particuliers des poids lourds qui font obstacle à un monde plus juste et plus prospère ».

En France, François Hollande a lui aussi souligné à plusieurs reprises l’importance d’une mobilisation internationale dans la lutte contre l’évasion fiscale.  
« Pourtant, en août dernier à l’occasion de la réunion du comité intergouvernemental sur le financement du développement durable (ICESDF) à New-York, la France a bloqué le renforcement du comité fiscal des Nations unies », ajoute Manon Aubry, d'Oxfam France. « Il est temps que la France mette en adéquation ses paroles et ses actes et soutienne activement l’organisation de ce sommet mondial sur la fiscalité ».

L’an dernier, Oxfam a créé l’événement à Davos en révélant que les 85 personnes les plus riches possédaient autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Elles sont aujourd’hui 80 à posséder autant que 3,5 milliards de personnes, ce qui représente une spectaculaire accélération de la concentration de la richesse, si l’on considère que ce chiffre s’élevait à 388 en 2010. En termes nominaux, le patrimoine des 80 personnes les plus riches du monde a doublé entre 2009 et 2014.

Oxfam appelle les États à adopter un plan en sept points pour lutter contre les inégalités :
– Mettre un frein à l’évasion fiscale des entreprises et des grandes fortunes, notamment en organisant cette année un sommet mondial sur la fiscalité ;
– Investir en faveur de la gratuité et l’universalité de services publics comme la santé et l’éducation ;
– Répartir équitablement la charge fiscale, l’allégeant du côté du travail et de la consommation tout en taxant davantage le capital et les richesses ;
– Instaurer un salaire minimum et œuvrer à un salaire décent pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs ;
– Instaurer une législation en faveur de l’égalité salariale et promouvoir des politiques économiques assurant le traitement équitable des femmes ;
– Mettre en place une protection sociale suffisante pour les plus pauvres, notamment la garantie d’un revenu minimum ;
– Adopter l’objectif commun de lutter contre les inégalités à l’échelle internationale.

L’étude publiée aujourd’hui, qui fait suite au lancement de la campagne « À égalité ! » d’Oxfam en octobre dernier, met en lumière la façon dont l’extrême richesse se transmet de génération en génération et le fait que les élites mobilisent leurs ressources considérables pour s’assurer que les règles internationales favorisent leurs intérêts.

Contact

Magali Rubino
Responsable des relations média
mrubino@oxfamfrance.org
01 56 98 24 45  / 06 30 46 66 04

Notes aux rédactions

Le rapport « Insatiable richesse » est disponible en français ici.

– Plus du tiers des 1 645 milliardaires recensés par Forbes ont hérité d’une partie ou de l’ensemble de leur fortune.
– 20 % des milliardaires ont des intérêts dans le secteur de la finance et de l’assurance, et le patrimoine nominal de ce groupe a augmenté de 11 % en douze mois, de mars 2013 à mars 2014. En 2013, ces secteurs avaient dépensé 550 millions de dollars pour faire pression sur les responsables politiques à Washington et à Bruxelles. Rien que pendant les élections américaines de 2012, le secteur financier a financé les campagnes à hauteur de 571 millions de dollars.
– L’ensemble du patrimoine net des milliardaires ayant des intérêts dans le secteur pharmaceutique et de la santé a augmenté de 47 %. Eux aussi avaient dépensé 500 millions de dollars pour faire pression sur les responsables politiques à Washington et à Bruxelles, en 2013. Oxfam craint que la force de lobbying de ces secteurs ne soit un obstacle majeur à la réforme du système fiscal international et n’impose des règles de propriété intellectuelle qui empêchent les plus pauvres d’accéder à des médicaments vitaux.

Les patrimoines des 1 %, 50 %, 80 % et 99 % sont tirés du Global Wealth Datebook (2013 et 2014) publié par Credit Suisse https://www.credit-suisse.com/uk/en/news-and-expertise/research/credit-suisse-research-institute/publications.html La projection du patrimoine des 1 % pour 2016 a été calculée par Oxfam sur la base de ces données.
Le patrimoine des 80 personnes les plus riches a été calculé sur la base de la liste des milliardaires établie par le magazine Forbes http://www.forbes.com/ Données annuelles tirées de la liste publiée en mars.
Credit Suisse a modifié sa méthodologie entre 2013 et 2014. Avec cette nouvelle méthodologie, le chiffre de 85 aurait été 90. Cela signifie que le nombre de milliardaires possédant autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale est passé de 90 à 80 au cours des douze derniers mois.

Mise à jour 21 janvier 2015 : plusieurs sites internet reprennent les arguments d’un blog d’un article décriant notre méthodologie. Bien que regrettant que l’auteur de ce blog n’ai pas pris le temps de prendre contact avec nous, nous avons compilé dans un document les principaux principes de notre méthodologie. Cliquez ici pour voir ce document.