Financement du développement : l’échec d’Addis-Abeba

La conférence sur le financement du développement aurait dû marquer un rééquilibrage des forces, entre pays développés et pays en développement, avec la création de structures et de règles permettant de lutter efficacement contre les inégalités et la pauvreté. Un échec puisque la conférence débouche sur un texte délibérément sans ambition, qui fait la part belle au secteur privé.

« L’espoir était grand au début de ces négociations de voir la Conférence d’Addis-Abeba poser les bases d’un monde plus juste. Il n’en est rien. L’accord intervenu cette nuit maintient un statu quo, qui satisfait les Etats les plus riches et le secteur privé qui voit son rôle renforcé et son action garantie par les pouvoirs publics, sans contrepartie en matière de responsabilité sociale, environnementale et fiscale », déplore Christian Reboul, responsable de plaidoyer financement du développement à Oxfam France, présent à Addis-Abeba.  

Dans les dernières heures, les débats se sont cristallisés autour de la création d’une véritable entité inter-gouvernementale au sein de l’ONU qui traiterait des questions fiscales pour lutter contre l’évasion fiscale. C’était une demande forte de nombreux pays du G77 mais aussi une demande portée très activement par la société civile.

« La lutte contre l’évasion fiscale, phénomène malheureusement universel, méritait un engagement de tous les Etats. Nombre d’Etats de l’OCDE, dont la France, ont bloqués la création d’un organisme fiscal inter-gouvernemental qui aurait permis aux pays développés et en développement de redéfinir sur un pied d’égalité les règles fiscales internationales », regrette Christian Reboul.

« En dépit de conclusions décevantes, les questions fiscales ont été au cœur des discussions. Une prise de conscience globale s’est opérée : la lutte contre l’évasion fiscale, en particulier des multinationales, est un des piliers du financement du développement. La société civile a largement contribué à mettre la justice fiscale au cœur du débat et nous pouvons nous en réjouir », estime Christian Reboul.

Cette conférence ouvrait une séquence politique internationale particulièrement importante qui doit se conclure à Paris avec l’organisation de la COP 21.

« En rejetant l’inclusion dans le texte du principe d’additionnalité des fonds destinés à lutter contre le changement climatique, qui est une demande forte des pays les plus pauvres, les Etats les plus riches, en particulier la France, ont pris le risque d’hypothéquer les  chances de réussite d’un accord Climat en décembre prochain à Paris », alerte Christian Reboul.

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